Carte de localisation de Moroni, aux Comores, où un avion de la compagnie Yemenia est tombé en mer avant son arrivée./IDE
La communauté comorienne de Marseille était partagée entre larmes et colère, mardi, après le crash de l’A310 de la compagnie Yemenia, catastrophe “prévisible” à leurs yeux en raison de conditions de vol “déplorables”.
Une soixantaine de personnes issues de la communauté se trouvaient à bord de l’avion qui s’est abîmé dans l’océan Indien. Estimée à 80.000 personnes, la communauté comorienne de Marseille fait de celle-ci la première ville comorienne au monde, la capitale des Comores Moroni ne comptant qu’environ 60.000 habitants
Une cellule d’aide psychologique a été mise en place à l’aéroport de Marignane (Bouches-du-Rhône) pour les familles des victimes, ainsi qu’un numéro d’urgence.
“Ma tante et mon beau-frère étaient dans l’avion, ils étaient partis en vacances pour trois semaines. Je suis venue ici car on est dans le néant, on tourne en rond”, explique à l’AFP Zeina, venue à l’aéroport avec sa nièce.
“Chez Yemenia, ils entassent les êtres humains comme du bétail, sur les vols comme celui qui s’est crashé”, dénonce-t-elle.
“Cet accident, c’était prévisible. J’ai pris un vol Yemenia à cinq reprises. Chaque fois, c’est lamentable de Sanaa (capitale du Yémen, ndlr) aux Comores. Les fauteuils ne sont pas attribués, ils sont déchirés ou dévissés, les bagages tombent”, renchérit Arafa, assistante maternelle de 37 ans qui avait un ami et le mari de sa cousine dans l’avion.
Autour d’elle, les familles arrivent par petits groupes, certaines femmes en costume traditionnel. Très peu s’effondrent en sanglots, retenant leur douleur. La mine grave, ils se réfugient dans les salons mis à disposition.
Dans un des salons de l’aéroport, l’association “SOS voyage aux Comores” vitupère contre les “compagnies poubelles” en demandant aux autorités françaises de “faire la lumière sur cet accident”.
L’association a été créée en 2008 pour réclamer de meilleures conditions de voyage vers les Comores. Elle avait organisé le 11 août une manifestation de 300 personnes à l’aéroport de Marignane. Farid Soilihi, son porte-parole, reproche à la France de ne pas avoir agi.
“Aux Comores, nous sommes tous une famille. Chaque Comorien a un parent dans ce vol”, dit-il.
C’est le cas de Moegni Toahiry, 39 ans. La femme de son cousin était à bord, avec trois enfants de 12, 10 et 8 ans. Devant le consulat des Comores à Marseille, dans le 15e arrondissement, il exprime aussi sa colère.
“On avait tiré le signal d’alarme, ici et aux Comores, mais on ne nous a pas écouté. Je crois qu’on aurait pu éviter cette catastrophe”, lâche-t-il, amer, dénonçant une “non-assistance à un peuple en danger”.
Ils sont plusieurs à dénoncer des billets trop chers et un poids autorisé insuffisant pour les bagages alors que les Comoriens, nombreux chaque été à se rendre “au pays” pour les vacances ou pour un mariage avant le ramadan, voyagent souvent avec des cadeaux.
Ils évoquent des billets à 1.600 euros en moyenne chez Air France avec 25 kilos de bagages autorisés, contre 1.400 euros mais avec 50 kilos de bagages chez Yemenia, argument commercial de taille.
“Moi je prends toujours Air France car j’ai la chance de pouvoir payer. Mais quand on paie aussi cher, on devrait pouvoir transporter un poids conséquent”, souligne Mohamed Hassane, 36 ans, devant le consulat.
A côté de lui, Abdou Issilam, 37 ans, dont des cousins étaient dans l’avion, approuve. “Ma femme devait prendre un vol Yemenia dans un mois, on va changer les billets”, confie-t-il.
A l’aéroport de Marignane, le comptoir de la compagnie Yemenia était fermé mardi matin.
AFP