Quelques années après son mariage, Satoru Shiraishi abandonne, sans crier gare, sans un mot d’ailleurs, le domicile conjugal et l’affaire commune de bains publics. Son épouse Kanae Sekiguchi se retrouve seule à faire fonctionner les bains Tsuki No Yu jusqu’à l’arrivée providentielle d’Hori, un beau jeune homme assez ténébreux, envoyé par le Syndicat pour l’aider. Se représente enfin Saburo Tajima, un vieil homme excentrique qui s’immisce dans ses affaires. Malgré son courage et son entourage, la jeune femme ne peut se résoudre à la disparition de son époux et finit par accepter le conseil d’une amie d’engager un détective privé Michio Yamazaki au comportement étrange.
L’histoire pose de nombreuses interrogations et tourne autour des relations entre Kanae et ces quatre hommes dans une société japonaise traditionnelle qui épie tous ses faits et gestes et ne se gêne pas pour laisser planer de lourds silences et de nombreux sous-entendus, terme qui pourrait être la traduction du titre. Est-il convenable pour une femme seule d’héberger son jeune employé ? Qu’a-t-elle bien pu faire pour que son mari la quitte ainsi ? L’auteur plonge dans l’intimité du couple et déshabille, décortique la psychologie et les souffrances de l’héroïne et des autres personnages. La tension dramatique se fait ressentir progressivement. Finalement, l’histoire est touchante parce qu’elle campe des personnages crédibles dans une enquête qui va de surprise en surprise. Le dessin sobre, précis et expressif, dans la tradition de Jirô Taniguchi, traduit parfaitement les intentions de l’auteur, assure à la lecture sa fluidité et découvre une autre facette du Japon.
Le manga de l’année.