Damien Jalet c'est ce corps puissant, félin, ce mouvement explosif que j'avais remarqué dans "D'avant". Il est venu cette semaine présenter son triptyque "Three Spells". Bon j'avoue, c'est aussi le nom de Cherkaoui, en bas de l'afffiche qui m'a interpellé. "En collaboration avec" disaient-ils... J'y ai couru. La publicité n'était pas mensongère, juste un peu disproportionnée. Jalet n'a pas plus "zusammen arbeiter" avec Cherkaoui - qui a co-signé la chorégraphie du dernier duo -, qu'avec Alexandra Gilbert ou le metteur en sons Christian Fennesz. On n'a qu'à pas être assiThree Spells donc se danse à deux en trois parties. D'un côté Alexandra Sanchez étonnante d'élasticité, femme poupée aux dimensions liliputiennes. De l'autre Damien Jalet, qui se fait danseur et chorégraphe. On y explore l'animalité des êtres, le fantastique, le mythe, la naissance et la mort. Et puis on s'y ennuie aussi. Le premier solo avait pourtant fixé une atmosphère tendue, une gestuelle étrange. Empêtrée dans une fourrure blanche (magnifique - le créateur Jun Takahashi est un magicien), une créature magique - Venus in fur - fait sa mue. La peau frémissante s'agite de mouvements grâcieux. La femme là-dessous aspire à la renaissance. Comme Athena sortie de la cuisse de Jupiter, la peau se déchire pour laisser apparaitre deux jambes nues écartées sur le monde. Enfantement spasmodique, déchirure magnifique. La femme est là fragile, voilée de noir. Sur des airs orientaux la femme se lève mi-nue, mi-voilée. Tout aussi animale, la deuxième pièce sent le mâle et la puissance. Mi-homme, mi-cerf, Jalet joue des cornes, s'ébroue dans des mouvements lourds et sauvages. Le danseur a trouvé incarnation à sa taille. Mais la mise en scène pêche par son manque de justesse. Les jeux d'ombre chinoises sont beaucoup moins clairs que dans le premier tableau, les mouvements trop répétitifs, l'espace un peu vide, l'exploration un peu veine. L'habillage sonore omniprésent souligne beaucoup trop cet état de nature. Autant le dire, la musique était insupportable, aussi prétentieuse que formatée. Le duo final achève cette impression de banalité. "Aleko" est un beau morceau dramatique, un mélange de civilisation poussée (celle du Japon, celle de la Russie de Pouchkine) et de sauvagerie. Alexandra Sanchez joue avec des faux cheveux démesurés. L'artifice est bien trouvé, mais ne nous parle de rien d'autre. Elle s'y emmêle, s'y perd, s'y pend. Jalet en rajoute dans la torture. Ces cheveux m'agacent un peu, me dégoûtent même. Bref on a du mal à se laisser prendre par ce duo trop travaillé. L'ultime danse de Jalet autour de la belle morte semble ne jamais finir. Et pourtant Three Spells n'aura duré que 55 minutes.
Damien Jalet c'est ce corps puissant, félin, ce mouvement explosif que j'avais remarqué dans "D'avant". Il est venu cette semaine présenter son triptyque "Three Spells". Bon j'avoue, c'est aussi le nom de Cherkaoui, en bas de l'afffiche qui m'a interpellé. "En collaboration avec" disaient-ils... J'y ai couru. La publicité n'était pas mensongère, juste un peu disproportionnée. Jalet n'a pas plus "zusammen arbeiter" avec Cherkaoui - qui a co-signé la chorégraphie du dernier duo -, qu'avec Alexandra Gilbert ou le metteur en sons Christian Fennesz. On n'a qu'à pas être assiThree Spells donc se danse à deux en trois parties. D'un côté Alexandra Sanchez étonnante d'élasticité, femme poupée aux dimensions liliputiennes. De l'autre Damien Jalet, qui se fait danseur et chorégraphe. On y explore l'animalité des êtres, le fantastique, le mythe, la naissance et la mort. Et puis on s'y ennuie aussi. Le premier solo avait pourtant fixé une atmosphère tendue, une gestuelle étrange. Empêtrée dans une fourrure blanche (magnifique - le créateur Jun Takahashi est un magicien), une créature magique - Venus in fur - fait sa mue. La peau frémissante s'agite de mouvements grâcieux. La femme là-dessous aspire à la renaissance. Comme Athena sortie de la cuisse de Jupiter, la peau se déchire pour laisser apparaitre deux jambes nues écartées sur le monde. Enfantement spasmodique, déchirure magnifique. La femme est là fragile, voilée de noir. Sur des airs orientaux la femme se lève mi-nue, mi-voilée. Tout aussi animale, la deuxième pièce sent le mâle et la puissance. Mi-homme, mi-cerf, Jalet joue des cornes, s'ébroue dans des mouvements lourds et sauvages. Le danseur a trouvé incarnation à sa taille. Mais la mise en scène pêche par son manque de justesse. Les jeux d'ombre chinoises sont beaucoup moins clairs que dans le premier tableau, les mouvements trop répétitifs, l'espace un peu vide, l'exploration un peu veine. L'habillage sonore omniprésent souligne beaucoup trop cet état de nature. Autant le dire, la musique était insupportable, aussi prétentieuse que formatée. Le duo final achève cette impression de banalité. "Aleko" est un beau morceau dramatique, un mélange de civilisation poussée (celle du Japon, celle de la Russie de Pouchkine) et de sauvagerie. Alexandra Sanchez joue avec des faux cheveux démesurés. L'artifice est bien trouvé, mais ne nous parle de rien d'autre. Elle s'y emmêle, s'y perd, s'y pend. Jalet en rajoute dans la torture. Ces cheveux m'agacent un peu, me dégoûtent même. Bref on a du mal à se laisser prendre par ce duo trop travaillé. L'ultime danse de Jalet autour de la belle morte semble ne jamais finir. Et pourtant Three Spells n'aura duré que 55 minutes.