À la grande surprise des observateurs, Mahmoud Ahmadinejad vient d’être réélu président de l’Iran avec un appui de 62,6% des électeurs qui ont voté à 85%, un record de participation. C’est une très grande victoire. Son adversaire principal, le modéré Mirhossein Mousavi conteste le résultat prétextant que des malversations électorales ont eu lieu. Mais la victoire d’Ahmadinejad, aussi surprenante qu’éclatante, est indiscutable. Les Iraniens ont voté clairement pour ses politiques.
La république islamique iranienne vient une fois de plus de nous démontrer que l'Islam n'est pas en contradiction avec ce que nous appelons en Occident : la démocratie politique. Jamais un pays musulman n'a organisé des élections présidentielles aussi démocratiques que l'Iran cette année. Jamais un pays arabe ou musulman ne s’est donné le luxe de permettre à quatre candidats à la présidence de se présenter aux élections. Et cela est confirmé par les mass-médias occidentaux qui ont tous reconnu que la campagne électorale organisée en Iran a été des plus ouvertes.
Le grand vainqueur dans ces élections n’est pas en fait Ahmadinejad mais le peuple iranien qui a été vraiment encouragé à participer librement et qui a répondu en très grand nombre.
Malheureusement, ce n’est pas une vraie élection libre et entièrement démocratique comme nous l’entendons. En effet, les quatre candidats officiels ont dû obtenir l’accord du chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei pour devenir candidats. C’est en fait le Conseil Suprême religieux de l’Iran qui a le pouvoir total. Même élu, le prochain président ne pourra faire adopter ce qu’il veut. C’est le Conseil Suprême qui décide si les décisions du président sont conformes aux enseignements de l’Islam et aux vues des membres du Conseil Suprême. C’est un peu comme au Québec de jadis, où les politiciens devaient s’assurer de l’appui de l’église catholique pour gagner leurs élections et même pour prendre certaines de leurs décisions gouvernementales.
Ahmadinejad, dans son premier mandat, a affirmé des choses surprenantes comme son désir de rayer Israël de la carte du monde et de continuer le développement nucléaire de son pays nonobstant les vues des principaux pays de l’Occident et de l’ONU. Cette affirmation provocatrice est de toute évidence irréaliste, car si jamais l’Iran voulait lancer une bombe nucléaire sur Israël, il en recevrait probablement une sur la tête avant. La conséquence malheureuse de cette bravade est que les dirigeants israéliens l’ont utilisée à leur avantage pour démontrer l’urgence de renforcer davantage leur défense et de justifier leur décision de ne pas régler le problème odieux des Palestiniens.
J’ai bien apprécié la déclaration du président Barack Obama qui s’est prononcé sur ces élections et qui a reconnu qu’elles ont permis aux Iraniens de décider librement de leur avenir. Obama sait ce que représente véritablement Ahmadinejad.
Son comportement durant cette élection et celui de son gouvernement me donnent tout de même, et enfin, un peu d'espoir. Il me semble qu’Obama se positionne pour l’avenir et se prépare à convaincre diplomatiquement les vrais dirigeants de l’Iran, le Conseil Suprême, plutôt que de continuer la même politique d'exclusion et d’agressivité de GWBush. Ahmadinejad est le problème, le Conseil suprême est la solution.
Le président Obama sait qu’une entente avec l’Iran est une des clefs principales de la paix au Moyen-Orient.
Claude Dupras