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Les témoins sont partout. A la télévision, la radio, ou dans la presse écrite, rares sont les lieux de l'information moderne qui ne mettent pas en scène des personnes qui viennent témoigner de ceci, attester de la véracté de cela, ou pire, donner leur avis.
Lorsque j'étais étudiante en communication, je travaillais aussi dans une chaîne de télévision privée, et mon job consistait à préparer et organiser le journal télévisé. C'est ici que j'ai découvert que lorsqu'il n'y avait, genre, rien à dire ou qu'il n'y avait pas d'image, on envoyait un JRI (Journaliste Reporter d'Images) faire un micro-trottoir. Le principe est ici toujours le même : tu prends des gens qui sont pour, tu prends des gens qui sont contre, et c'est bon, tu as ton reportage de 50 secondes. Et ça marche pour chaque média, et presque chaque sujet.
Selon le dictionnaire, un témoin est une personne qui a vu ou entendu une chose et qui pourrait donc attester de sa réalité. Ce qui est ennuyeux, c'est que la plupart du temps, lorsque les médias ont recours au témoignage, les personnes à qui l'on donne la parole ont le plus souvent un avis à donner, avis qui n'a pas grand intérêt. Alors, de quelle réalité ces personnes viennent-elles témoigner ? Peut être simplement de leur réalité, celle qui permet aux médias de dire à leur public quelque chose du genre "si des "vrais gens" viennent parler, c'est que tout cela est vrai".
La parole profane a souvent eu bonne presse dans la presse, mais l'on constate que l'usage de cette parole est de plus en plus lourd, ce qui n'apporte rien à la qualité du discours informatif. Encore un exemple ce matin sur Europe 1, Jean-Marc Morandini explique que ce soir, il y aura 130 millions d'euro à gagner à l'Euro-million. Dès lors, la question (essentielle) du jour est : Est-ce que c'est bien ou est-ce que c'est indecent ? Ce qui est indecent, c'est lorsque les médias se moquent de leur public.