Légaliser ou décriminaliser la prostitution?
Raymond Viger Dossier PROSTITUTION
Que ce soit Marie-France Bazzo sur Télé-Québec à l’émission Il va y avoir du sport ou encore Denis Lévesque à TVA, les médias nous ont régulièrement servi ce débat un peu réducteur.
Richard Martineau et Stella
On appelle le Franc-tireur Richard Martineau et on l’associe avec l’organisme Stella pour former le clan des Pour la légalisation de la prostitution. Pour leur faire face, le clan des Contre la légalisation de la prostitution, on retrouve des chercheurs abolitionnistes tels que Yolande Geadah ou encore Richard Poulin, membre de la coalition des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLÉS).
Un drôle de débat. D’un côté on se limite à deux positions extrêmes: pour ou contre la légalisation de la prostitution. Pourtant il y existe la décriminalisation de la prostitution. Mais on n’en parle pas. Du côté de Stella, on veut une décriminalisation complète de la prostitution: la personne qui se prostitue, le client, le proxénète, la maison de débauche et toutes les activités reliées à la prostitution. Du côté de la Coalition, leur position est une décriminalisation de la personne qui se prostitue sans décriminaliser le restant de cette industrie.
Confusion des genres
Pouvez-vous m’expliquer comment se fait-il que Stella, qui est contre la légalisation de la prostitution se retrouve aux côtés de Richard Martineau dans le clan des pour la légalisation? Malgré que Stella et la Coalition ont des finalités très différentes, les deux groupes ont deux points énormes en commun: ils sont premièrement contre la légalisation de la prostitution et, deuxièmement, ils sont en faveur de la décriminalisation de la personne qui se prostitue. Au lieu d’avoir un début de chicane, on a ici un bon début de discussion et de partenariat.
Oui! Vous avez bien lu. Un début de partenariat pour deux organismes diamétralement opposé. Parce que les politiciens se sont questionnés à plusieurs reprises pour faire passer une loi pour légaliser la prostitution. En unissant leur message, en montrant leurs points communs et ensuite de montrer leurs différences, ils ont plus de chance de faire du millage ensemble qu’à se tirer des tomates dans un faux débat créé par les journalistes.
Responsabilité des médias
Les médias ont mis ces deux groupes en opposition. Est-ce que les médias ont mal agit en présentant le débat sous cet angle? Non! Ce sont les deux groupes militants qui ont mal répondus. Ils auraient dû clairement donner leur position contre la légalisation. Et ça, ils ne l’ont pas fait, créant une confusion pour plusieurs.
Les médias ont présenté le débat sous l’angle qui est connu par le public. Le public ne connaît pas nécessairement toutes les subtilités des différences entre légalisation et décriminalisation. Même dans les groupes militants, pour en avoir rencontré plusieurs, certains membres ne comprennent pas eux-mêmes toutes ces nuances et les subtilités entre criminaliser ou décriminaliser la prostitution! Il est donc normal et acceptable que les journalistes nous présentent ce que le public reconnaît. Mais ce sont aux groupes militants de prendre ces occasions pour éduquer et informer le public.
Parce qu’il y a des conséquences et des impacts majeurs à vouloir légaliser la prostitution. Une chose est certaine, même si le message communautaire a souvent été confus sur le sujet, les principaux intéressés sont cependant unanimes: contre la légalisation de la prostitution!