Les enquêteurs français ont exclu jeudi l’hypothèse d’une dislocation en vol de l’Airbus A330 d’Air France accidenté le 1er juin, sans pouvoir élucider les causes du crash, le rôle des sondes Pitot, mesurant la vitesse, suscitant toujours des interrogations.
“L’avion n’a pas été détruit en vol”, a déclaré Alain Bouillard, responsable de l’enquête du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA), lors d’une conférence de presse présentant un premier rapport. Il a ainsi balayé l’hypothèse qui avait circulé dans de nombreux médias brésiliens et français d’une dislocation ou d’une explosion dans les airs de l’appareil entre Rio et Paris.
Parmi les 640 débris de l’avion récupéré, le BEA n’a repéré aucune trace d’incendie, ni d’explosif. “L’avion paraît avoir heurté la surface de l’eau en ligne de vol avec une forte accélération verticale”, a ajouté M. Bouillard.
Cela signifie que l’appareil a touché la surface de l’eau avec “le dessous du fuselage”. La forte accélération verticale pourrait être la conséquence de l’impact de l’appareil avec la surface de l’eau.
Le fait que la dérive soit toujours fixée à la structure de l’avion et qu’elle ait été retrouvée au milieu des autres débris confirmerait qu’elle n’a pas cassé en vol. “L’avion est arrivé entier au moment de l’impact”, a dit M. Bouillard.
Aucun gilet de sauvetage gonflé n’a été retrouvé. “Ce qui montre que visiblement les passagers n’étaient pas préparés à un amerrissage”, a-t-il ajouté.
A propos des “sondes Pitot”, le BEA a affirmé que leur dysfonctionnement – comme le laissent supposer les messages de pannes envoyés par l’avion – pouvait constituer un élément d’explication, mais qu’à ce stade rien ne permettait de les considérer comme à l’origine de la catastrophe. Ces sondes, fabriquées par le français Thales, ont été mises en cause par deux syndicats de pilotes d’Air France peu après l’accident, ce qui a conduit la compagnie à accélérer le remplacement d’un ancien modèle de sondes par un modèle plus récent.
Priés de dire si l’on pouvait continuer de voler en toute confiance sur les Airbus A330 et A340 – un avion un plus gros mais fabriqué sur le même modèle -, les enquêteurs ont déclaré qu’ils voyageaient sur ces appareils.
Le BEA a une nouvelle fois déploré ne pas disposer du résultat des autopsies pratiquées au Brésil sur les corps retrouvés (51 au total) et auxquelles sont associés des gendarmes français. “On a présenté des demandes pour les obtenir”, a-t-il dit, estimant que l’absence des autopsies pouvait les ralentir dans leur travail.
Les enquêteurs ont annoncé prolonger jusqu’au 10 juillet leurs recherches acoustiques des balises des boîtes noires, déterminantes pour expliquer l’accident. Ces enregistreurs de vol se trouvent très probablement entre 3.000 et 3.500 mètres de profondeur au milieu d’un relief accidenté, ce qui ne rend pas la tâche facile.
Du 14 juillet au 15 août, ils pratiqueront des recherches par exploration systématique par sondage, ont-ils précisé. Le navire d’exploration sous-marine “Pourquoi pas” conduira ces recherches à partir des véhicules de plongée et d’un sonar remorqué.
Dans son rapport, le BEA a également relevé une défaillance de communication entre les centres de contrôle aériens brésilien et sénégalais en charge de l’avion, ce qui a retardé, selon eux, le déclenchement des recherches d’une heure ou deux.
Les enquêteurs ont aussi indiqué qu’ils publieraient un second rapport intermédiaire, sans pouvoir donner de date.
Consulter le rapprot du BEA : www.bea.aero
AFP