Petit passage pour discuter d’un sujet qui me tient à cœur et qui m’apparaît comme crucial dans notre société aujourd’hui. La question des prisons. Car dans le discours de Versailles, Nicolas Sarkozy semble découvrir un problème : « L’Etat de nos prisons est une honte pour notre République ».
En entendant cette phrase une interrogation m’a taraudé. Qui depuis 2002 en tant que ministre de l’intérieur puis depuis 2007 en tant que président de la République a fait en sorte qu’il y ait toujours plus d’incarcérations, toujours plus de peines de prison ferme et moins de peines alternatives ?
Le même qui dénonce aujourd’hui la vétusté des prisons. Etonnante incohérence. La politique de sécurité et la surpopulation carcérale ne peuvent pourtant pas être dissociés. La façon dont une société traite ses délinquants et fait en sorte qu’ils puissent ou pas se réinsérer influe tant sur l’état des prisons que sur le rôle que l’on entend assigner à la peine pénale. Or la lecture, d’une enquête de l’Express cette semaine sur les difficultés qui surgissent l’été dans une prison donne envie de questionner sur ce que l’on attend de la prison.
Imagine-t-on qu’elle est le lieu de privation de liberté au sein duquel on expie son erreur ou considère-t-on qu’elle doit punir mais aussi permettre de se « réparer » pour pouvoir repartir ensuite et devenir un maillon nouveau de la société ?
Utopisme ? Pas vraiment, en tout cas, ma conviction profonde, et celle de beaucoup d’autres gens, est que nous aurons beau dénoncer la vétusté des établissements et la surpopulation carcérale, ces problèmes ne pourront pas être résolus tant que nous ne prendrons pas le temps de discuter du rôle que la société entend assigner à ses prisons. Comme la gauche l’a porté autrefois avec la peine de mort.
Je discutais ce week-end avec une amie chargée d’une mission autour des prisons actuellement. Elle visite beaucoup d’établissements pénitentiaires en ce moment et dit prendre « la mesure du problème énorme » que constitue la question carcérale. Car me dit-elle « même si beaucoup d’initiatives et de choses sont faîtes pour favoriser la réinsertion et prendre en compte le détenu en tant qu’homme, il reste des traitements inhumains, et un vrai risque de récidive du fait de la surpopulation, et de la façon dont sont finalement considérés les détenus à leur sortie ». Je me suis alors souvenu d’une longue discussion avec un directeur de centre de rétention lors de ma scolarité au CFJ qui faisait le même constat.
Tous les détracteurs de ces approches « humanistes » nous expliquent que la prison c’est un « 4 étoiles et qu’en plus les prisonniers ont la télévision ». Bêtise affligeante. Croit-on vraiment que de pouvoir regarder la télévision est un luxe ? Le seul contact avec le monde que ces hommes et femmes ont en prison se fait grâce à
la télévision. Ce média où l’insignifiance est reine et où les bouffons sont rois.
Et une question, à mes yeux s’impose, peut-on traiter le prisonnier en homme avec la politique pénale telle qu’elle existe actuellement ? Peut-on réellement l’aider à s’en sortir avec les analyses qui sont faîtes des causes de la délinquance aujourd’hui ?