C’est au congrès démocrate de 2004 que j’ai vu et entendu, une première fois, Barack Obama, politicien de l’Illinois. Je ressens encore la bouffée d’air frais, émanant de son discours et de sa présence. J’en suis resté avec une impression positive indélébile. Son élection au sénat américain en 2006 m’a réjoui et l’annonce de sa candidature à la présidence des USA m’a surpris et épaté. Nonobstant le fait que mon favori, à ce moment-là, était le sénateur Joseph Biden du Connecticut et mon grand respect pour Hillary Clinton, j’ai, sur le coup, changé mon fusil d’épaule en faveur d’Obama. Je me suis inscrit sur son site comme ami et collaborateur et j’ai présenté sur mon site une rubrique sur l’évolution de sa campagne.
À ce moment-là, je n’aurais pas gagé un "vieux cinq cennes » sur sa victoire, mais qu’importe, je le voyais revenir à la charge plus tard, car j’estimais que cette primaire n’était pour lui qu’une première manche vers le pouvoir.
Surprise… Sa campagne du tonnerre a tout bouleversé et deux ans plus tard, il devint président américain avec un programme politique osé, s’adressant de façon réaliste aux vrais problèmes de son pays et du monde. Depuis, Obama ne cesse de m’émerveiller par son intelligence, son calme, sa dignité, son ouverture d’esprit, sa vision future pour son pays et pour nous, son sens d’organisation et son travail intense pour réussir.
Il a fait à ce jour un parcours impeccable. Guantanamo est fermée, la torture est bannie et ce sont maintenant les conventions de Genève qui sont suivies pour le traitement des prisonniers. Il a posé des gestes auxquels nous n’étions pas habitués depuis un bon moment, tels : sur l’avortement, la laïcité du gouvernement, la discrimination salariale, la couverture des soins de santé aux enfants, l’accord avec les États américains pour le combat contre les changements climatiques.
Il a vite réagi pour arrêter le tsunami économique américain qui risque de tout détruire sur son passage dans le monde entier. Il a été courageux en présentant un programme de stimuli importants et un budget au déficit-record. Il a dénoncé les banques, les salaires et les bonis exorbitants de chefs d’entreprises qui sont les premiers responsables de ce dégât. Il a mis au pas les fabricants d’automobiles américains et dénoncé leur laisser-faire.
Obama a tendu la main à l’Iran, à la Russie, à la Chine, à l’Inde, aux opposants du conflit israélo-palestinien et à d’autres. Il a surpris en modifiant de façon exceptionnelle la stratégie de l’Occident envers les pays musulmans. Il a éliminé du vocabulaire américain les mots « guerre de terreur ». Sa politique d’ouverture a changé la donne mondiale et son dernier voyage au G-20 et en Turquie a conquis les cœurs et les esprits des citoyens du monde. Il a mis en place un plan de retraite d’Irak de l’armée américaine. Il a appuyé l’OTAN de façon honnête et a lancé une nouvelle offensive en Afghanistan axée sur le militarisme, la diplomatie et l’aide humanitaire, tout en définissant une « porte de sortie » éventuelle pour son armée.
Il ne craint pas de blâmer les USA de certains actes passés tout en mettant les points sur les « i » en rapport avec des attitudes négatives envers les USA dans plusieurs pays. Il a salué l’Islam et l’a assurée qu’il n’y aurait jamais de guerre contre elle.
Sa politique est une cassure radicale avec celle de son prédécesseur. Par exemple, Obama a affirmé que la puissance des USA réside davantage dans ses devoirs moraux et ses règles de conduite avec les autres pays que dans sa force militaire. Il a ajouté de la civilité aux relations entre pays. Obama reconnaît l’importance et la puissance de l’Europe et ne craint pas de lui dire. De même pour la Russie, avec laquelle il a engagé des pourparlers pour réduire appréciablement le nombre de missiles atomiques. De là, il veut, avec l’ONU, entreprendre une des plus importantes missions, soit de nettoyer la planète de ses armes nucléaires.
De son côté, Michelle, son épouse, fait sa marque et impressionne. Belle, racée, intelligente, bien éduquée, elle sait aider, parler, appuyer et obtenir la confiance des gens qui la rencontrent. Elle sera une « first lady » hors pair. Quel couple merveilleux pour représenter le plus fort pays du monde !
Pendant ce temps-là, l’opposition républicaine est déroutée et modifie sa stratégie sans cesse. N’ayant pas de porte-parole, influencée par le « radio-man » d’extrême droite Rush Limbaugh et le canal télévisé FOX NEWS, elle hésite, trébuche et se cherche. Elle s’oppose unanimement à presque tout ce que propose Obama et en est rendue à le blâmer pour la crise économique. À ce rythme, ce n’est pas demain la veille pour ce parti.
Ce que je crains pour Obama, c’est qu’il s’engage sur trop de fronts en même temps. Il invoque l’urgence de redresser non seulement l’économie de son pays, mais aussi l’assurance-maladie, l’éducation, les infrastructures, l’immigration, les dépenses gouvernementales… Un peu à la Sarkozy. On voit ce que cela a donné pour le président de France qui, malgré sa bonne foi, ses nombreux discours et son travail intense, n’a pas réussi, à ce jour, l’implantation de ses réformes à la satisfaction des Français. Cela se mesure par le fait qu’il est actuellement au bas des sondages.
Ces leaders d’avant-garde, par trop énergiques, ne semblent pas connaître le dicton « Qui trop embrasse mal étreint ». J’espère que Sarkozy se redressera et qu’Obama apprendra de son collègue français comment ajuster son tir.
Encore aujourd’hui, Obama en a mis plus en respectant une autre de ses promesses électorales :-)... Il a introduit à la Maison Blanche le jeune chien qu’il avait promis à ses filles lors de la campagne pour se faire pardonner son absence prolongée de la maison. Cette décision ne risque pas de lui faire trop de tort, car la petite bête était attendue fébrilement par toute la population américaine. Elle aura au moins l’avantage de faire oublier momentanément aux Américains leurs problèmes quotidiens.
Claude Dupras