Le courage est ce qu'il est, soit une vertu, lorsqu'il se présente comme le moteur d'un acte dont la réalisation dépasse la peur, que son objet n'enfreint pas la morale et porte un caractère désintéressé. En effet, point de peur, point de comportement courageux. Sans conséquence source de risque pour ce qui me concerne, la position adoptée, qu'elle soit active ou passive, n'est qu'un accomplissement ordinaire sans relief particulier, qui n'engage pas significativement les conditions d'existence. Concernant l'objet, si ce dernier s'inscrit dans l'immoralité, le courage perd sa valeur positive. Comment en effet reconnaître à un criminel, même s'il a mis sa vie en jeu pour atteindre son but, le moindre mérite. Quant au caractère désintéressé, agir par opposition pour des intérêts strictement personnels est de l'ordre de l'égoïsme. Le courage n'est cependant pas conditionné par l'héroïsme. Je peux être courageux chaque jour en ne succombant pas aux charmes de la paresse. Cette attitude est tout aussi désintéressée même si elle ne concerne que moi, car ne rien faire représente un confort pour ma personne, que ce soit physiquement ou sous un abord intellectuel, donc participe à satisfaire des intérêts égoïstes. Prendre sa vie en main, dans le respect de la loi et de l'éthique, suppose d'aller également à l'encontre d'angoisses quant à un avenir incertain ou de lutter contre des peurs sociales. La légèreté de l'être s'acquiert au prix d'efforts continuels face à la pesanteur du quotidien.