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L’engin roulant le plus difforme ayant croisé mon champ de vision

Publié le 04 juillet 2009 par Le Détracteur

Je ne suis pas un gars de voiture, et je n’y connais pas grand chose à ce chapitre. Cependant, j’ai des yeux, et ils réagissent assez efficacement aux stimulis, même si je suis reconnu pour être un indécrottable auditif. Bref, je sais me servir de mes yeux.

Or, il s’avère que, malgré ma passivité immuable pour l’apparence extérieur des automobiles, j’ai quand même un Top 3 de voitures que je trouve laides au point de vouloir volontairement me priver de ma vue. Comme par exemple en délogeant mes globe oculaires de leurs orbites à l’aide d’une cuiller à crème-glacée.

Voici donc les nominés que vous attendez tous!

Le PT Cruiser de Chrysler

PT Cruiser de l'espace
Depuis la mise en marché du PT Cruiser par Chrysler en 2000, j’avais d’ores et déjà un Top 1 du véhicule que je détestais le plus zieuter. Et avouez qu’il y a de quoi! Mon paternel a un ami qui avait loué un PT Cruiser dès sa sortie pour faire un petit voyage aux États-Unis. Les gens, sur l’autoroute, le regardaient comme s’il venait directement de la ceinture externe des anneaux de Saturne.

Longtemps ai-je songé à me confectionner un écriteau contenant la mention « Ton char est laid»  que je pourrais garder dans ma voiture et brandir à la première occasion. Mais c’est le genre de plan que j’aime bien ruminer sans appliquer. Les réactions des gens concernés sont beaucoup plus amusantes dans mon imaginaire.

Le PT Cruiser, que je me plaisais à appeler « Corbillard Sport» , a longtemps siégé seul au sommet de mon Top 1 du véhicule le plus laid.

Le Hummer de General Motors

Hummer viril comme un fer à friser
Cette abomination est pour moi, vous vous en doutez bien, aussi dégoutante par ce qu’elle représente que par son design. Le Hummer, cette pompe à pénis de toute une nation, a pris du temps pour parvenir en ces terres, mais il y est arrivé.

Il semble que les Hummers ne puissent appartenir qu’à deux types de propriétaires : la patron riche, et l’entreprise aux moeurs biscornues.

Le patron riche, celui que je croisais souvent le matin, se rend au boulot au volant de son char d’assaut, cigare au bec (Oui oui, le matin! Je l’ai vu!). Il profite de son altitude pour admirer la circulation à des kilomètres de distance. Et il est heureux, lui, d’être dans la circulation. Il peut imposer la vue de son surplus sa testostérone métallique à volonté, et en plus, il n’arrive jamais en retard au boulot : c’est lui le patron.

Lorsque je travaillais au centre-ville, je croisais régulièrement un ou deux Hummers qui étaient stationnés ici ou là. Je me suis toujours dit que si, par chance, un patron oubliait de fermer une fenêtre, je me ferais une joie d’humecter son siège de spoliateur d’une généreuse quantité d’urine. Malheureusement, je n’en ai jamais eu la chance, et de toute façon, comment j’aurais fait, moi, pour escalader assez haut pour pouvoir pisser à l’intérieur?

Les autres occasions où nous pouvons admirer la majesté empirique du Hummer, c’est dans les stationnements de petites entreprises. Contrairement à celui des patrons, ce spécimen-ci appartient plutôt à une entreprise, gérée par trois ou quatre ahuris qui se sont lancé en affaires. La PME n’a que rarement pignon sur rue, et profite du gabarit du Hummer pour se faire de la publicité. Le dit véhicule porte normalement le logo et les couleurs de l’entreprise, et paraît aussi dans le compte de dépense de la compagnie.

Les employés du commerce en question sont ravis de se passer d’assurances et autres avantages sociaux, puisqu’ils peuvent à l’occasion se laisser chatouiller le fessier par le ronronnement du monstre.

- Patron, je voudrais vous parler de cette augmentation de salaire que vous m’aviez promis pour mes 5 ans de loyaux services
- Tais-toi et viens faire un tour de Hummer, ça vaudra pour les 5 prochaines années. Tu pourras même te commander de la bouffe au service à l’auto d’un restaurant. Mais attention hein, ne gonfle pas ton trio! Y’a des limites à être bonasse…

La Cube de Nissan

Ça, c’est ma dernière trouvaille. Elle a propulsé les deux autres dans l’oubli, le néant.

Nissan Cube, véhicule imposteur et hideux
Mon premier contact avec cette chimère, que je soupçonne de provenir directement des Carpathes, fut soudain, troublant et douloureux. Je venais de prendre ma douche, de m’habiller et de me brosser les dents, m’enlignant routinièrement pour aller au boulot. Je sors dehors, et là, j’aperçois ce que j’apprendrai plus tard être une Nissan Cube stationnée devant ma porte.

Une porte neuve, toute blanche! Mon propriétaire l’a fait installer l’été dernier! Quel désastre! Si j’avais pris le temps de déjeûner, j’aurais probablement renvoyé mes Mini Wheats. Je me sentais sale, souillé, impur! J’ai fait le tour de cette hérésie visuelle, je suis monté dans ma propre voiture, dépité, et j’ai tourné la clé en pleurant d’incompréhension.

C’est laid, c’est laid, c’est laid! C’est le summum du mauvais goût, le quintessence de l’infâmie, l’apothéose de la turpitude, le nec plus ultra de la difformité automobile.

Il est ÉVIDENT que la Nissan Cube est le résultat de la nostalgie morbide, additionné d’un délire stylistique, multiplié par la simplicité volontaire conceptuelle imposée par la crise économique actuelle.

Le vénérable camion de boulanger...
Je veux dire par là que les « inventeurs»  (si on peut les appeler ainsi… le scientifique fou dans Frankenstein était aussi inventeur…) de la Nissan Cube aspiraient visiblement à recréer un camion de boulanger du siècle dernier, tout en s’inspirant des tapisseries brunes et oranges des années 60, mais en n’ayant pas les moyens d’acheter des courbes. Avez-vous le prix des courbes ces derniers temps? Ce n’est plus achetable, des courbes!

Maintenant, chaque soir, quand je rentre chez moi, j’ai peur. J’accélère dans les ruelles, je tente de me dissimuler derrière branches et buissons. Je prends un air nonchalant et décontracté. Mais tous les jours, mes craintes prennent vie. Tous les jours, la Nissan Cube pénètre mon champ de vision. J’en fais des cauchemars, presque toutes les nuits. Mais je me dis qu’être aveugle serait sans doute pire. Imaginez vous ce que ce doit être de devoir y toucher pour la regarder…?

PS : Au cas ou vous auriez des doutes, ce billet n’a absolument pas été subventionné par le Dictionnaire des synonymes de l’Université de Caen.


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