Délit de faciès dans la police
Il a fallu un rapport "scientifique" pour étayer un constat jusqu'à présent partial et partiel: la police française pratiquerait à grande échelle des «contrôles au faciès». Ce sont des chercheurs du CNRS qui le disent. Ils ont réalisé un sondage : 500 observations du travail policier à Paris sur quelques sites fréquentés (gare du Nord, Châtelet-les-Halles), entre octobre 2007 et mai 2008. Le rapport a été livré mardi 30 juin. Les policiers sont-ils responsables ? On leur demande de faire du chiffre, et surtout en matière d'expulsion. Amnesty international avait déjà fustigé, en avril dernier, l'impunité dont jouit la police française.
"Sur les cinq sites parisiens étudiés (dans et autour de la gare du Nord et de la station Châtelet-Les Halles), les personnes perçues comme 'arabes' ont été 7 fois plus contrôlées que ceux perçus comme 'blancs'. A la station Châtelet, la probabilité de contrôle des 'Noirs' est, elle, 11 fois et demie plus grande que celle des 'Blancs'. L'enquête confirme donc le jeu des stéréotypes sociaux et raciaux: 'En l'absence de quelque stratégie policière légitime qui l'expliquerait, le comportement de la police française dans ces cinq emplacements peut être assimilé au profilage racial.'" (source)Ironie du sort, l'actualité nous rappelait cette autre vérité de la France de Sarkozy : les policiers s'attirent également régulièrement les cailloux. Henri Guaino, le conseiller très spécial de Nicolas Sarkozy, s'était glissé dans une voiture de police en patrouille à Montfermeil; ça le change de l'Elysée. Henri Guaino a besoin de terrain. Il n'est pas élu après tout. Le voici donc, lundi 29 juin dernier, dans un véhicule de la BAC. Et boum ! une pluie de cailloux ! Henri Guaino a pu mesurer l'échec du discours sécuritaire de son patron depuis 2002. Le délit de faciès joue désormais dans les deux sens, et à plein !
Contrôle de Police 1
par Mediapart
Délit de faciès contre les bandes
Il paraît évident que la récente loi sur les bandes ne fera qu'aggraver la césure entre la police (y compris de proximité) et les cités. L'Assemblée Nationale a adopté cette fameuse loi "anti-bandes". Un dispositif inutile, basé sur le soupçon plutôt que le constat. Les polices de France pourront prochainement appréhendés des groupes de jeunes sur la base de quelques soupçons. Répression inutile.
Délit de racolage
A peine en vigueur, la réduction de la TVA dans la restauration (de 19,6% à 5,5%) a donné des idées à Xavier Bertrand: envoyer un message d'encouragement à quelques 120 000 de restaurateurs, gentiment accompagné d'un bulletin d'adhésion à l'UMP. Imaginez la réaction de l'UMP si le Parti Socialiste au pouvoir avait écrit aux salariés des grandes entreprises un courrier similaire après l'adoption des 35 heures... «TVA à 5,5%, engagement pris, promesse tenue», voici le slogan du courrier UMP. Faudrait-il rappeler que cette baisse de la TVA n'est accompagnée d'aucune contre-partie en matière d'embauche ou de salaires ? Bizarrement, l'UMP n'a pas écrit aux cuistots (clandestins ?) ni aux serveurs...
Délit de précarité
Depuis le 30 juin, quelques 30 000 auxiliaires et d'emplois de vie scolaire ont vu leur contrat (aidé) s'arrêté. L'Education Nationale réalise ainsi, en quelques jours, le plus important plan social de France de la crise. Les témoignages sont éloquents. Luc Chatel, à peine arrivé à l'Education, vit l'enfer. Ses services ont fait savoir que 18 000 de ces contrats seraient renouvelés. Restent donc 12 000 nouveaux chômeurs... Une pécadille ? "Certains des 30 000 contrats sont renouvelables : 18 000, et ils seront renouvelés, a déclaré Luc Chatel à l'Assemblée nationale, mardi. Dominique Thoby, secrétaire nationale du Syndicat des enseignants (SE-UNSA) a rapidement dénoncé l'arnaque : Luc Chatel "confond les AVS (auxiliaires de vie scolaire, qui accompagnent exclusivement des élèves handicapés), dont le contrat de droit public peut en effet durer six ans maximum, et les EVS (Emplois Vie Scolaire") qui restent en poste 36 mois au maximum. Aujourd'hui, ce sont bien 30 000 EVS dont le contrat s'achève".
Délit de mauvaise foi
Libération a cru bon de prendre quelques précaution: mardi 30 juin, le quotidien a accusé Eric Besson, le ministre de l'Identité Nationale, de mauvaise foi et non de mensonge. Pourtant, mensonge il y a bien bien. Un Guinéen passe prochainement en jugement pour "travail dissimulé" ET pour aide au séjour illégale. Eric Besson pratique l'amalgame. Les organisations humanitaires qui soutiennent les sans-papiers, selon lui, se trompent, mentent, falsifient. Le pauvre ministre a dû se plonger dans la lecture d'une récente note de la Copur des Comptes. cette dernière s'interroge sur l'utilisation optimale des deniers de l'Etat, suite à la décision prise alors par Brice Hortefeux, puis défendue par Eric Besson de segmenter entre plusieurs organisations l'aide aux sans-papiers dans les centres de rétention: "La démarche du ministère appelle trois remarques au regard de l'utilisation optimale de l'argent public". primo, selon la Cour, "le choix de l'allotissement géographique (en clair la division de la France en huit lots affectés chacun à une seule association, ndlr) censé améliorer l'efficacité de la dépense, n'a pas fait l'objet d'une analyse détaillée préalable de ses coûts et de ses avantages au regard des objectifs fixés". Deuxio, , "il est incertain qu'un dispositif éclaté entre plusieurs intervenants par grandes régions puisse être plus efficace et moins coûteux qu'un dispositif national, dès lors qu'il est réellement souhaité conserver une vision d'ensemble sur les conditions d'assistance juridique et garantir qu'un retenu qui changerait de CRA bénéficie d'une continuité dans l'aide juridique apportée". Tertio, "sur le plan budgétaire, la Cour n'est pas convaincue par les arguments donnés par le ministère de l'Immigration pour justifier le choix d'un dispositif d'allotissement géographique, de préférence à d'autres modalités pratiques, en vue d'assurer une diversité des personnes morales intervenantes".
Pour vous le dire autrement, Eric Besson gâche l'argent public. On savait déjà que l'expulsion d'un sans-papier coûtait quelques 21 000 euros, sans compter les aides au retour inutiles (car "ils" reviennent !)
La messe est dite.
Droite incompétente