La clinique de médecine de l'adolescence du CHU Sainte-Justine accueille de plus en plus de jeunes souffrant de symptômes liés au stress tels que de violents maux de ventre ou de dos.
Le Dr Jean-Yves Frappier, spécialiste de la médecine de l'adolescence depuis plus de 30 ans, remarque que les jeunes d'aujourd'hui vivent plus de stress que les jeunes des années 70. Les adolescents qu'il rencontre à la clinique souffrent de troubles somatophobes ou somatophobie, qui signifient étymologiquement « la haine du corps ».
Trouver l'origine de son malaise
Les jeunes qui se présentent au CHU de Sainte-Justine manifestent des maux de ventre ou de dos qui les empêchent de fonctionner. Certains sont même momentanément paralysés. « Ils sont incapables de se tenir debout sur leur jambe », souligne le Dr Frappier. Ces graves symptômes d'anxiété ont souvent une origine bien précise note-t-il. « Dans certains cas, le seul fait de discuter avec un membre de notre équipe interdisciplinaire permet de trouver un fait marquant à l'origine du malaise. Ça peut être un traumatisme à l'école ou un évènement qui a semblé, sur le coup, sans conséquence. »
Le stress à l'adolescence est un phénomène normal. La plupart des jeunes ont des symptômes légers, mais lorsque les patients se rendent au Centre hospitalier universitaire mère-enfant, ils représentent habituellement des cas plus graves. Heureusement, le Dr Frappier constate que le traitement du stress s'avère, la plupart du temps, rapide et efficace. Dès que l'origine du malaise est identifiée, les jeunes se sentent immédiatement mieux et leur état de santé s'améliore.
Le Dr Jean-Yves Frappier explique que certaines jeunes ont peur que le médecin pense qu'ils sont fous. Au contraire dit-il. « Ces jeunes sont comme les réservoirs en amont des barrages hydroélectriques. Pour une raison ou pour une autre, ils n'arrivaient pas à exprimer leur personnalité. Trouver le moyen d'ouvrir les vannes peut être très salutaire. »
Une forte pression sur la jeunesse
Les deux tiers des jeunes patients de passage à la clinique de médecine de l'adolescence du CHU sont touchés par des maladies sociales, c'est-à-dire qu'ils sont aux pris avec des problèmes de santé liés au stress, à la toxicomanie, à la maltraitance, ou à des troubles alimentaires. « Je crois que notre monde productif en demande beaucoup aux gens. Les jeunes n'y échappent pas. La pression est très forte pour réussir, à l'école autant que sur le marché du travail », explique le spécialiste.
Les jeunes peuvent vivent du stress pour une foule de raisons allant de la période d'examens de fin d'année à une rupture amoureuse ou à des problèmes d'ordre familial. Aucun jeune n'est à l'abri de la détresse psychologique. Selon le Dr Frappier, le problème est que la plupart d'entre eux sont incapables de nommer le concept. « Un adolescent ne dira pas: "Je suis stressé ces temps-ci". Son corps va parler plutôt pour lui. »
L'adolescent, le médecin et les parents
Le Dr Frappier ne peut régler tous les maux des jeunes qui lui rendent visite, mais tente, lorsque cela est possible, de coordonner ses efforts avec ceux des parents afin que les ados aient le meilleur soutien possible pour surmonter leur période de stress intense. « L'adolescence est un moment déterminant dans la formation de l'identité. Le défi de l'adolescent consiste à trouver qui il est et ce qu'il veut. Il veut se distinguer de ses parents, mais ceux-ci demeurent des références majeures. Il veut cesser d'être un enfant, mais il exprime encore de nombreuses insécurités. Ses peurs se révèlent parfois dans la régression. »
Le Dr Frappier assure un travail personnalisé auprès de chaque jeune en tentant de stimuler son potentiel, mais il avoue que lorsque la situation familiale est complexe et que les parents ne l'appuient pas, cela devient très difficile d'intervenir. « Lorsque les parents ne collaborent pas, c'est comme si l'on devait intervenir avec les bras et les jambes coupés », illustre-t-il.
Des moyens pour vaincre les stress
Le stress et l'anxiété peuvent être surmontés de différentes façons selon chaque individu. Le sport, l'activité physique, la méditation ou encore des loisirs comme la peinture ou le jardinage sont autant de façons de passer à travers une période stressante. Le sport, l'activité physique, la méditation ou encore des loisirs comme la peinture ou le jardinage sont autant de façons de passer à travers une période stressante.
Le saviez-vous?
Le stress éprouvé par les enfants pauvres ou qui subissent des sévices, contrairement à celui subi par les adolescents ou les adultes, peut être contrebalancé parce que leur cerveau a encore la capacité de s'adapter. Pour qu'un adulte ait des dommages permanents au cerveau lié au stress il lui en aura fallu beaucoup plus qu'un enfant, mais une fois que cela survient, le cerveau de l'adulte est moins capable de se réparer.
Par Marie-Hélène Poirier, (servicevie.com)
Bonne journée,
Marie claude