D’où est venue l’envie de créer votre propre marque Bio, à une époque où la certification Ecocert n’existait même pas en cosmétique ?
C’est un projet qui a mûri bien des années avant la création de Doux Me. J’étais à l’époque journaliste beauté et santé. J’ai eu le déclic lorsqu’on m’a proposé d’être Rédactrice en Chef Beauté chez Elle Afrique du Sud, à une période où beaucoup de marques se revendiquaient naturelles alors qu’elles ne l’étaient pas. Je me suis rendu compte à ce moment là que je n’étais plus très à l’aise pour écrire des articles sur des produits en lesquels je ne croyais pas.
J’ai alors commencé à apprendre, en autodidacte, l’art de l’aromathérapie et des massages. J’ai également commencé à créer mes propres mélanges d’huiles et de crèmes. Puis je suis partie me perfectionner chez Aveda aux Etats-Unis.
Le projet a vraiment germé lorsque, lors d’un cours que je donnais pendant un séminaire, j’ai demandé à mes élèves de détailler les listes d’ingrédients de marques positionnées naturelles, et que j’ai observé que seule 1 sur 20 l’était réellement.
Je me suis alors dit qu’il fallait que je me lance : mettre sur le marché un produit qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait, avec une traduction claire de la liste des ingrédients et un positionnement vraiment féminin.
Doux Me est née fin 2002.
Quel est votre secret pour que l’on parle autant de votre marque dans la presse et les dîners en ville ?
Cette marque est tellement différente ! Elle porte un message un peu holistique, au-delà de simples produits de beauté, un véritable mode de vie. C’est une marque intime, très généreuse, féminine, avec une vraie âme et une vraie générosité.
C’est vrai que les gens en parlent, car elle a un bon capital sympathie. Un phénomène dû en partie à sa « naïveté », je pense : je ne suis ni médecin, ni cosmétologue, mais j'aime vraiment ce que je fais. Je suis une sorte d'artisane, je crois, avec des envies, des intuitions… J'ai envie de donner et je n'ai pas créé Doux Me pour faire du business.
Que pensez-vous du discours un peu anxiogène de certaines marques naturelles ?
Le 100 % naturel n’est pas forcément 100 % bien : on veut tout mettre dans des cases, mais non, ça ne marche pas comme ça ! On arrive à faire des choses extraordinaires en naturel mais des ingrédients issus de la synthèse peuvent également être très bien. Ce qui compte, c’est de faire les choses en bonne intelligence. Comme dans tout... C'est l'équilibre qui compte, ou plutôt tendre à l'équilibre.
La paranoïa qui règne autour des parabènes est terrible, car les gens finissent par ne penser qu'à ça. Parabène = je vais être malade !!! Et pour encore enfoncer le clou, de plus en plus de marques font de l'utilisation "sans parabène" un outil marketing... Quelle merveilleuse idée pour pousser encore davantage la paranoïa ! Certains produits n'ont peut-être pas de parabène, mais que contiennent-ils d'autres ??? Et les études qui les remettent en question n’ont pas répondu à tout : que mangeaient les sujets de ces études ? Où vivaient-elles ? Quelle était leur hygiène de vie ?...*
Comment pensez-vous que la cosmétique Bio va évoluer dans les années à venir ?
Il y a déjà l’arrivée de ce nouveau label européen, COSMOS, qui est plus exigeant que les labels actuels** (mais malheureusement encore moins compréhensible !). La conséquence, c’est qu’il va y avoir beaucoup « d’écrémage » : les marques qui ont surfé sur la vague verte sans y croire suffisamment pour tout remettre en question vont s’arrêter. Et personnellement, ma crainte est dans la perception des consommateurs, qui commencent juste à comprendre les labels actuels et qui demain devront à nouveau décrypter COSMOS.
Il y a ensuite l’arrivée de grands groupes et de marques de distributeurs dans la cosmétique Bio. Quelque part, c’est bien pour l’avenir car ils ont des moyens de communication énormes et cela va permettre d’éduquer les consommateurs, d’élever les consciences. Mais cela signifie aussi la mort programmée des petites marques Bio. Il n’y aura pas assez de cultures Bio pour satisfaire tout le monde. Les ressources vont s’appauvrir, et qui croyez-vous que le fournisseur d’eau d’oranger Bio va privilégier : la petite marque et sa petite commande, ou le grand groupe ? Il faudrait un véritable changement politique pour qu’il y ait de plus en plus de cultures Bio sur la planète.
Quelles sont les actualités de Doux Me ?
Nous avons « rhabillé » la Brume Lactée Démaquillante. C’est une très belle formule 2 en 1, hypoallergénique, nettoyante et hydratante, qui n’était pas assez mise en valeur. Nous avons testé son pouvoir hydratant : 52% d'hydratation gagnée après 8 heures !
Quels sont vos propres secrets de beauté ?
Et bien, j'utilise mes produits et j'en fabrique un bon nombre moi-même. Des huiles que j’applique sur le corps par exemple. Sinon, j’utilise quotidiennement la Crème Caroline, des produits capillaires Melvita, un crayon Lakshmi, des soins Dr. Hauschka. Je fais beaucoup de yoga et je mange bio, pratiquement tout le temps. Mais je ne suis pas en crise si ce n'est pas possible !
Avez-vous un conseil à donner à vos consommatrices ?
Qu’elles lisent bien les listes d’ingrédients, qu’elles ne se fient pas juste aux labels mais qu’elles sachent regarder un peu plus loin… Qu'elles se fassent plaisir aussi, c'est important !
Contact : caroline@douxme.com - http://www.douxme.com/
* On n’en parle jamais mais il y a aussi des parabènes dans les produits alimentaires (E214 à E219) et certains médicaments et vaccins. Pour info, jusqu’à présent, les autorités françaises de santé (AFFSAPS) n’ont émis que des avis positifs au sujet des parabènes utilisés en cosmétique. Ceux-ci sont d’ailleurs 10 000 fois moins oestrogéniques que la pilule contraceptive, et il y en a même à l’état naturel dans certaines plantes...
** Issu de l’harmonisation des labels Bio du français Ecocert, de l’allemand BDIH, de l’anglais Soil Association, etc…