Quand on aime écrire, quelque soit le domaine dans lequel on se sent à l’aise, on reconnaitra tous qu’on aimerait avoir un livre de recettes. Que ce soit pour éviter les lieux communs, pour respecter les us et coutûmes du petit monde de l’édition ou pour mieux comprendre les “règles” qui s’appliquent à certains “genres”. On a tous entendu parler du fameux “Ecrire” de Stephen King, mi-biographique mi conseils… que je n’a toujours pas lu mais que je garde dans ma “to-read-list”. Le bouquin d’Orson Scott Card que j’évoque ici est peut-être moins connu mais son intérêt est énorme ! Voyons un peu cela dans le détail…
Parlons déjà un peu du “proprio” : Orson Scott Card est américain, toujours vivant. Il a pour vraie particularité d’avoir été missionnaire ! Il a bossé pous Lucas sur des jeux vidéos et pour Marvel sur une série IronMan. Son très célèbre “Cycle d’Ender” aura vu les deux premiers volumes (1985, la stratégéie ender et 1986, la voix des morts) être tous les deux récompés du prix Hugo et Nébula. Ne cherchez pas, personne d’autres ne l’a fait ! L’une de ses pièces maîresses est sans doute l’uchronie “Alvin le Faiseur” : à découvrir d’urgence si vous ne la connaissez pas. Pour des infos plus complètes, je vous invite à consulter sa fiche sur Wikipédia.
Son livre “Comment écrire de la Fantasy et de la SF” est sous-titré “devenez les auteurs de demain”… Rien que ça ! Avouez que ça a de quoi nous faire rêver, non ?
La couverture
5 parties distinctes font ce livre : la première traitera de ce que sont les genres de l’imaginaire “SF, Fantasy et Fantastique”; la seconde et la troisième, riches en information, traitent de la façon de bâtir son univers, de le peupler et d’y poser les bases de son scénario; la quatrième parle de l’écriture en elle-même; la dernière s’attèle plutôt à décrire le monde de l’édition et la vie d’un écrivain. Même si cela reste intéressant, cette dernière partie est à mon sens plus anecdotique.
Je ne m’étendrais pas non plus sur la première partie. L’auteur donne sa vision, sa définition des genres de l’imaginaire et des “frontières” qu’il peut exister (c’est le terme qu’il a choisi). On sait que ce genre de sujet fait souvent “rage” dans les communautés des fans. Il en parle aussi d’ailleurs comme de la difficulté que certains auteurs de fantasy ont à passer avec succès à un autre genre. Pour être franc, je pense que cette ségrégation a vécu : on voit aujourd’hui de talentueux écrivains basculer d’un bord à l’autre sans perdre leurs lecteurs (il n’y a qu’à mesurer l’énorme attente des accros de Richard Morgan pour sa dernière création en Fantasy alors que le gars s’est fait connaître avec de la SF saturée en testostérone).
On attaque ensuite les parties les passionnantes. D’abord créer son monde, le peupler, y imposer des règles de fonctionnement, etc. Orson Scott Card nous conseille tout au long des étapes qui vont de l’idée de base au langage en passant par l’historique et les biographies. Un passage intéressant et qui m’a beaucoup inspiré pour l’une de mes prochaines nouvelles de fantasy est “le coût de la magie”.
Vient ensuite la “construction du récit” où l’auteur nous explique l’équilibre à trouver entre les différentes parties du récit mais aussi à tenir compte du point de vue du narrateur, de la force de l’histoire ou du message à faire passer.
Partie 4, l’écriture… qu’il a d’ailleurs titré “bien écrire”.
Cette partie est courte mais pleine de petits conseils qui vous aideront beaucoup dans l’approche de votre écriture, du passage à l’acte après avoir eu une brillante idée et d’en avoir explorer les contours. Style, langage, vulgarité… voilà quelques uns des termes abordés.
J’ai dis que je ne parlerais pas de la partie 5 : vous vous ferez votre propre idée.
Qu’en ais-je retiré ?
Beaucoup de chose ! J’étais déjà un peu maniaque dans l’élaboration de mes mondes, dans la cohérence des backgrounds et de l’intrigue. Ancien rôliste, j’ai toujours eu à coeur de bien construire mes personnages. Depuis la lecture des conseils d’Orson Scott Card, je suis encore plus exigeant ! Avec moi, mais aussi avec les auteurs que j’ai le plaisir de relire et de commenter.
De plus, comme je l’ai dis plus haut, en fermant ce bouquin, une idée m’est venue. J’ai travaillé cette idée en suivant toutes les étapes décrites par l’auteur. Ce que j’envisageai comme une “nouvelle” de fantasy va sans doute devenir un nouveau roman tant les notes que j’ai accumulées me permettent de raconter des choses.
Et notre but, “écrivant/écrivante” est bien là n’est-ce pas ? Notre imagination sans cesse inspirée par le moindre fait, nos rêves sont emplis d’univers et de héros. Nous sommes des conteurs et nos histoires méritent d’être bien écrites.
Je vous conseille vivement la lecture de “comment écrire de la Fantasy et de la Science-Fiction” selon l’avis d’Orson Scott Card.
J’ajoute pour finir que ce livre n’a pas forcément reçu un très bon accueil des amateurs (dans le sens “correct” du terme). On lui a fait le reproche d’être trop loin de vraies explications, de ne pas traiter en profondeur des questions abordées et de donner une image un peu naïve des écrivants (y compris de l’auteur). J’admets tout cela. Mais je dis aussi qu’il existe des ateliers d’écriture pour s’exercer, des manuels plus scolaires pour suivre des pseudo-règles, des sites de “pros” qui distillent au compte-gouttes leurs conseils.
Ici, on a un condensé, une vision des choses et surtout un formidable potentiel d’interrogations pour se lancer dans nos propres recherches. D’où l’intérêt… Je ne cherche pas à faire de l’académique ni à reproduire ce que d’autres ont fait avant moi : je raconte mes histoires… et tant pis si je n’arrive pas à révolutionner le genre
PS : je viens de voir chez Bragelonne qu’ils avaient publié un second livre d’Orson Scott Card du même tonneau : “Personnage et Point de vue“, que je n’ai pas lu. Si quelqu’un a un avis dessus, je serais ravi de le lire : n’hésitez pas à poster un commentaire.