Constat n°1 : ça fait du bien de prendre du temps pour lire un gros pavé des familles. Vous me direz, ça fait deux à la suite et certains qui vont suivre ne manquent pas de volume non plus.
Constat n°2 : on lit ici ou là, notamment chez ce cher Henri dont j'adore parcourir les avis, qu'il y en a marre de tous ces ouvrages gargantuesques assortis de suites à rallonge. C'est vrai, il m'arrive de le penser aussi. Mais...
Constat n°3: Il m'arrive de raconter n'importe quoi et je suis bien obligé de me confronter à ma mauvaise foi ou bien sûr, à mon ignorance. Voilà, c'est dit, profitez-en, je ne ferai pas ça à chaque fois. C'est bien beau de se cacher derrière un costume, c'est sûr, on affirme des choses, on est même cinglant parfois, sous prétexte qu'on n'a pas aimé un livre. On taille dans le vif, on lacère à coups de mots, ça fait du bien. Après tout, on lit, on se sent lésé, on le dit, alors forcément, notre parole dépasse parfois notre pensée (mais pas toujours, quand même ; je veux bien faire un mea culpa mais sur certains titres je suis prêt à persister et à signer : je vous entends déjà scander : des noms ! Des noms ! Enfin, scander, non, vous n'êtes peut-être pas assez nombreux pour ça...).
Tout ça pour dire, qu'on est parfois assis sur notre quant à soi et que ça ne fait pas trop de mal d'être remis à notre place... par un livre.
Souvenez-vous, au mois de novembre dernier, je vous parlais du dernier livre de Dan Simmons, Terreur. Je faisais une courte allusion à la froideur des personnages d'un certain Stephen Baxter ainsi qu'à l'encensement un peu étrange dont il était l'objet. Pour ce faire je m'étais appuyé sur Voyage, pour lequel je conservais un avis mitigé, et sur Poussière de lune qui m'était tombé des mains.
Et voilà qu'en rangeant le premier tome des Enfants de la destinée à la médiathèque, je me mets à en parcourir les premières pages.
Je suis venu m'installer à Amalfi. Je ne peux pas supporter, pas encore, l'idée de retourner en Angleterre, et je trouve cet endroit apaisant après l'étrange multitude dans laquelle j'ai été plongé à Rome.
Alors là, j'ai bien été obligé d'admettre que la force de ce « je », son ambiguïté, sa fragilité aussi, m'ont remis les idées en place.
George Poole est informaticien à Londres. Il est divorcé. Sa soeur avec qui il entretient des rapports conflictuels vit aux Etats-Unis. Au moment où débute cette histoire, son père vient de mourir et c'est donc à lui qu'incombe la douloureuse tâche de faire le ménage. S'en acquittant, il découvre l'existence d'une sœur jumelle, Rosa, que ses parents auraient envoyé à l'Ordre de Sainte Marie Reine des Vierges alors qu'il avait trois ans. Une sœur dont il n'a gardé aucun souvenir et qu'il espère bien retrouver.
Ainsi résumée l'histoire, on pourrait se demander où se trouve l'effet science-fictif. Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler. La quatrième de couverture en disait déjà trop.
On suit George dans sa quête. En parallèle, on assiste à l'éclosion de cet Ordre de Sainte Marie des Vierges alors que l'Empire romain entame son déclin (on oublie bien vite les quelques invraisemblances – je ne savais pas, par exemple, que la poste existait à cette époque, et encore moins les préservatifs. On comprend l'intention de l'auteur mais ça surprend à la lecture, et non, il ne s'agit pas d'une histoire de voyage dans le temps.).
A sa manière, Stephen Baxter revisite le mythe de la Caverne, met dans la balance le poids de l'individu avec celui de l'humanité et observe position et évolution de l'un et de l'autre dans des contextes spécifiques. C'est tout simplement prenant.
Constat n°4: j'embarque bientôt pour le tome 2.Constat n°5: je m'arrête là... pour aujourd'hui.
Les Enfants de la destinée. Tome 1, Coalescence / Stephen Baxter, traduit de l'anglais par Dominique Haas, Pocket, 730 p.