J’ai toujours affirmé qu’il n’y avait pas de réelle démocratie dans l’Algérie d’aujourd’hui. Depuis le FLN de Boumediene, le système politique s’est transformé de socialiste et totalitaire à pseudo-capitaliste, mais la direction de l’État est demeurée dans les mains des mêmes individus de l’ancien régime.
Suite à mon récent blog, j’ai reçu les commentaires d’un Algérien qui vient de vivre la dernière campagne électorale présidentielle de son pays qui démontre bien que l’Algérie vit une pseudo-démocratie.
Voici l’opinion :
« Je veux vous donner mes observations sur la récente mascarade nationale des élections présidentielles en Algérie.
Avant même les élections, j'avais prédit que Bouteflika allait être déclaré vainqueur de ces élections avec 92% des suffrages exprimés. Après tout, Bouteflika ne pouvait pas faire moins que ses acolytes comme Moubarak d'Égypte et le président éternel de la pauvre Tunisie, dont je n'arrive même pas à me rappeler le nom.
Et, ce qui est vraiment tragique c'est que le régime de Bouteflika n'avait même pas à truquer les élections du fait qu'il n'avait pas du tout d'opposants en lisse. Ceci étant dit, il ne fait pas de doute que la grande majorité de la population algérienne ne s'est pas rendue aux urnes le jour du vote.
De toute ma famille en Algérie, seules ma sœur et ma belle-sœur se sont données la peine d'aller voter. Et toutes les deux m'ont juré que les bureaux de vote étaient pratiquement vides. Et le soir, nous avons appris officiellement que le taux de participation à Alger dépassait les 90%; quel culot!!!!!
Et les irrégularités ne se comptent plus sur les 10 doigts. Il paraît, par exemple, qu'à Blida, le Wally (le préfet de la province) a fermé tous les bureaux de vote à 16 heures, chassé tous les responsables des élections et s'est donné le plaisir de remplir toutes les urnes pour faire plaisir à son Émir, Bouteflika. Et vive la démocratie occidentale à l'algérienne !
Et ce qui m'a encore le plus étonné, c'est la réaction officielle de la France et de ses mass-médias. Tout juste si la France n'a pas déclaré la victoire de Bouteflika comme une fête nationale française.
Ceci étant dit, j’avoue que l'Algérie d'aujourd'hui ne pouvait pas trouver quelqu'un de mieux que Bouteflika, malgré toutes ses défaillances surtout morales. Que je le veuille ou pas, Bouteflika a tout de même réussi à acheter toute la mouvance islamiste en Algérie. Le terrorisme des années 90 a complètement disparu de la scène. La manne pétrolière aidante Bouteflika a réussi à maintenir une paix sociale très fragile, jusqu'à présent du moins.
Mais l'économie algérienne n'a jamais été aussi malade qu'aujourd'hui. Il n'y a pratiquement plus d'activité industrielle. Les entreprises publiques, construites à coût de milliards de $, sont en grande majorité fermées. Le secteur privé est pratiquement inexistant dans ce secteur. Les seules activités vibrantes depuis plus de 5 ans sont liées aux importations payées par les recettes pétrolières. L'Algérie de 2009, à mon avis, est plus dépendante de la rente pétrolière que même les pays arabes du golf.
Mais ce qui me chagrine le plus c'est l'absence totale de vie politique en Algérie. Qui aurait pensé que ce peuple, qui débattait tout et rien aussi bien avant la guerre de libération que durant le régime de Boumediene même, se retrouve aujourd'hui complètement anesthésié à tel point qu'il n'y a même pas une seule personne politique en Algérie capable de poser les vrais problèmes que notre société doit un jour ou l'autre gérer.
J'ai l'impression que nous devons attendre la fin de toutes les générations qui ont vu, de près ou de loin, la guerre de libération pour qu'enfin les Algériens commencent à se prendre en charge une fois de plus.
Merci. »
On voit bien que l’Algérie est dans la lignée des autres pays arabes et musulmans du Maghreb et des alentours. Il semble, comme le dit si bien cet Algérien, que ce ne sont que les prochaines générations qui pourront changer la culture politique qui règne en maître aujourd’hui dans tous ces pays.
Claude Dupras