Le nouveau PM Israélien Benyamin Netanyahou vient de faire sa première déclaration importante sur la situation d’Israël et de la Palestine.
Netanyahou n’a pas répondu aux espoirs attendus. Motivé à trouver un équilibre entre ses aspirations à la paix et à celles de la sécurité de son pays, il a dit des mots pour satisfaire quelque peu le président américain Barack Obama et permettre à ce dernier de déclarer qu’un pas en avant venait d’être accompli. Je dirais, un petit pas.
J’ai lu intégralement le texte de son discours. Il a bien expliqué la misère des juifs depuis 2,000 ans qui a aboutit sur l’Holocauste. Ce texte m’a rappelé ma lecture du livre de Marek Halter « Mémoire d’Abraham », un livre généalogique sur le trajet deux fois millénaire de sa famille et qui démontre bien les souffrances, le martyr et la discrimination qu’a subis le peuple juif à travers les âges. Netanyahou rappelle ces injustices sur lesquelles il base son argumentation pour défendre l’existence d’un pays juif, nommé Israël. Il va même jusqu’à dire que si Israël avait existé avant la deuxième guerre, l’holocauste n’aurait pas eu lieu car les juifs de l’Europe auraient eu une patrie où fuir. C’est un argument compréhensible pour lequel j’ai beaucoup de sympathie.
Netanyahou défend la notion d’un état juif, même si, aujourd’hui, un million des habitants d’Israël sont arabes. C’est comme si on disait que le Québec est un état catholique parce que la majorité est catholique. Qu’importe les autres qu’ils soient protestants, musulmans, juifs, bouddhistes… J’ai l’impression que nous serions alors taxés des plus mauvaises épithètes. Pour le Québec ce serait indéfendable. L’est-ce pour Israël ? C’est là la question.
Des millions d’arabes vivant sur le territoire d’Israël, tel que défini par l’ONU en 1948, ont dû fuir leur maison, leur propriété pour trouver refuge dans des camps du côté de la Palestine. Ces arabes veulent revenir chez eux, reprendre leur maison, leur terrain, leur commerce. Netanyahou vient de confirmer officiellement qu’il refuse car cela rendrait les juifs minoritaires en Israël et nuirait au développement futur de leur état. Il dit vouloir les aider à se réinstaller en dehors d’Israël avec l’aide financière internationale. Donc, ce sont les autres pays qui vont payer pour cette injustice flagrante. C’est comme si on expulsait les anglophones du Québec, sans les compenser pour leurs actifs, tout en se disant prêts à les aider à se réinstaller en Ontario avec l’argent des autres gouvernements. Même question !
Pour justifier cette approche, Netanyahou affirme que cela n’est que juste car des milliers de juifs ont quitté les pays arabes pour venir s’installer en Israël et ont laissé derrière eux leur passé et leurs avoirs. Il oublie de dire que contrairement aux arabes israéliens, une très grande majorité de ces juifs ont pu vendre leurs propriétés avant de partir et aucun ne vit dans un camp de réfugiés.
Pour plaire à Obama, Netanyahou accepte de ne pas construire de nouvelles colonies sur les terres de la Palestine. Mais, il ne va pas assez loin car il veut continuer à développer les colonies déjà implantées sur les terres occupées pour des « raisons de démographie », dit-il. Il affirme que les familles qui y sont implantées, ont droit de grandir. Il laisse Obama sur sa soif !
Puis, il y a Jérusalem. Netanyahou ne veut aucunement céder sur ce sujet et affirme que Jérusalem demeurera totalement partie d’Israël, même la partie arabe occupée où vivent les arabes et qui contient la fameuse grande mosquée si importante pour l’Islam.
En conclusion, il se dit prêt à reconnaître un état palestinien indépendant. C’est la première fois qu’il fait cette affirmation. Mais il exige que le nouvel état palestinien soit démilitarisé, sans droit aérien, etc… ce qui me semble inacceptable pour un pays indépendant.
En somme, le PM d’Israël ouvre la porte aux dirigeants du peuple palestinien et à ceux des pays arabes pour commencer des pourparlers de paix à la condition qu’ils acceptent, au préalable, ses positions en rapport avec les réfugiés, Jérusalem et la démilitarisation du nouvel État Palestinien.
J’ai l’impression que Netanyahou, n’a fait qu’ajouter des obstacles au processus de paix.
Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le président de l’Union Européenne, en diplomates, ont accepté publiquement la position de Netanyahou soulignant qu’il reconnaît enfin le droit aux Palestiniens d’avoir leur État indépendant. Mais ce n’est qu’une porte entrouverte qui devra être ouverte à la pleine grandeur par les négociateurs américains. Ces derniers auront un travail difficile pour atteindre leur objectif, soit la création de deux États libres et indépendants vivant en harmonie et en paix, côte à côte, sur leur terre ancestrale.
Mission impossible ? Qui sait… On disait cela lorsque le président américain Carter réunissait Anwar El Sadat, le président égyptien, et Menahem Begin, le PM israélien, pour négocier une paix entre l’Égypte et Israël. Cela a bien fini. Alors tout est possible…
Claude Dupras