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Fusion police-gendarmerie, “Terra Nova”/”Blogdudemocrate”

Publié le 02 juillet 2009 par Soseki

Le site « Terra Nova » (1), proche du PS et notamment de M. Rocard, dénonce la fusion de la police et de la gendarmerie. Très bien, nous avons moult fois abordé ce sujet dans nos pages.
Les arguments de « Terra Nova » sont de qualités. Toutefois, ceux-ci se cantonnent à une logique interne, hexagonale, je dirais même, policière.

Qu’il y ait mutualisation des moyens et des missions en matière de police est concevable. Mais cela n’intervient que dans certaines missions de la gendarmerie : la départementale, les unités de recherche, la judiciaire. Les différents textes et budgets (perte de moyens d’intervention et de postes) renforcent la mutualisation qui, effectivement, aboutira, et c’est la volonté présidentielle, à une fusion.

Ce qui fonde la gendarmerie, c’est sa mission de « pacification ».

« Terra Nova » l’aborde mais en le frôlant. La gendarmerie est en effet le dernier rempart, militaire, de notre République. Elle a une mission de « police militaire » qui l’impose. La mission de maintien de l’ordre en découle donc. Et cette mission de maintien de l’ordre par la gendarmerie est d’autant plus utile que celle-ci étant un corps militaire, la discipline, si nécessaire dans ce genre de mission, permet la « maîtrise ». La fusion sur ce plan est aussi une erreur puisque les coûts ultérieurs révèleront la nécessité du cadre militaire abandonné.
Mais encore une fois, ce n’est pas le coeur, la « substantifique moelle ».

La mission de pacification s’incarne sur les terrains extérieurs. C’est alors que la gendarmerie, par la « mobile », révèle son utilité supérieure. La mission de pacification réside dans le maintien de l’ordre, lutte contre la guérilla et autre groupement de civils, enquêtes, dans une zone dite « grise ».
La « zone grise » est un territoire où l’Etat est absent, où des groupes politiques, religieux, délinquants (parfois même tout cela est fusionné), tentent d’imposer leur force. Cette « zone grise » est occupe de civils. Nous ne sommes donc pas dans une situation claire, belliqueuse, amenant à l’intervention de forces de combat. Une unité de combat s’adapte difficilement à une situation ambigüe telle que la zone grise, exigeant une retenue, un contrôle, une mission de « police » particulière. Les Américains s’en sont suffisamment rendu-compte.
Israël, par exemple, conduit ou a conduit des missions de guerre au Sud-Liban ou en Palestine, alors qu’il s’agit d’une nécessité de pacification. Cette erreur stratégique alimente la dégradation de la situation. Ce qui peut laisser penser que le choix de la paix n’est pas fait…

Après la période de combat, avec des moyens et des troupes dont les Américains disposent, l’emploi de personnels tels que les gendarmes est vital pour « pacifier » la zone. Son absence explique souvent les échecs sur le long-terme.
Il est même des situations où des territoires ne sont pas en conflit mais demeurent en « zone grise » et là encore, la gendarmerie apporte tout son savoir-faire. Ce genre de missions est devenu le plus fréquent et récurrent, sur les terrains extérieurs (Afghanistan, Irak, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Tchad, République Démocratique du Congo, Soudan, Côte-d’Ivoire, etc.). Avoir une arme de pacification est donc décisif pour un pays qui souhaite « exister ».
Savoir-faire reconnu puisque nombre d’Etats envoient des personnels se faire former à Melun.

Savoir-faire formateur pour ces gendarmes qui par la suite, se retrouvent dans des missions en France. L’expérience de ce genre de situation apprend au gendarme un sens du contact et du contrôle avec les civils, avec des groupes civils hostiles, notamment dans le cadre de violences urbaines, décisif.

La fusion police-gendarmerie est donc une erreur stratégique dramatique, un contre-sens. La mutualisation concernant certaines missions est à la fois concevable et nécessaire (police judiciaire sur le territoire français). Elle ne doit en aucun cas voir disparaître notre force de pacification, au risque de voir la France s’enfoncer à la fois dans l’inutilité internationale et accroître ses limites sur le plan national.

(1) www.tnova.fr


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