Les déclarations de bonnes intentions du président Barack Obama envers le monde entier ont fait de lui l’homme politique américain le plus populaire de la planète. C’est une grosse bouffée d’air frais après la période GWBush. Il semble qu’Obama ait prescrit une dose soporifique à toute l’humanité, des USA en passant par l’Europe, les Amériques et même le monde musulman. Il faut avoir des échos de Paris, d’Alger, du Caire, de Caracas, de Saigon et, il me semble de partout, d’ailleurs, pour s’en rendre compte. Les messages que je reçois d’internautes, suite à mon dernier blog « Obama, le magnifique », me le confirment. Tout juste, si tous croient, dur comme fer, qu’Obama est capable de marcher à travers les océans. Mais il lui reste à faire la preuve que ses déclarations déboucheront sur des changements réels de la stratégie géopolitique globale des USA.
Hier, Hillary Clinton, en visite au Liban, a félicité ce pays pour sa pluralité politique. Cependant, elle n’a pas hésité à dénoncer tous les partis islamiques de l’opposition de gauche, comme le Hezbollah, qu’elle dit être supporté par la Syrie et l’Iran. Plus encore, la seule visite officielle, qu’elle s’est autorisée, a été avec le fils de l’ex-premier ministre Rafiq al Hariri qui avait été assassiné à cause de ses positions pro-Israël et anti-arabe. J’ai constaté que l’envoyé spécial d’Obama pour le Moyen-Orient, l’ex-sénateur George J. Mitchell d’origine libanaise, n’y était pas. Il travaille tellement dans l’ombre, celui-là, que l’on se demande s’il est toujours vivant ou pas.
Les Musulmans remarquent ces détails et demeurent avec l’impression que ceux-ci découlent de l’influence de l’entourage du président (Hillary Clinton, son chef de cabinet, son conseiller économique Lawrence Summers et le secrétaire du trésor) trop près du lobby juif de New York. Ils craignent qu’en définitive rien ne changera.
Lors de son récent voyage, le président Obama a salué la démocratie de la Turquie malgré le fait que ce soit un parti islamique qui est au pouvoir depuis 10 ans. Quant aux islamistes pakistanais et iraniens, il semble dire qu’ils doivent être contrecarrés par tous les moyens. Les islamistes turques ont pris le pouvoir en réaction contre les régimes corrompus pseudo-démocratiques du passé qui ne servaient que leurs patrons étrangers (américains et anglais en particulier) durant toute la guerre froide. Depuis, des mouvements islamiques ont pris vie à travers le monde arabe et musulman à cause de conditions similaires dans leur pays respectif.
L’Afghanistan et le Pakistan sont les premiers exemples concrets de la politique d’Obama. Son comportement vis-à-vis ces pays me surprend et me désappointe. De base, je me suis toujours opposé à la guerre en Afghanistan. J’ai dénoncé maintes fois l’engagement du Canada dans ce coin du monde où la guerre par des étrangers est ingagnable. L’Histoire le démontre clairement et ce ne sont pas les Américains, même avec Obama à leur tête, qui viendront changer ce fait.
La progression des islamistes au Pakistan, ces derniers jours, démontre clairement que les Américains n’y comprennent rien. Ces derniers en sont rendus à vouloir provoquer une guerre civile dans ce pays pour lutter contre les Talibans tout en refusant de constater que les Pakistanais en ont « plein le casque » de la corruption pratiquée par leur élite politique qui a ruiné leur pays depuis les 60 dernières années. Quant à la corruption du gouvernement afghan de Karzaï, elle est tellement évidente que de tous côtés sa démission est réclamée, mais il est toujours là. Il sera à nouveau candidat à la présidence lors de la prochaine élection en août et, pour l’emporter, il a commencé à s’approcher des islamistes radicaux en promulguant des lois les satisfaisant, même au détriment des femmes.
La sincérité d’Obama passe par sa reconnaissance que les partis politiques islamiques à travers le monde peuvent être légitimes et qu’ils ont droit, par ce fait même, de participer aux élections de leurs pays et d’être reconnus gagnants, s’ils le sont. Cela n’empêchera pas la démocratie si elle est protégée par la constitution de ces pays. La Turquie est un exemple frappant. Par contre, l’armée algérienne qui a refusé de reconnaître l’élection démocratique du Front Islamique du Salut, en 1991, a fait vivre aux Algériens un enfer qui n’a pris fin qu’après des tueries revanchardes de près de 200,000 individus. Depuis, on peut légitimement douter de la nature de la démocratie en Algérie.
Il y a une valeur universelle qui est indiscutable, c’est le droit illimité d’association sociale et politique des individus. Si un mouvement politique islamique a l’oreille de sa société, je ne vois pas pourquoi, nous, du monde occidental, aurions le droit de lui interdire de défendre ses idées et de diriger son pays, s’il est élu normalement. Le président Barack Obama a assuré les Musulmans qu’il ne ferait pas la guerre à l’Islam. Il reste à leur confirmer que les USA respecteront leurs choix démocratiques de leaders et de régime politique. Je ne serais pas surpris qu’il le fasse.
Claude Dupras