Bruxelles / Paris, le 30 juin 2009 – Selon l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA ou AESA), qui sera rendu public aujourd’hui, sur l’éventuelle réautorisation du maïs MON810, ce maïs ne présente aucun risque ou problème pour l’environnement et la santé humaine. Pourtant, douze Etats membres, dont la France, ont récemment fait part de leur préoccupation à l’EFSA et six Etats membres en ont interdit la culture sur leurs territoires sur la base d’études scientifiques de haut niveau. Le clash entre la Commission européenne et les Etats membres aura bien lieu.
« Une fois de plus, l’EFSA se voile la face et choisit d’ignorer les preuves scientifiques relatives aux effets négatifs sur l’environnement de ce maïs pesticide. Ceci est d’autant plus grave que la Commission européenne, bien loin d’assurer son rôle de gestionnaire des risques et de prendre en compte l’incertitude scientifique, ne se base que sur l’avis de cette seule agence ! L’avis de l’EFSA est donc un feu vert donné à un conducteur sans permis dans une voiture non assurée… Absurde et dangereux ! » s’indigne Rachel Dujardin, chargée de campagne OGM pour Greenpeace France.
Des scientifiques indépendants ont sérieusement mis en cause la qualité du dossier sur le MON810 soumis par Monsanto, ainsi que le travail d’évaluation de l’EFSA. Lors d’une initiative sans précédent, dix-huit ministres de douze Etats membres ont même adressé à l’autorité une lettre expliquant leurs inquiétudes concernant les impacts du MON810 sur les insectes non ciblés. Rien dans l’avis publié aujourd’hui par l’EFSA ne porte à croire que ces éléments aient été pris en compte.
Lors du Conseil européen de l’environnement de décembre dernier, les ministres avaient par ailleurs appelé à l’unanimité à une réforme des procédures d’autorisation des OGM dans l’Union européenne. Les ministres avaient notamment demandé à ce que les impacts à long terme des OGM sur l’environnement et la santé soient d’avantage pris en compte, comme l’exige d’ailleurs la loi européenne. De son propre aveu, l’EFSA n’est actuellement pas en mesure d’évaluer correctement l’impact environnemental des OGM à long terme,. La Commission européenne lui a donné jusqu’en avril 2010 pour se conformer au cadre légal.
« Comment l’EFSA peut-elle donner un avis positif sur la réautorisation du MON810, alors qu’elle reconnaît elle-même être dans l’incapacité d’évaluer correctement les impacts à long terme des OGM ?, s’interroge Rachel Dujardin. Dans l’attente d’une réforme des procédures d’évaluation, cette prétendue autorité doit arrêter de donner des avis sur des plantes transgéniques et la Commission doit cesser de les autoriser ! »
Greenpeace appelle la Commission européenne à prendre en compte les preuves scientifiques relatives aux impacts environnementaux et socio-économiques du MON810. Aucun OGM ne devrait être autorisé tant que leur système d’évaluation n’a été entièrement revu et que l‘EFSA est dans l’incapacité d’en évaluer correctement les risques.