Petit commentaire sur les 9 trillions "égarés" aux USA.

Publié le 04 juillet 2009 par Loïc Abadie

Une video fait un buzz depuis quelques semaines sur internet, vous pouvez consulter une version traduite ici (merci aux lecteurs du blog qui l'ont signalée). Elle affirme notamment que la FED aurait "égaré" plus de 9 trillions (9000 milliards) de $.

Je ne suis évidemment pas adepte des théories du complot, mais comme souvent dans ce type de videos, il y a une part de vérité, et le député Alan Grayson est certainement de bonne foi lorsqu'il pose ses questions à l'inspectrice de la FED.

- Le premier trillion cité par Alan Grayson (1,2 dans la réalité) correspond "simplement" à l'expansion du bilan de la FED, donc à la politique de "quantitative easing" visant à apporter des liquidités aux organismes financiers privés dans l'espoir (à mon avis illusoire) de relancer le crédit.

Evidemment, l'objectif étant ici que les banques prêtent (peu importe à qui et comment !), on comprend que la FED ne soit pas très regardante sur l'utilisation de ses prêts.

- Sur le chiffre plus spectaculaire de 9 trillions (près de 70% du PIB US), ils n'ont très probablement pas été « égarés », et sont encore moins partis dans la poche de je ne sais quelle « organisation occulte ». Il s'agit plutôt d'un total de prêts et de garanties accordés par le système état US / FED (je ne fais aucune différence entre ces deux entités qui représentent pour moi la même chose dans les faits...même si la FED est en théorie privée, dans le monde réel c'est un simple outil de l'état US).

Le chiffre est sans doute issu de cet article de Bloomberg.

Cela signifie que l'état et la FED ont fait des prêts aux organismes financiers en difficulté, mais se sont aussi portés caution pour des géants hypothécaires comme Freddie Mac et Fannie Mae : Une part importante des 9 trillions est donc formée par ces cautions qui ne sont pas (encore) des dépenses (pour le moment !).

Mais la video illustre malgré tout très bien ce qu'on obtient dans une économie où un état omniprésent et fortement interventionniste se mêle de ce qui ne le regarde pas via les politiques keynésiennes qui ont mené au désastre actuel :

Nous sommes arrivés en effet aujourd'hui à une situation où l'état et le système bancaire privé sont unis dans une relation contre nature. L'état s'est servi pendant des décennies des banques et de la FED pour mener à bien ses politiques de fuite en avant et d'expansion incontrôlée du crédit pour obtenir une croissance totalement artificielle et reporter à chaque fois les ennuis à plus tard.

En retour les banques sont aujourd'hui en position de dire à aux élus à la tête de l'état « vous nous soutenez à n'importe quel prix et sans contrôle, faute de quoi le système s'effondrera et vos électeurs vous mettront à la porte ».

L'absence de contrôle sérieux des engagements pris par la FED et par l'état et la déresponsabilisation générale associée (le discours de l'inspectrice de la Fed sur la video en est un bel exemple) est une simple conséquence des politiques keynésiennes et d'un interventionnisme économique qui a totalement déréglé le système.

La mise en place d'un système monétaire à réserve pleine serait la solution pour éviter ce type de problèmes, avec :

- Une monnaie imprimée exclusivement par l'état, elle-même basée sur un étalon que les élus ne pourraient pas gonfler ou manipuler pour satisfaire leurs besoins électoraux de fuite en avant dans le crédit.

- Un système bancaire vraiment privé et sans liens avec l'état, mais n'ayant aucune possibilité de création monétaire (ce qui rendrait l'existence de la FED et des réserves fractionnaires inutile).

Dans un tel système, les banques ne pourraient pas prêter à un tiers l'argent des déposants, sauf accord explicite de leur part (dans ce dernier cas, l'argent prêté serait explicitement débité du compte du déposant, et ne serait plus disponible jusqu'à ce que l'emprunteur l'ait remboursé).

Il y a malheureusement peu de chances pour que nous voyons un tel changement dans les années à venir...Il faudra pour cela que les keynésiens soient allés jusqu'au bout de l'échec de leurs politiques.