Tancrède a quitté les lourdes intrigues de la cour de Palerme pour se trouver empêtré dans les passions sourdes qui explosent avec une violence barbare dans cette Sicile métissée d’Arabes, de Lombards, d’Orientaux et de Normands. La droiture des uns est étrangère aux mœurs des autres et la voie du Christ n’est pas la justice de certains. Le jeune homme, tout neuf seigneur, aura fort à faire pour se concilier ses gens, louvoyer en politique parmi ses pairs et ne pas se laisser trop entraîner par ses sens.
L’intrigue est palpitante, menée avec art tout au long des chapitres, et fouette le sang. Il y a de la passion, des tortures et du cœur. La Bête, tapie dans l’ombre, sera-t-elle punie de ses forfaits ? La lâcheté des seigneurs sera-t-elle rachetée par l’inflexibilité du Prieur ? Les philtres d’amour auront-ils raison de la droiture d’esprit et de l’indépendance normande de Tancrède ? Ce roman bien écrit vous le dira, tout en vous instruisant avec humanité sur les façons du temps.
Viviane Moore, Le sang des ombres, 2008, 10/18, 319 pages, 7.5€