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Le Ministre peut-il encore longtemps repousser des révisions déchirantes quand la France emprunte 1 milliard d'euros par jour notamment pour ne pas regarder en face des révisions sociales incontournables à terme ?
La croissance des dépenses de protection sociale, les déséquilibres financiers répétés de la sécurité sociale, les plans successifs des pouvoirs publics sont autant de facettes d'une seule et même question qui consiste à déterminer comment il est possible d'assurer la protection sociale aujourd'hui.
Une sorte de crise structurelle semble affecter les institutions de protection sociale.
Des ajustements périodiques ont lieu. Pour autant, ils ne produisent pas les effets attendus laissant entendre que ces plans ne sont pas à même de s'attaquer aux problèmes de fond.
Cette situation donne le sentiment que les pouvoirs publics, même au-delà des mots utilisés de rigueur et de courage, n'agissent pas de façon suffisamment cohérente et efficace pour tourner réellement la page des difficultés.
Cette situation donne le sentiment d'une sorte de fuite en avant de décideurs effrayés par l'ampleur et par la difficulté des mesures concrètes permettant de changer réellement les choses.
De ce dernier sentiment se dégage une impression que l'avenir inéluctable de la protection sociale est mis en cause.
C'est donc l'ensemble des fonctions remplies par les institutions de protection sociale qui devraient être mis à plat afin d'analyser les nouveaux défis et rebâtir de nouveaux dispositifs.
Pour toutes ces raisons, il y a aujourd'hui un débat qui semble se situer entre deux approches.
Les uns considèrent qu'il est nécessaire de modifier à la marge le dispositif actuel.
Tandis que d'autres appellent à une réflexion bien plus profonde sur le sens réel de la protection sociale.
C'est un vieux débat qui a été ouvert sur des bases assez comparables aux actuelles dés le débuts de 1987 lorsque Philippe Séguin, actuel Président de la Cour des Comptes, ouvrait des états généraux de la sécurité sociale.
Il devait mettre en évidence à cette époque une multitude de difficultés qui n'ont pas été réglées plus de 20 ans plus tard :
- une architecture compliquée,
- une autonomie encadrée,
- des compétences trop imbriquées,
- des charges indues.
La clarification des missions, celle des responsabilités ne peuvent réellement intervenir qu'en remettant en cause les structures mêmes de la protection sociale.
Dans ce cadre, il faut donc dépasser l'affirmation de grands principes pour traiter des clarifications majeures dont :
- le rôle du Parlement qui est amené à fixer les conditions financières de l'effort social de la nation,
- le nombre et les caractéristiques de chacun des régimes,
…
Notre protection sociale est d'abord victime d'une crise d'identité.
Il n'y a plus de dilemme entre protection sociale bis ou protection
sociale plus.
Les réformes à venir doivent être d'une toute autre ampleur. Plus elles tarderont, plus cette ampleur grandira. Combien de temps encore l'actuel Gouvernement peut-il repousser les révisions déchirantes ?