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Contes de l'ordi sacré : La mobylette maudite 12

Publié le 04 juillet 2009 par Porky

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EPISODE 12 : Où l'on pénètre sur la pointe des pieds au cœur de l'antre des GPM...

Gudule et le Séide faisaient les fiers mais en réalité, ils n'en menaient pas large. Il faut dire que le couloir aux cadavres momifiés n'avait rien de réjouissant. L'antre des GPM se caractérisait par sa couleur rouge, par une odeur assez insoutenable de putréfaction, de plaies gorgées de pus, d'excréments nauséeux et autres parfums d'une redoutable efficacité pour qui n'a pas l'estomac très solide. De temps en temps, une vague fragrance d'encens venait se mêler à cette puanteur ; c'était peut-être censé rendre l'endroit plus agréable mais l'effet était complètement raté. Gudule, toute championne hors catégorie qu'elle fût dans le domaine du nauséabond et de l'atroce perdit quelque peu sa superbe et le Servile Séide retint à grand-peine d'effroyables nausées. Seul le cochon portier paraissait trouver cet environnement tout à fait normal.

La salle dans laquelle ils pénétrèrent n'était pas très grande ; les colonnes qui soutenaient le plafond étaient bien sûr peintes en rouge et semblaient dégouliner de sang. D'immenses tentures noires couvraient les murs, et une lumière rouge orangé était diffusée aux quatre coins de la salle par une dizaine de flambeaux. Au milieu, posé sur un somptueux tapis, se dressait un magnifique trépied en ébène sur lequel était posée une lampe pourpre en forme de vache. Le cochon portier s'inclina devant la lampe, invita ses deux compagnons à en faire autant. Derrière le trépied, contre le mur, ils remarquèrent tout à coup un énorme trône en onyx noir, auquel on accédait par une volée d'au moins quinze marches ; le trône dominait la salle de plusieurs mètres. Les accoudoirs étaient sertis de diamants, de rubis et de topazes, le dossier était tendu d'un tissu noir brillant, sur lequel était dessiné, en fil d'or et d'argent, le même motif, inlassablement répété : la reproduction exacte de la lampe du trépied. Le siège était recouvert d'un coussin rouge vermillon qui semblait flamboyer et illuminait de ses tons sinistres les alentours du trône. Sur chaque marche, une multitude de flammèches jaunes et rouges dansaient allègrement. L'odeur qui régnait dans la pièce n'avait plus rien de désagréable. Au contraire, le parfum de l'encens, beaucoup plus fort ici, se mêlait à celui des roses et du mimosa. Ce spectacle étonna tellement Gudule qu'elle en resta silencieuse au grand désespoir du Servile Séide qui la crut devenue tout à coup muette.

« Tu ne dis rien, ô ma douce adorée ? » chuchota-t-il et Gudule, ne pouvant articuler un son, se contenta de lui écraser un pied du talon de sa chaussure.

« Inclinez-vous une fois encore devant la lampe », ordonna le cochon. « Sommes-nous face à Son Excellence ? demanda Le Séide en obéissant. Est-ce lui la lumière des GPM ? » Le cochon n'eut pas l'air content du tout. « Arrête de dire des stupidités, Séide ! Son Excellence n'est pas une lumière, loin de là ! Son Excellence est un caribou tout ce qu'il y a de plus caribou. La lampe n'est que le vecteur sacré qui nous permettra de le joindre quand il le désirera. » « Ah ! fit Gudule qui avait retrouvé sa langue. Et quand va-t-il le désirer ? » Le cochon eut un grand geste d'ignorance. « Va savoir ! Dans cinq, dix minutes, ou dans dix, vingt, cent ou mille ans ! Tu es pressée ? » « Mon Maître, le Caribou Fou, m'attend et j'ai peur qu'il ne s'impatiente si je ne suis pas revenue dans quelques siècles. » « Qu'importe le temps ici ? grogna le cochon. Nous sommes tous aux ordres de Son Excellence, toi et ton Maître comme les autres. Agenouille-toi devant la lampe, abîme-toi en oraisons et attends ! » Il dressa tout à coup les oreilles. « Ah zut ! On a encore frappé ! J'en ai marre de ces visites, je ne peux pas faire mon boulot correctement ! » « Et c'est quoi, ton boulot, chère grillade ? demanda Gudule que le ton de leur guide avait fortement indisposée. Balayer le couloir, peut-être ? » « Ca ne te regarde pas, sorcière nullissime ! Restez ici, psalmodiez vos prières et ne touchez pas à la Lampe sinon vous ne ressortirez pas vivants.  D'ailleurs, ça m'étonnerait que Son Excellence vous fasse grâce, même si vous restez tranquilles. Il adore expédier les visiteurs au centre de la terre. » Et le cochon portier disparut d'un pas léger. Le servile séide, à genoux, commença à suer à grosses gouttes. « Ma Gudule bien-aimée, nous ne reverrons plus la lumière du jour, ni toi ni moi. Ah, quelle tristesse ! » Et il se mit à sangloter. « Tu m'énerves, Séide ! dit Gudule en le frappant du tranchant de la main. Cesse de pleurer et prie ! Nous sommes loin d'avoir perdu la partie, fais-moi confiance ! » « Hélas ! » gémit le pauvre Séide et il pleurait en psalmodiant -ou psalmodiait en pleurant, comme le lecteur voudra.

(Gudule et le Séide sortiront-il vivants de leur entrevue avec Son Excellence ? Arriveront-il d'ailleurs à ne pas claquer d'ennui avant d'être reçus ? Son Excellence est-elle si atroce que l'affirme le cochon portier ? Et nos amis, qu'est-ce qu'ils fichent ? Sont-ce eux qui ont frappé à la porte ? A suivre...)


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