Quelques uns de mes lecteurs me demandent pourquoi j’adresse si souvent la question des Arabes et des Musulmans dans mes blogs. Mon intérêt pour cette partie du monde vient du temps de ma carrière d’ingénieur-conseil durant laquelle j’ai œuvré plus de 7 ans en Algérie, dans les années ’70. J’ai eu l’occasion alors d’apprendre à bien connaître ce pays, les actions de ses chefs politiques (le gouvernement Boumediene dirigeait alors le pays), sa population et de me faire de nombreux amis. Malgré le système politique soviétisé de ce gouvernement, avec lequel je n’étais pas d’accord, j’ai pu constater qu’il y avait là, à ce moment-là, un grand nombre d’individus bien instruits, enthousiastes, patriotes et sincères qui travaillaient ardemment depuis 1962 à créer leur nouveau pays. L’ambiance était remarquable et prometteuse.
Suite aux évènements du 11 septembre 2001, la réaction américaine a été vive et défendable, mais avec le temps elle a dégénéré en une politique qui ne respecte plus les masses musulmanes et ne vise qu’à trouver les chefs d’Al-Qaeda, advienne que pourra. C’est devenu insensé, choquant et contre-productif. Heureusement, aujourd’hui, Obama veut changer la donne.
Pour moi, les Musulmans sont des gens comme nous, qui aiment autant leur famille que nous et qui visent à donner à leurs enfants toutes les chances possibles pour bien vivre et vaincre la vie. Je cherche donc à remettre, un peu, les pendules à l’heure en rappelant que les Musulmans ont les mêmes droits comme être humain que nous et qu’ils sont libres d’agir comme ils l’entendent. Je respecte cela et je pense que nous n’avons pas à leur dire ce qu’il faut faire !
Plusieurs gens d’ici, comme d’ailleurs, critiquent la religion musulmane mais oublient qu’il n’y a pas tellement longtemps les femmes au Québec n’avaient pas droit de vote à cause de l’Église catholique, que cette dernière s’opposait à l’école obligatoire jusqu’à 14 ans, que les curés forçaient les femmes mariés d’enfanter, sous peine de ne pas leur donner l’absolution, et que plusieurs en mourraient, et encore…. (je pourrais remplir cette page avec la description des simagrées que notre religion nous a fait faire).
Suite à mon blogue « Obama et les Musulmans » mon ami algérien Mansour, correspondant de longue date, m’a envoyé un message pour me dire son accord avec le fond de mon texte et élaborer davantage sa pensée. J’ai cru utile pour mes lecteurs de l’inclure ici. Le voici :
« Je suis très content de lire tes positions concernant le comportement du monde occidental vis-à-vis de la représentativité politique des mouvances islamiques à travers le monde arabe et musulman du monde.
N'est-il pas temps pour ce beau monde occidental, toujours prêt à donner des leçons de morale universelle, de faire un diagnostic sérieux des origines de l'émergence des mouvements politiques d’islamistes à travers le monde ? N'est-il pas temps de reconnaître que tous les problèmes que nous devons gérer aujourd'hui ont commencé avec la création de l'État d'Israël sur le dos des pauvres Palestiniens, qui n'avaient jamais rien fait de mal aux juifs du monde ?
Et pour assurer la survie de cet État construit de toutes pièces par l'Angleterre, les USA et la France en particulier; tout le monde occidental s'est mobilisé à ce jour pour pratiquement interdire toute vie politique saine à travers le monde arabe en particulier. Tous les régimes politiques arabes qui sont toujours au pouvoir sont des créations de ce monde occidental, qui par ailleurs les défend au nom de la liberté universelle de toutes les sociétés à choisir leurs dirigeants politiques. Je me demande combien les Saoudiens ou les Égyptiens, encore moins les Marocains ou les Algériens ont la liberté de choisir leurs futurs leaders politiques.
Et si la civilisation occidentale croit profondément à la démocratie, telle qu'elle est appliquée dans le monde civilisé, comment peut-on expliquer l'indifférence totale que cette civilisation vis-à-vis des mouvements réellement démocratiques qui essaient de survivre tant bien que mal à travers le monde arabe à ce jour ? Quel a été le comportement de tout le monde occidental durant les années d'enfer que l'Algérie a connu durant la décennie 90 ? Je me souviens que des centaines de jeunes algériens tous fondamentalement imbibés de la culture française, se sont retrouve interdits de séjour en Europe ou en Amérique du nord, alors que des milliers de terroristes notoires islamistes étaient reçus avec les bras ouverts.
Comment peut-on m'expliquer que le FIS des années 90 était un symbole de l'émergence de la démocratie en Algérie et qu'aujourd'hui Al-Qaeda, qui n'a pas fait un dixième du mal que le FIS est devenu après avoir été banni par l’armée algérienne, tout d'un coup l'ennemi public numéro un de toute l'humanité ?
Aujourd'hui, le monde occidental dépense des centaines de milliards de dollars pour soi-disant combattre l'islamisme international, mais je ne vois aucune initiative occidentale pour aider et promouvoir les mouvements réellement démocratiques dans le monde arabe et musulman. Où sont les actions diplomatiques, politiques ou économiques du monde occidental pour enfin mettre fin à tous ces régimes corrompus du monde arabe ? »
Mansour pose plusieurs questions importantes qui révèlent bien l’état de la situation actuelle de nos relations avec les pays arabes et musulmans.
Claude Dupras