P. Frédéric Manns OFM, L’Année saint Paul à Jérusalem

Publié le 01 juillet 2009 par Walterman

Jérusalem (Agence Fides) – Ce n’est pas facile de faire des statistiques et encore plus de les interpréter. Le Roi David fut puni par Dieu parce qu’il voulait faire le recensement de son peuple. Dieu est le maître de l’histoire. Mais les hommes aiment faire les comptes pour se sentir en paix avec leur conscience. Ils adorent les chiffres et ainsi se sentent important, comme dit le Petit Prince.



L’Eglise locale de Jérusalem, à dire vrai, préfère Pierre à Paul. Malgré tout, elle s’est occupée de quelques célébrations à l’occasion de l’Année Saint Paul. Une Eucharistie œcuménique, présidée par les évêques de l’assemblée des Ordinaires, a rassemblé des religieux et religieuses ainsi que tous les étudiants des centres bibliques dans la Basilique Saint Etienne en novembre 2008. Ce fut un moment de dialogue important, car Jérusalem a besoin de ponts plutôt que de murs, à tous les niveaux. La Custodia de Terre Sainte a organisé une exposition artistique sur saint Paul au centre d’information chrétien, près de la porte de Jaffa. L’inauguration de cette exposition a été l’occasion de présenter différents aspects de la personnalité de l’Apôtre des Gentils, en particulier l’attitude de Paul envers les femmes, un thème qui en Orient intéresse beaucoup les hommes. La semaine de réflexion théologique organisée chaque année par l’Ecole biblique franciscaine après Pâques avait comme thème la théologie de saint Paul. Les religieuses, comme d’habitude, occupaient toutes les places.

Plusieurs professeurs des centres bibliques de Jérusalem ont été invités aux congrès sur saint Paul célébrés dans le monde : au Pérou, à Damas en Syrie, à Valence… Des articles et des livres ont été écrits pour diffuser le message de l’Apôtre. L’un d’eux a même guidé la croisière sur les lieux de saint Paul organisée par les Pères Assomptionnistes en Méditerranée.

A Chypre, qui fait partie du diocèse de Jérusalem, un pèlerinage à Paphos (Pafo) a permis à la communauté locale et à la communauté internationale d’évoquer le passage de Paul sur l’île. Les religieuses ont ensuite visité le monastère et sont allées sur la tombe de Barnabé qui se trouve dans la partie turque : trop souvent en effet on sépare Paul de ses compagnons de mission. Paul, sans Barnabé, originaire de Chypre, n’aurait pu organiser son premier voyage missionnaire.

Le programme de la conclusion officielle de l’Année saint Paul prévoit que le Cardinal Walter Kasper présidera plusieurs célébrations à Jérusalem. Le 29 juin le chant des Vêpres solennelles rassemblera les fidèles dans la basilique Saint Etienne. Le lieu du martyre d’Etienne rappellera à tous la présence de Saül qui approuvait la lapidation du diacre. Le 30 juin une messe sera célébrée à Césarée maritime, où l’apôtre resta deux ans avant de partir à Rome. Les évêques et prêtres qui commenceront une retraite inter rituelle accompagneront le Cardinal Kasper. En soirée, à Akko-Ptolemaide, où l’Apôtre est passé après son troisième voyage, une liturgie de la parole sera célébrée à trois endroits: dans l’Eglise maronite, dans l’Eglise melchite, et dans l’Eglise latine. Le Cardinal donnera sa bénédiction face à la mer.

J’ai eu la chance d’assister à l’ouverture œcuménique de l’Année saint Paul à Tarse et à Antioche, le 29 juin de l’année dernière. Une petite communauté locale témoigne sur cette terre difficile de sa foi en le Christ ressuscité. Ni l’église de Tarse ni la grotte d’Antioche n’appartiennent à l’Eglise. Ces églises sont des musées. J’aurai la chance d’accompagner un groupe international d’étudiants pour la fermeture de l’Année Saint Paul au mois de juin. Pouvoir célébrer l’Eucharistie, faire mémoire de la mort et de la résurrection du Seigneur et rappeler le don de l’Esprit, qui donne un dynamisme missionnaire à l’Eglise, est une grande chance.

Du 10 au 16 juin Jérusalem organise un festival de lumière, éclairant divers points de la ville de façon exceptionnelle. L’initiative ne vient pas de l’Eglise locale, mais de la mairie de Jérusalem. Les murailles de la ville, artistiquement illuminées rappellent à tous la vocation maternelle de la ville où Paul a étudié aux pieds de Gamaliel. Un des points les mieux éclairés est l’église protestante du Rédempteur, à deux pas du Saint Sépulcre. Des rais de lumière éclairent l’agneau qui domine la porte d’entrée. La lumière de l’agneau éclaire toute la ville. « Viens que je te montre l’épouse de l’agneau », dit l’auteur de l’Apocalypse de Jean. Si Dieu est le « Pantocrator » comme le rappelle la tradition orientale, il s’est servi d’Israël et du festival de la lumière pour rappeler que le Christ est le premier né de la création et que tout subsiste en lui.

Jérusalem rend ainsi hommage sans le savoir à Saül de Tarse, un des étudiants de la ville qui est connu dans le monde entier. Ce sont les Hébreux qui invitent les chrétiens à la fin de l’Année Saint Paul à passer des ténèbres à la lumière. La logique de Dieu est toujours surprenante… ou alors le dialogue interreligieux est entré dans une nouvelle phase. (P. Frédéric Manns OFM, Directeur émérite du Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem)


(Agence Fides 26/6/2009)