Le politiquement correct du moment veut que l'on nie les différences. Or, nier, ce n'est pas accepter! C'est même: NE PAS ACCEPTER! On a banni, et à raison, le terme de "race" qui n'est pas approprié, car nous faisons tous partie de la même famille humaine qui a son berceau en Afrique. Soit. Mais il y a une limite au ridicule. Dans mon métier, nous travaillons notamment avec des jeunes en difficultés. En difficultés parce qu'ils font partie d'une "minorité visible" (couleur de peau, "origine"...), tout comme j'en fais partie en tant que handicapée (et blonde, et obèse, et originale etc... Pfffffffffffffff je cumule, encore et toujours!).
Certains de mes collègues appliquent à la lettre le tabou: ils affirment que les "races" n'existent pas. Que nous sommes tous pareils. Ben voyons! Et le racisme alors, il n'existe pas, et les victimes sont paranoïaques? (ce qui me fait inmanquablement penser à la blague de Coluche sur l'apartheid, celle du chauffeur de bus US qui en a marre des affrontements entre écoliers blancs et de couleur, et qui leur dit: "Ca suffit! Y a plus de noirs, y a plus de blancs! Tout le monde est bleu! Alors... les bleus clairs devant, les bleus foncés derrière!!!") Réaction des jeunes: rires narquois, mépris. Ben oui, pourquoi on les jette à l'entrée des boîtes de nuit alors? Gros malentendu: la notion de "race" est, en effet, inadaptée car elle prête à confusion. MAIS: nous sommes bien une humanité variée, colorée, il y a des différences marquées. Et là où d'autres nient, retroussent le nez comme devant un plat malodorant, jouant la tolérance dont ils ne connaissent que le nom, j'affirme, moi, que nous sommes bel et bien différents (certains plus que d'autres lol!) et que j'aime ça! Bon sang, mais je kiffe la différence, moi! Et même, je regrette qu'il n'y ait pas d'humains bleus, verts, mauves etc...La variété, comme pour les fleurs: imaginez une planète avec une seule sorte et couleur de fleur! Nul! Là où certains s'évertuent donc à gommer, à ne pas voir, hypocritement, pour s'attirer la faveur de minorités qui ne sont pas dupes, je persiste et signe: notre richesse, c'est la somme de nos différences! Je vérifie d'ailleurs sur le terrain la véracité de ce que j'avance. D'abord, le "parler vrai", la cohérence, c'est de cela qu'ont besoin les jeunes en quête d'identité, pas qu'on les prenne pour des c***!
Ensuite, je vois le respect dans leurs regard: qui reflète le mien. Ils s'identifient à moi bien davantage qu'à un collègue valide, mince, "classique": en effet, je suis moi aussi représentante d'une minorité. Et de ce fait, je sais de quoi je parle, et si je réussis ma vie, les mômes en difficultés peuvent se projeter en moi, dans ma différence, et se dire: "Bon sang, si ELLE s'en sort, avec ses casseroles, j'ai peut-être ma chance, moi aussi." Et cela leur influe un courage... J'vous raconte pas! (ah, je kiffe mon job!)
Je profite de ce thème pour vous présenter "THE SCARY GUY"
ancien cadre à l'enfance perturbée, ce type décide un jour de se faire tatouer et piercer partout sur le corps, même ses dents sont recouvertes de métal. Il en devient effrayant, "scary", pour la plupart des gens. Il joue à fond la provoc et démasque ainsi les préjugés de tout un chacun. Je l'ai découvert il y a quelques jours dans une émission d'ARTE. Ce type, donc, est en fait un pacifiste militant qui fait des "performances" dans des écoles, prisons, entreprises, écoles de police etc... Il apparaît, fait réagir son public, démonte les mécanismes de la peur, de l'agressivité, de la haine, liés au refus de la différence. Et donne des recettes concrètes pour évacuer sa haine... Il est un monument érigé à la différence, avec toutes ces couleurs qu'il affiche, un éloge de la diversité, une leçon de tolérance ambulante, comme moi! Si vous avez l'occasion de voir le reportage, ne le ratez sous aucun prétexte, ce type est tout bonnement extraordinaire! (son site ici:
Et il n'y a qu'un domaine dans lequel il ne doit pas y avoir de différences entre nous tous: nos DROITS!
*Première parution le 19 février 2007*