J’ai profité de la fête du cinéma pour m’extraire de mon blog et des salles d’art et essai que je fréquente d’habitude. Premier dans la série des films à 3€ : Good morning England (traduction française de The Boat that Rocked).
Il m’a réconcilié avec la musique de la fin des années 60. Replacée dans lecontexte de l’époque, j’ai compris qu’elle était le signal d’une libération d’un monde rigide, pesant, et constipé. Ce film a quelque chose d’ethnologique : il montre à quel point la musique est liée à la société ; la culture d’un peuple évolue, et chaque étape de l’évolution à ses états d’âme et la musique qui les traduits.
Plus intéressant, pour moi, est ce qu’il ne dit pas, ou que l’on entraperçoit à peine. Les radios pirates, son sujet, ne vivaient que grâce à la publicité. De même que les missionnaires et les explorateurs ont été les précurseurs de l’arrivée des forces coloniales occidentales, de même les gentils héros du film, les groupes de rock et de pop qu’ils défendent, amènent dans leurs bagages la publicité - propagande moderne, celle qui nous fait à l’image de la production de nos usines. C’est d’ailleurs pour cela que je n’aime pas cette musique de mon enfance, elle est associée aux radios privées, qui matraquaient ses chansons, et à la publicité qui allait avec.
C’est peut-être le paradoxe de 68 : victoire d’un individualisme forcené qui a amené avec lui le « big business », la victoire du tout marché, qui est aujourd’hui en crise.