Magazine

Saint Augustin, Sermon sur les morts spirituels (5)

Publié le 02 juillet 2009 par Walterman
5. Ces trois mots désignent trois espèces de pécheurs, ressuscités par le Christ, maintenant encore. La fille du chef de Synagogue était restée dans la maison de son père, elle n'en avait pas encore été tirée ni emportée publiquement, C'est dans l'intérieur de la demeure qu'elle fut ressuscitée et rendue vivante à ses parents. Quant au jeune homme, il n'était plus dans sa maison, et pourtant il n'était pas encore dans le tombeau; il avait quitté le foyer, mais il n'était pas encore déposé dans la terre; et la même puissance qui avait ressuscité la jeune fille encore sur son lit, ressuscita ce jeune homme qu'on avait sorti du, sien, sans l'avoir encore Inhumé. Une troisième chose restait à faire, c'était de ressusciter un mort dans le tombeau: Jésus fit ce miracle sur Lazare.
Venons à l'application. Il y a des hommes qui ont le péché dans le coeur, quoiqu'il ne paraisse pas encore dans leur conduite. Ainsi quelqu'un ressent un mouvement de convoitise; et comme le Seigneur dit lui-même: «Quiconque aura - 431 - regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l'adultère dans son coeur (Mt 5,28);» quoique le corps ne l'ait pas approchée, dès que le coeur consent au crime, il est mort; mais ce mort reste encore dans sa demeure, et on ne l'a point emporté. Or, il arrive quelquefois, nous le savons et plusieurs l'expérimentent chaque jour, que ce mort soit frappé en entendant la parole de Dieu, comme si le Seigneur lui disait en personne Lève-toi. Il condamne alors le consentement qu'il a donné au mal, et ne respire plus que salut et justice. C'est le mort qui ressuscite dans sa demeure, c'est un coeur qui recouvre la vie dans le sanctuaire de sa conscience, et cette résurrection de l'âme qui s'opère en secret, se produit en quelque sorte au foyer domestique.
Il en est d'autres qui après avoir consenti au mal l'accomplissent. Ne dirait-on pas qu'ils emportent un mort, et qu'ils montrent en public ce qui était dans le secret? Faut-il, toutefois, désespérer d'eux? Mais ce jeune homme n'a-t-il pas aussi entendu cette parole: «Lève-toi, je te le commande?» N'a-t-il pas, lui aussi, été rendu à sa mère? C'est ainsi que même après avoir commis le crime, on ressuscite à la voix du Christ, ou revient à la vie, lorsqu'on se laisse toucher et ébranler par la parole de vérité. On a pu faire un pas de plus vers l'abîme, mais on ne saurait périr éternellement.
Il en est enfin qui en taisant le mal s'enchaînent dans des habitudes perverses; ces habitudes ne leur laissent déjà plus voir la malice de leurs actes; ils justifient le mal qu'ils font, et s'irritent quand on les reprend, comme ces Sodomites qui répondaient au juste, censeur, de leurs dispositions trop perverses: «Tu es venu chercher ici un asile, et non pas nous donner des lois (Gn 19,9).» Tel était donc le honteux empire de la coutume, que la débauche leur paraissait vertu et qu'en la leur interdisant on était plutôt blâmé qu'en s'y abandonnant. Ceux qui sont ainsi accablés sous le poids de la coutume, sont déjà comme inhumes; il y a plus, mes frères, on peut même dire d'eux, comme de Lazare, que déjà ils sentent mauvais. La pierre qui pèse sur le sépulcre est comme la tyrannie, de l'habitude qui pèse sur l'âme, sans lui permettre, ni de se relever, ni de respirer.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Walterman 1547 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte