La vie des gens riches : une nouvelle ère commence
Les Investigasteurs Financiers, lesaffaires.com, 30 juin 2009 à 11h42
De nos jours, l'accès à la richesse s'est étalé à toutes les couches de la société. Les personnes ambitieuses et travaillantes peuvent aspirer au statut de ''riche''. Et ce qui est encore plus intéressant, c'est que nous assistons à une conscientisation des riches qui tend davantage vers la répartition des richesses.
Autrefois, il y a des dizaines d'années, beaucoup de pays se tournaient vers le communisme et le socialisme afin d'assurer une subsistance minimale à toute la population. L'idée était simple : le gouvernement gère et possède tout. Ensuite, il redistribue cette richesse de façon équitable.
Malheureusement, bien que l'idéal de cette pratique ait été noble et logique en apparence, les résultats quant à eux ont presque toujours été catastrophiques. Le gouvernement s'enrichissait, et constituait trop souvent l'équivalent de la monarchie d'antan. Il prétendait redistribuer les richesses, mais en réalité, il se les appropriait et formait un cercle fermé de puissants individus qui vivaient dans la corruption et l'extorsion. Le peuple restait pauvre. Et comme il était difficile de s'enrichir sans faire partie de ce cercle fermé, on tuait systématiquement l'ambition. Pourquoi faire autant d'efforts alors que la majorité des gains vont au gouvernement? Par conséquent, la production total du pays s'en retrouvait significativement diminuée. La chute du mur de Berlin en 1990 apporta beaucoup d'informations quant à l'efficacité des deux économies. L'Allemagne de l'Ouest, sous le système du capitalisme, affichait un taux de production par capita beaucoup plus élevé que l'Allemagne de l'Est, qui affectionnait le communisme.
Qu'en pense la population? Et bien, rappelons-nous que si vous étiez né dans un pays communiste, il vous était interdit de quitter le pays. Par contre, si vous habitiez dans un pays capitaliste, vous aviez le droit de voyager. Cette réalité, à elle seule, nous en dit long sur les limites du système communiste. Lorsqu'il faut interdire les citoyens d'émigrer, c'est inquiétant!
Mais, voyons les choses positivement : le communisme s'est avéré une tentative de ramener les inégalités sociales à des niveaux plus raisonnables, alors que dans le temps des rois, les paysans n'avaient aucun droit.
On dit du capitalisme qu'il est le pire des systèmes à l'exception de tous les autres. Que peut-on faire de plus pour améliorer le partage des richesses? (Remarquez que l'on dit ''capitalisme'' alors qu'en réalité, les systèmes en occident sont davantage ''mixtes'' que purement ''capitalistes''.) Et bien, Warren Buffett semble apporter une réponse bien intéressante. Il s'agit de la responsabilisation des riches.
Bon, nous entendons déjà d'ici des commentaires du genre ''c'est facile de donner lorsque l'on est riche'' ou encore ''les riches donnent pour bien paraître''. Mais arrêtons de juger pendant un instant. Il n'est pas facile de donner lorsque l'on est riche, si l'on regarde comment les fortunes ont tendance à se transmettre de générations en générations. Il est commun pour un milliardaire de rendre ses enfants riches, simplement parce qu'ils sont ses descendants. C'était comme cela avec les Rockefeller, les Péladeau, les Walton, etc.
Warren Buffett a toujours pensé que c'était une mauvaise idée de léguer sa fortune à ses enfants. Pourquoi en faire des milliardaires? Qu'accompliront-ils de bien avec tout cet argent? S'en serviront-ils sagement? Bref, Warren a voulu agir autrement que la majorité des riches de sa génération. Il n'y aura pas d'empire ''Buffett'' qui se poursuivra éternellement, ou jusqu'à ce que les héritiers dilapident leur argent bêtement. Il avait l'habitude de dire : ''ce n'est pas parce que vous êtes nés dans le bon utérus que vous devriez être plus choyés que les autres''.
Il a donc décidé de léguer presque toute sa fortune à des oeuvres de charité. Et voici ce qu'il a fait de particulier : il est en train de remettre, sur plusieurs versements, 1 milliard de dollars à chacun de ses enfants. Cet argent doit servir uniquement pour venir en aide à l'humanité. Ses trois enfants ont donc chacun une ou plusieurs fondations, dans lesquelles ils doivent trouver des moyens d'aider le plus efficacement possible, pour des causes en lesquelles ils croient.
Howard Buffett, l'aîné, a choisi l'agriculture en Afrique. Il cherche à combler la faim sur ce continent en élaborant des systèmes d'agriculture viables sur ces terres, tout en apprenant au peuple comment s'autosuffire. Il doit donc aller sur le terrain souvent (en Afrique). Il voit par lui-même la misère et l'extrême pauvreté. Il s'en est fait une vocation.
Voici une vidéo qui traite de son travail : http://www.marketwatch.com/video/asset/howard-buffetts-battle-against-african-famine/5E27627B-B91D-4300-BECA-97CF87DDB015
Peter Buffett quant à lui, est musicien, mais voue du temps à sa fondation, la Novo Foundation. Lui et sa femme s'attaquent principalement aux injustices subies par les femmes à travers le monde. Ils croient que d'importantes transformations auront lieu dans plusieurs sociétés lorsque ces inégalités disparaitront. Ils gagnent chacun 30 000$ par an, à travers la fondation. Ce n'est donc rien pour mener une vie de luxe! Et l'on sait bien que Warren Buffett n'est pas du genre à donner de l'argent à ses enfants (à l'exception des causes humanitaires).
Quant à Susan Buffett, elle s'occupe de la fondation de son père, de la sienne (Susan A. Buffett Foundation) et de Girls Inc. Elle tente d'aider les gens localement, dans son entourage, contrairement à Howard Buffett qui voyage en Afrique.
M. Buffett semble avoir une grande influence sur Bill Gates, dont la fortune équivaut à la sienne. M. Gates a adopté la philosophie de Warren, qui consiste à donner aux gens dans le besoin plutôt qu'à ses propres enfants. Il détient sa propre fondation ''The Bill & Melinda Gates Foundation''. Il y consacre beaucoup de temps maintenant, alors que Microsoft prend de moins en moins de place dans sa vie. Si toutes les personnes riches adoptaient une telle attitude, il est certain que notre monde changerait.
Nous croyons que ce phénomène prendra de l'ampleur. Warren Buffett aura été l'instigateur de ce courant de pensée, et déjà, il influence de plus en plus de personnes. Et heureusement! À eux deux (Gates et Buffett), ils ont 100G$ à offrir. Si vous pensez qu'avec 100G$ vous pouvez accomplir des miracles, détrompez-vous. Comparativement aux besoins planétaires, c'est une goûte d'eau. La clé consiste à utiliser cet argent pour démarrer des projets qui finiront par s'auto-financer. En Afrique par exemple, il s'avère crucial d'impliquer le gouvernement et de le responsabiliser. Actuellement, la corruption prévaut, et plus vous envoyez d'argent en Afrique, plus vous nourrissez le pouvoir de la corruption. Dans bien des cas, l'argent des donateurs d'ici ne se rend pas aux personnes visées. Il est souvent intercepté.
Les Gates vont régulièrement sur le terrain pour voir de leurs propres yeux comment se déroulent les projets. Et encore plus important, ils négocient avec les gouvernements. Le but de l'exercice consiste à inciter les pays en voie de développement à s'organiser et à se prendre en mains. De simples dons envoyés de façon aléatoire ne serviraient à rien. On pourrait presque dépenser 100G$ sans en ressentir aucun impact. Les États-Unis ont injecté plusiseurs billions (1000 milliards) de dollars dans leur économie pour contrer la crise, et il semble que ce ne soit même pas suffisant jusqu'à maintenant. Imaginez combien cela prendrait pour soutenir une population trois fois plus nombreuse, et dont les besoins sont beaucoup plus élevés!