On est les champions on est les champions ! Eh oui, la France a gagné la Coupe des Nations d'Aix-la-Chapelle ! Pour mon dernier gros déplacement de ce premier semestre où je n'aurais pas été souvent chez moi, c'est bingo ! Si vous n'êtes pas spécialistes de dada, vous avez peut-être un peu de mal à imaginer ce que ça représente. Si je vous dis que c'est comme si Patrick Vernay gagnait l'Ironman d'Hawaii, là, je suis sûr que ça vous parle déjà davantage ! C'est juste un grand moment de sport. Un grand moment qui permet de se sentir privilégié quand on y assiste. J'avais déjà vécu ça lors de la victoire du relais français de ski de fond sur la Coupe du monde de La Clusaz en 2004. On se dit alors dans ces moments là qu'on a vécu un moment de l'histoire du sport français.
Professionnellement, j'adore aussi ces soirées de boulot où l'adrénaline grimpe au plafond et que les circonstances vous obligent à bosser vite, très vite, très très vite. ça me rappelle ma période à la rubrique foot où l'exigence en terme d'efficacité est de loin la plus grande du journal. ça me rappelle aussi les Jeux olympiques d'Athènes où, à 23h30 (bouclage une heure plus tard), je devais écrire 4500 signes sur le Portugais Obikwelu en finale du 100m alors que dix minutes avant je ne le connaissais même pas, ou 4000 signes en 15' sur l'Américain champion olympique de la perche. Jeudi, on était très proche de ça.
Et donc nos Bleus ont gagné. Deux semaines après un succès à Rotterdam, ils ont remis ça. En conf de presse, c'était assez jouissif de voir nos cavaliers (Pénélope Leprévost, Thimothée Anciaume, Kevin Staut et Roger-Yves Bost) ainsi que le sélectionneurLaurent Elias, s'installer sur l'estrade principale avec à leur droite les Allemands et à leur gauche les Néerlandais ! Entendre Ehning, ou plutôt M. Ehning dire plein de bien de la France, franchement, c'est trop la classe ! Bon par contre, à part Kevin, pour parler anglais faudra revoir ça... parce que derrière le micro, Allemands et Hollandais nous ont mis minables... Pas grave car la démonstration réalisée sur la piste fut en revanche exceptionnelle. Double sans faute pour Pénélope et Thimothée qui participaient pour la première fois à ce rendez-vous mythique, une seule faute pour Kevin et Bosty qui assure un sans faute décisif dans la seconde manche. Total final des Bleus sachant que l'on retire le plus mauvais score de chaque manche : zéro point ! Juste une démonstration.
Il y a encore quelques mois quelques pyromanes s'apprêtaient à sortir le napalm en cas de difficultés. Les voilà bien en peine. La France, en jouant la carte jeune (Pénélope, Tim et Kevin ont moins de 30 ans) a su rebondir après deux années très difficiles (non qualifications aux Jeux et relégation en Ligue 2). Pas question de s'enflammer car le rendez-vous majeur de la saison ce sont les Championnats d'Europe de Windsor, fin août. Mais apprécions tout de même pleinement cette jolie Marseillaise, ici à Aix-la-Chapelle, ici où l'histoire du saut d'obstacles s'écrit depuis plus d'un siècle.
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Ci-dessous, je vous glisse le papier paru jeudi dans L'Equipe en présentation du concours. L'idée était de montrer à nos lecteurs le parcours d'un cheval à travers l'exemple de Jubilée d'Ouilly, la jument de Pénélope Leprévost déjà passée entre les mains de plusieurs cavaliers. Le papier était accompagné de l'avis de Pierre Durand, notre champion olympique 88 avec le célèbre Jappeloup.
Si les footballeurs changent souvent de club, les chevaux passent également sous la selle de plusieurs cavaliers au cours de leur carrière.
AIX-LA-CHAPELLE – (ALL), de notre envoyé spécial,
Pas toujours aisé pour un cavalier de tomber sur le bon cheval. Et vice-versa. Au gré des transactions et des contrats entre propriétaires et cavaliers, un cheval de saut connaît souvent plusieurs pilotes au cours de sa carrière. La notion de couple est pourtant une des clés de la réussite au plus haut niveau. Il y a deux semaines, à Rotterdam, au terme d’un barrage parfaitement mené, le tandem Pénélope Leprévost - Jubilée d’Ouilly offrait la première victoire des Bleus par équipes depuis plus de trois ans. Après plusieurs changements de cavalier, la jument de douze ans semble avoir déniché avec la jeune Pénélope (vingt-neuf ans), aujourd’hui 28e mondiale, la partenaire idéale. Et vice-versa. Devant plus de 50 000 spectateurs, les deux " dames " découvriront ce soir le faste d’une Coupe des Nations à Aix-la-Chapelle, le temple du saut. Un rendez-vous majeur dans la carrière déjà riche de Jubilée.
1er avril 1997, la naissance
Fille de Palestro II, quatrième par équipes des Jeux de Barcelone en 1992 sous la selle de l’Espagnol Cayetano Martinez de Irujo et de Gardenia, présélectionnée olympique elle aussi pour l’Espagne et l’une des meilleures lignées maternelles au monde, Jubilée naît dans les écuries d’Alexandra et François-Xavier Lebon, à Ouilly-du Houley (Calvados). " La naissance d’un cheval, ce n’est que de l’espoir, confie la propriétaire. Nous avons toujours élevé dans le but de la compétition avec une démarche très professionnelle. Ce qui nous intéresse c’est l’amélioration de la génétique et pas de décorer la pelouse. Sinon on achète des nains de jardin ! En saut, le chemin est très long puisque que gestation comprise (11 mois), ce n’est qu’après 13 ans que nous commençons à récolter quelques fruits. "
2000-octobre 2007, l’apprentissage
Pour le débourrage (le premier dressage) à deux ou trois ans, puis les premières compétitions à quatre ans (" l’école maternelle ", explique Mme Lebon), Jubilée est confiée à Aymeric de Ponnat. Avec succès. En 2007, trois semaines après une place de vice-champion de France, il remporte le prestigieux Grand Prix du CSIO***** d’Hickstead le 29 juillet. " Jubilée est une jument très sensible, très attachante et qui a toujours été très douée, se souvient Ponnat. Toutes les étapes de cette formation sont importantes pour avoir un cheval qui a ensuite envie de sauter haut. " Un différend entre propriétaires et cavalier met fin au duo. " C’est comme si on vous coupait les deux jambes et que vous deviez réapprendre à marcher, compare le pilote de retour seulement maintenant dans les grands concours. C’était un cheval qui me tenait à cœur, une jument d’exception qui devrait gagner un grand événement. "
Octobre 2007, la parenthèse australienne
Dans l’optique des épreuves olympiques de Hongkong, l’Australienne Edwina Alexander, compagne du Néerlandais Jan Tops, l’un des plus grands marchands de chevaux au monde, jette son dévolu sur Jubilée. Les premières impressions sont positives. " Je suis vraiment enchantée, le cheval est très gentil, elle est vraiment respectueuse, très sensible ", se réjouit la cavalière suite au premier contact. L’expérience fait pourtant long feu. " C’est un épisode anecdotique, commente Alexandra Lebon. Cela ne s’inscrivait pas dans le long terme. Mais on a eu du mal à dire non. Ça a finalement duré cinq semaines car c’était une équitation de contrainte et de domination qui ne correspondait pas à notre philosophie. Or, quand on n’est pas à l’écoute, le physique du cheval ne suit pas. "
Revenu des écuries d’Alexander, il est d’abord envisagé de confier la jument à Eugénie Angot. C’est finalement Pénélope Leprévost qui en hérite. Avec Michel Robert comme entraîneur, elle va faire de Jubilée un pilier de l’équipe de France. " On a d’abord dû tout reprendre à zéro, explique Pénélope. La jument avait formé un couple avec Aymeric puis était partie chez Edwina où toutes ses habitudes avaient été changées. Elles ne s’étaient pas entendues. Jubilée avait perdu ses repères. Il a fallu lui faire reprendre confiance. Ça a pris plusieurs mois avant qu’elle ne me donne à 100%. Ensuite tout s’est enchaîné assez vite. " Et l’osmose semble aujourd’hui évidente. " Jubilée est une jument atypique, précise la cavalière. C’est toute une méthode. Je commence à la connaître par cœur et je sais comment la faire travailler. Elle a des ressources incroyables et n’est jamais fatiguée jusqu’au dernier obstacle. Cette énergie est parfois dure à gérer. Elle me pompe beaucoup d’énergie dans la concentration car je n’ai pas le droit à la moindre erreur. "
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PIERRE DURAND
, champion olympique avec Jappeloup en 1988 est un fervent défenseur de la notion de couple.Plus de vingt ans après leur médaille d’or olympique de Séoul, Pierre Durand et Jappeloup, demeurent aujourd’hui encore la référence du couple cavalier-cheval. Un film destiné au grand écran et retraçant leur histoire est d’ailleurs en cours d’écriture. Directeur de l’INSEP, organisateur des prochains championnats d’Europe juniors et jeunes cavaliers au Haras de Jardy en 2010, Durand revient sur sa relation avec son cheval et sur l’importance de la complicité entre l’homme et l’animal.
" Au départ, quand le propriétaire m’a proposé Jappeloup, je n’étais pas emballé par ce cheval alors âgé de cinq ans. Il était le fruit d’un croisement de race un peu particulier entre un trotteur et une mère pur-sang. Son petit gabarit (1,58m) était aussi atypique. A mon époque, nous avions reçu un enseignement d’origine militaire basé sur le rapport de force et sur la domination. Il y avait un pilote et le cheval n’était que l’instrument. On ne le valorisait pas. On ne raisonnait pas en terme de couple. Jappeloup était rebelle à l’autorité et m’a vite fait comprendre que cette approche ne fonctionnerait pas. Je me suis donc attaché à le comprendre. Notre histoire, inscrite sur dix années de succès, a finalement bouleversé l’approche de tout ça et a été fondatrice d’autre chose. Il doit y avoir une écoute quasi tactile avec le cheval. Ça doit être une relation affective, sentimentale. Ce changement explique aussi la réussite actuelle des cavalières car elles se sont inscrites dans cette idée de fuir le rapport de force. Elles ont moins de scrupules à entrer dans cette relation sentimentale contrairement à un cavalier qui a peur de se faire gausser… Quand il s’agit d’une cavalière, ça semble plus naturel. Mais c’est pourtant ce que le cheval attend.
Aujourd’hui, à quelques exceptions près comme Meredith Michaels-Beerbaum et Shutterfly, les couples n’ont plus le temps de se former car c’est souvent l’aspect commercial qui prévaut. Les chevaux sont aussi plus sollicités qu’autrefois et les carrières plus courtes. La confiance doit être totale sinon on ne peut pas prétendre à de grands résultats surtout dans des championnats où ça se joue sur des détails. Il faut créer une symbiose. Mais ça s’obtient sur la durée. Et ça peut parfois être long, très très long. "- P.G.-B.
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Gros espoir également chez les filles avec Jessica Harrison. Seule la Portugaise Vanessa Fernandes semble en théorie au-dessus. Pour le reste, Jess, actuellement troisème au championnat du monde, a largement les moyens d'aller chercher la breloque... Allez les Bleus ! Et si les bonnes ondes d'Aix-la-Chapelle traversaient la frontière...