Ayant un peu de temps à tuer, je me suis assis avec un Perrier une demi heure gare de Lyon.
J'ai dû entendre trois fois une voix sinistre prévenir les voyageurs qu'en cas de fièvre, ou de voyage en zone de grippe A, il convenait de prendre des précautions que j'ai déjà oubliées (se laver
les mains, voter Sarkozy, rester chez soi ?).
Je n'ai pu m'empêcher de penser à Orwell en entendant ces messages dont la diffusion implique :
- que la grippe A est un danger urgent, grave et immédiat ; plus que la connerie, les accidents de la route ou quoi que ce soit ;
- que l'espace public sonore appartient à la SNCF et à l'état qui peuvent choisir d'en faire ce qu'ils veulent, avec l'idée que puisqu'on a des gens sous la main on peut bien en profiter pour les
conscientiser (certes une gare transporte des voyageurs, venant potentiellement de zones infectées, mais je doute que des trains arrivent du Mexique à la gare de Lyon).
S'il y a danger immédiat, il y a les journaux télévisés, les courriers, le courriel, la presse, qui tous peuvent diffuser des messages de précaution précis.
J'ai eu l'impression, toute subjective je l'admets, que ces alertes sonores participaient en réalité d'une conception de la société ou chacun se doit d'être en permanence mobilisé, "attentif
ensemble", vigilant.
Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne me dit rien de bon.