Depuis huit ans, des amoureux de la légende arthurienne et des mordus d’heroic fantasy se retrouvent à la Taverne du Graal. Ambiance
«Imaginez. Vous franchissez une porte, au cœur de Bordeaux, et vous êtes projetés 700 ans en arrière», promet le site Internet de l’association Graal Production. Une fois ladite porte poussée, force est de constater qu’on n’a pas été trompé sur la marchandise ! Autour de longues tablées de bois, ça trinque et ça palabre sur une gigue moyenâgeuse entraînante tandis que certains convives inspirés sont plongés dans un jeu de rôle. Arrivé au bar, on hésite entre l’hypocras et l’énigmatique élixir de Trégor, et on se laisse tenter sur les conseils du «tavernier» par un breuvage maison que l’on paye en «écus». «On est là pour faire rêver les gens», confie Rémy, 21 ans, membre de l’association, comme pour justifier des fantaisies qui s’affichent ici. Car il n’est pas rare de croiser quelques chevaliers et autres troubadours. Tel William, chauffeur routier qui se présente comme un «médiéviste». «Je viens parfois avec un pantalon de cuir, une chemise à lacets et des poignets de force. Mais je me vois mal traverser Bordeaux avec une épée !» Il faut dire que l’élégance version An Mille est la bienvenue ici : le service est fait en costume d’époque et le client qui fait l’honneur à la petite taverne de venir en cotte de mailles ou en armure se voit offrir un verre de bienvenue. Mais il ne faudrait pas réduire le lieu à un bal masqué façon Les Visiteurs. «La plupart des gens croient qu’on est juste une taverne remplie de guignolos qui se baladent avec des épées. C’est bien plus que ça», lâche Alex, 21 ans, qui anime un atelier de pyrotechnie. Pour la modeste somme de 2€ par an, Graal Production propose à ses adhérents de se frotter, entre autres, au jonglage, à la prestidigitation ou à l’escrime médiévale... Avant de partir en tournée l’été dans les festivals des environs tels Les Rêveries de Saint-Magne ou la Fête des fous à Villandraut. Quelques chevaliers de retour de l’entraînement font d’ailleurs irruption à une heure avancée de la soirée, de lourdes épées en main. «Ce soir, je suis mort et j’ai tué mon adversaire un paquet de fois, et pourtant je suis là», assure Vincent, 32 ans, contrôleur-qualité dans la vraie vie, pour achever de nous convaincre que «non, ce n’est pas dangereux». Lui qui ne verse pas spécialement dans l’imagerie moyenâgeuse se dit séduit par les valeurs de la chevalerie, convoquant l’honneur et le respect de l’autre. «Les habitués de la Taverne partagent ces valeurs qui datent et qu’on ne retrouve pas dans les bars modernes, ajoute William, un brin philosophe. C’est pour ça qu’on vient ici.»
Annabelle Georgen
La Taverne du Graal : 41 rue Neuve à Bordeaux. Rens. : 05 56 52 12 90 ou www.graal-production.com