Aujourd’hui va s »élancer la 106e édition du Tour de France, la plus grande course cycliste au monde. A n’en pas douter, les spectateurs seront encore une fois très nombreux à se masser sur les bords des routes pour admirer la caravane et ses champions. L’attrait des Français et des téléspectateurs du monde entier pour la Grande Boucle comme l’appellent les spécialistes s’explique par plusieurs facteurs mais cette passion se distingue par une formidable résistance faces aux menaces en tous genres. Cet été « impair » ne verra pas se tenir de Jeux Olympiques ni de Coupe du Monde de Football, l’horloge du sport s’arrêtera donc sur les pentes du Tour de France. Délits d’Opinion revient sur cette particularité culturelle française et tente d’identifier les ressorts du succès du plus grand événement itinérant au monde.
Un rendez-vous culturel
Le Tour de France a plus de cent ans et chaque été l’histoire se répète: les fans, les touristes et les amoureux du vélo se donnent rendez-vous le long des routes pour « vivre le Tour ». Le passage des coureurs se résume parfois à quelques secondes mais l’expérience est fascinante. Les quelque trois millions de supporters qui se massent sur les trottoirs et au milieu des champs profitent de ce spectacle sportif, le seul qui demeure aujourd’hui encore gratuit! Pendant trois semaines les Français de tous horizons redécouvrent le pays, ses richesses et se passionnent pour un sport populaire que beaucoup pratiquent. En effet, selon une étude Ipsos pour l’Observatoire du sport, 20,7 millions déclarent faire du vélo et trois pratiquants sur dix le font chaque semaine, 36%, plusieurs fois par mois, et 82,3% des Français le pratique en vacances.
Qu’ils soient cyclistes confirmés, sportifs, aventurier ou juste curieux, les Français partagent donc une même passion pour cette course: 21% des Français estiment que c’est l’événement sportif le plus intéressant. Enfin, 2007, 52% des Français déclaraient aimer le Tour de France selon l’Ifop, preuve de leur attachement pour cet événement incomparable.
Un jugement très sévère des Français à l’égard des tricheurs…
L’analyse du sentiment des Français à l’encontre de cette course cycliste révèle plusieurs choses, y compris lorsque le scandale jeta l’opprobre sur les coureurs, la course et le cyclisme en général. Depuis 1996 aucun vainqueur ne peut affirmer qu’il est propre sans s’attirer les foudres ou les sarcasmes des observateurs. De la mort du pirate Marco Pantani en passant par les aveux de Bjarne Riis, vainqueur en 1996 jusqu’aux remises en cause des sept victoires d’Armstrong, le Tour survit et renaît de ses cendres chaque année, porté par une force populaire que les sondages mettent en lumière.En effet, si les Français trouvent inadmissible que le sport puisse être sujet à des pratiques comme le dopage, ils ne souhaitent pourtant pas remettre en cause la légitimité de cette course qui les fait chavirer chaque année. Comme le démontre cette enquête, même au plus fort de la contestation (affaire Festina, sept équipes exclues du Tour, étapes boycottées par les coureurs), les spectateurs soutiennent les cyclistes car pour eux ces derniers ne sont pas les vrais responsables (5%) de ces dérives, à l’inverse des médecins (32%) et des sponsors (20%).
…Mais une fidélité jamais remise en cause
Malgré l’acharnement médiatique autour du peloton et l’ombre omniprésente des démons du dopage, les spectateurs soutiennent le Tour qui doit se poursuivre. Pourtant, le dopage n’est pas le seul problème du Tour de France. Comme l’indique l’enquête de l’Ifop préalablement citée, l’achat des courses et la suspicion autour des victoires sont autant de boulets que doivent traîner les organisateurs d’ASO et le peloton tout entier.
Cette année le plateau semble plus que jamais relevé après 3 ans de transition quelque peu mouvementés. Mais le retour d’Armstrong sur ses terres a déchaîné les passions des média depuis quatre mois n’a semble-t-il pas affecté plus que cela l’opinion publique: 91% des Français affirment ainsi qu’ils ne sont pas plus intéressés du fait du retour du champion américain. Les nombreux champions cités par les Français connaisseurs de cyclisme (Armstrong, Contador, Sastre, Evans…) indiquent une soif toujours plus grande de voir s’affronter ces géants sur les 3 500 km du parcours.
L’histoire d’amour qui lie les Français au Tour de France semble faire partie du notre patrimoine génétique national au même titre que la baguette, le vin et les grêves. Malgré les tempêtes et les remises en cause que la course a dû essuyé, la course écrira une nouvelle ligne de son histoire dès ce week-end à Monaco…Cette persévérance est un formidable encouragement pour les coureurs propres et les organisateurs de compétitions sportives. L’opinion l’a dit « que le Tour vive » attend alors en route…