Voci encore l'une des videos les plus vues sur le net : Le phenomene Tecktonik !
Deuxième saison épisode :
La tecktonik dépote !Inventée en Ile-de-France, cette danse 100 % ado se répand autant en banlieue que dans les quartiers chics.
C'est fun, et ça secoue par-delà les clubs. Au Redlight, une boîte parisienne (XIVe arrondissement), on l'appelle «vertigo» tandis qu'au Metropolis (Val-de-Marne), on dit «tecktonik». Une chose est sûre : la nouvelle danse electro made in Paris fait un carton chez les ados et préados.
Quelques bases avant de se lancer. D'abord, le déhanché façon disco, pour entrer dans le rythme. Jambes écartées, un peu pliées et bien fixées au sol. Double tour de bras l'un sur l'autre : une version accélérée des super-héros de mangas japonais des années 80. Puis, passage de la main à l'arrière de la tête, on se remet un peu de gel (pour de faux), la tête suit les basses en haut en bas à gauche à droite. Et hop, un doigt en l'air à la Travolta dans la Fièvre du samedi soir, un coup à gauche, un à droite. Tout ça en frétillant des pieds, glissade à droite, à gauche.
Pour les novices, la première étape, c'est l'observation. Pour ceux qui ont l'âge d'entrer en club, au «Metro, Redlight ou au Mix, tout le monde danse comme ça», assure Aurélie, 17 ans, une habituée du Metropolis.Pour les plus jeunes, la phase d'observation se fait sur le Net où les vidéos foisonnent. Lili Azian, 16 ans, serveuse à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) est déjà dépassée par sa notoriété naissante grâce à ses vidéos qui tournent sur le Net : «Certains sont même contents d'avoir mon numéro de téléphone alors que ce n'est rien !»
Deuxième étape, imposer son style. Le chouchou des vidéos sur la Toile, c'est Tchadow, 10 ans, de Nanterre (Hauts-de-Seine), petit frère de Ristourne. «Les enfants à l'école connaissent la danse parce qu'ils ont tous des skyblogs.» Les deux frères utilisent un langage étrange : «Karaté, football», crie Ristourne, et Tchadow, passe d'une «phase» à l'autre. Jeu de jambes, double tour de bras, passage derrière la tête puis doigt en l'air avant d'enchaîner : mouvements de tête, un coup à gauche, à droite, et hop, il glisse vers la droite chaussé de ses Vans classic Slip-on (le modèle sans lacet, tout fermé
Masque de plongée et tête de mort «L'autre fois sur le Net, j'ai vu un danseur avec un masque à gaz», raconte Antoine, 20 ans, étudiant en psychologie à Nanterre. «Moi j'ai vu un mec avec un masque de plongée», ajoute Willy Boy, 18 ans lycéen dans le Val-d'Oise. «Au Metro, ils aiment se maquiller, dessiner de grandes étoiles colorées sur leur visage», souligne Ristourne, cheveux courts, T-shirt moulant, jean taille basse, ceinture à tête de mort et Vans aux pieds. Ursula a la tenue classique du genre : jean slim blanc et sweat gris qui laisse entrevoir son ventre ferme. Pour Ariane, cheveux noirs et longues mèches blondes sur la nuque, treillis, ce qui compte c'est «être bien dans ses fringues». L'ensemble est entre streetwear (pantalon large, Vans, sweat à capuche) et glam-rock (jean fuselé, chaussures pointues, têtes de mort). «Pendant nos aprem, certains sont en survet, d'autres en slim avec la crête», précise l'un des organisateurs.
Rivoli, résidence des tecktoniks L'épicentre du mouvement se situerait rue de Rivoli à Paris (Ier), précisément entre le McDo et le H & M. Kevin Tandarsen, 19 ans DJ et étudiant, originaire de Montrouge (Hauts-de-Seine), lui, déteste : «Ça pue la défaite d'aller traîner à Rivoli, les mecs n'ont aucun goût, ils sont mal habillés, et puis ils squattent toute la journée !». Ristourne, mitigé : «Rivo, ce n'est pas très passionnant mais c'est l'endroit où on trouve le plus de clubbers, ils sont résidents, quoi ! Certains dansent devant les vitrines des magasins, d'autres se filment... » Ursula préfère le «Trocadéro (XVIe), Montparnasse (XIVe)» et puis «il y a aussi le jardin du Luxembourg (Ve)», ajoute Kevin. Sans oublier le parc Monceau : «C'est plus, les riches là-bas, un peu chal même.»
Net absolu.
Si le mouvement a pris une telle ampleur, c'est grâce au blog DanceGeneration (dancegeneration. skyrock. com). Créé par Fozzie Bear (18 ans, étudiant et DJ) en novembre 2006, il est le premier entièrement dédié à cette danse. « Les premières vidéos s'intitulaient Cool Dancing Night Club ou Dance of New Generation », raconte Kevin. A cette époque, à peine une dizaine de vidéos circulent sur le Net. Parmi elles, la désormais culte de Jey Jey dansant dans son garage. «Jey Jey, Nemoo ou Calimero sont les premiers danseurs à avoir mis leur vidéo sur le Net» ajoute-t-il. «En janvier 2007, Fozzie a décidé de se lancer sur un projet de documentaire amateur sur cette nouvelle danse, le style de musique house-electro, les jeunes clubbers, bref la nouvelle culture electro.» Il fait alors appel à son ami Ristourne, passionné de cinéma. «J'ai rencontré un danseur, un soir au Redlight (XIVe), je l'ai filmé toute la soirée et j'ai mis sa vidéo le lendemain sur YouTube : les premières images de cette nouvelle danse à être filmées avec une vraie caméra.» Depuis, Kevin, Fozzie et Ristourne sont des stars du Net.
Aprem fédérateurs
Compétition, compilation, vêtements A l'origine du «tecktonisme», Alexandre Barouzdin et Cyril Blanc, l'équipe artistique du Metropolis, il y a sept ans. Ils importent de Belgique un concept, les soirées tecktoniks, et fondent une société, Tecktonik Events. Depuis peu, profitant de l'engouement massif, ils créent une ligne de vêtements, une boisson énergisante, la compilation Tecktonik volume 3 (EMI). La marque a aussi une team officielle de danseurs. «Souvent ils sont repérés pendant une soirée au Metro [la Dessfloor, ndlr] où les danseurs s'affrontent sur un ring et sont sélectionnés à l'applaudimètre», raconte Ristourne. «On dirait que les gens ne dansent plus par plaisir mais seulement pour faire la compétition. Maintenant, en boîte, ils s'observent et passent leur temps à dire que l'un est fort et l'autre moins», déplore Ariane. «Il parait même que pour le prochain clip de Lorie on cherche des danseurs electro», s'amuse-t-elle en imitant la chanteuse.
«Pokémon célibataires»
Et puis il y a ceux qui détestent le mouvement. Sur MySpace (myspace. com/antitecktonik), Cali s'énerve : «Tecktonik, commence à y en avoir bien ras le... Le Metropolis ressemblait déjà pas à grand-chose avec son statut de Plus Grande Agence matrimoniale pour Pokémon célibataires d'Ile-de-France... Mais alors là, avec 36 000 Schtroumpfs clonés avec le même T-shirt sur le dos... cerise sur le gâteau !» Sur la même page, Dolce Vita s'inquiète : «L'Etoile [un club du VIIIe] , c'était pas une boîte comme les autres jusqu'à ce que ces tecktos arrivent ! Tu manques à chaque fois de te prendre un coude dans la gueule avec leur danse du "pot de gel"!»