Regardez, en peu de temps, il y a eu entre autres Land of the dead, Dance of the dead, Shawn of the dead (difficile de faire sans le mot dead, naturellement), Zombie la cavale des morts, World War Z accompagné de son extension, Guide de survie en territoire zombie, sans oublier une étude récente sur cette culture ne datant tout de même pas d’hier, Zombies, un livre à la couverture... poignante.
Un horizon de cendres s’inscrit dans cette mouvance et le résultat est plutôt réussi. N’ayant jamais été porté sur le phénomène des morts-vivants, je me suis demandé ce qui m’avait poussé vers cette lecture. La couverture de l’édition de poche dans un premier temps – du coup n’hésitez pas à répondre au petit sondage qui m’a été soufflé par cette constatation – et, naturellement, le résumé. Un résumé accrocheur, non dénué d'humour, comme si vous y étiez. Une tonalité que l'on se plaît à retrouver au début du livre. Oubliées les frayeurs enfantines occasionnées à la seule vision des affiches de cinéma d'un autre temps ! A travers le journal du héros de cette histoire, les zombies ne paraissent pas vraiment méchants. Au contraire, il sont même un brin lourdauds. D'accord, ils sont sales, ils ne sentent pas bon, mais on leur donnerait presque le bon dieu sans confession. Et s'ils deviennent un brin collants, il suffit de les réduire en miettes, à coups de hache ou tout autre ustensile tranchant à disposition. Pour les armes à feu, il faut prévoir la cartouchière, ils sont du genre coriaces. Mais ça ne mange pas de pain et, de toute manière, ils se reconstituent peu de temps après. Même ces braves gens de la télé ne s'y sont pas trompés, ils ont su profiter du filon – étonnant, non ? - en faisant revenir les défunts célèbres sur leurs plateaux. De la télé-réalité comme on n'osait pas l'espérer.
L'ambiance change du tout au tout lorsque ces chers morts-vivants, en plus de grossir leurs rangs (même le narrateur n'ose pas s'aventurer sur un calcul aussi vertigineux) entreprennent de muter en mangeant la cervelle d'animaux. Un début sur l'échelle de l'évolution du zombie... Le décor devient alors apocalyptique. L'Horizon de cendres est là, bien là. De la grisaille plein la tête où le lecteur devient assiste à la vie en communauté de quelques hommes et femmes, bien déterminés à survivre.
Le narrateur ne se pose pas d'incessantes questions sur le pourquoi du comment d'une telle invasion. Il n'en a pas le temps. C'est là sans doute aussi, l'une des forces de ce roman où le lecteur se trouve, avec le héros, emporté par la spirale folle d'un monde en déliquescence. Un renouveau pas pire qu'un autre ? C'est en tout cas l'une des questions posée ouvertement par ce livre, signé comme un constat d'échec de l'humanité, incapable de vivre sans détruire. Une tendance chez certains auteurs actuels. Mais comme on dit, ceci est une autre histoire, et j'aurai l'occasion d'y revenir.
Un Horizon de cendres, Jean-Pierre Andrevon, Pocket (Science-fiction), 242 p.