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Etats généraux de la bioéthique

Publié le 30 juin 2009 par Scienceblog

Une petite réflexion au passage sur ces maudits états généraux. Je ne m’intéresse pas franchement aux décisions prises par un panel représentatif de la population Française, mais plutôt aux aspects liés à la démocratie participative, aux liens science et démocratie, etc.

Bon, un petit rappel s’impose. Pour plus d’info, http://www.etatsgenerauxdelabioethique.fr. L’objectif principal est de permettre (c’est au frontispice du site) de “Réfléchir ensemble au sens à donner aux progrès de la médecine, au service de l’homme”.  Je sens que je vais encore me moquer … Il s’agit de rassembler un panel d’individus dans plusieurs villes. La procédure est ainsi faite :

  • d’abord, 15 jours de formation sur le sujet pour les panelisés, ce sont des personnes comme vous et moi, des citoyens qui s’intéressent au sujet. L’objectif est de leur donner une formation générale en médecine et biologie
  • au bout de ces quinze jours, ces personnes écrivent des questions, celles-ci étant filtrées puis présentées à un panel d’expert lors des débats publics (qui sont retransmis par vidéo sur le site ci-dessus nommé)
  • les experts répondent bien sympathiquement, sûrs de leurs savoirs
  • au final, les panelisés écrivent un rapport qui est présenté devant les états généraux nationaux, donnant lieu à un rapport qui avait pour objet d’être d’accord ou non avec les orientations générales de la loi de 2004.

Bon, c’est bien sympa tout cela, mais plusieurs choses me tourmentent :

  • Pourquoi ce qui est défini comme un débat par le site n’en sont finalement pas du tout ? en regardant les fameux débats filmés, on se rend compte que les questions sont préécrites, choisies, puis l’animateur décide qui va poser sa question. Un ou plusieurs experts répondent alors, mais en aucun cas, on ne peut avoir d’autre rapport avec l’expert que celui de la demandede l’ignorant et de la réponse du savant. Face à l’expert, on est demandeur. Mais ces experts sont juges et parties, puisqu’ils sont pour la plupart médecins, qu’ils pratiquent, et que, lorsqu’on permet de critiquer leur jugement, ehbien ce ne’st pas  possible. Alors, où est le débat ?
  • Pourquoi la procédure conduisant à l’élaboration d’un dossier est-il organisé par l’IPSOS, institut de sondage, et pourquoi refuse t’il de donner avec précision, clarté et transparence la totalité de la procédure de choix du panel, de l’organisation des réunions préliminaires, du choix des experts (pourquoi les experts ne sont pas définis par les panelisés par exemple), etc. En confiant à un istitut de sondage une telle procédure, c’est une opinion qu’on s’attend à trouver, pas un choix démocratique
  • Selon Damien Philippot, directeur d’études à l’IFOP, (vidéo sur dailymotion) il s’agit d’un jury citoyen. Mais en quoi en est-ce un ? En quoi ce jury qui n’a pas de possibilité autre que de poser des questions et d’attendre des réponses, es- il capable, plus qu’un autre, de délibérer ? Lors d’un jury dans une cour d’assises, le jury ne parle pas, écoute, mais il existe quelqu’un en charge de faire fonctionner un débat autour de la culpabilité présumée d’une personne. Puis, le jury délibère, c’est-à-dire qu’il discute et débat afin de savoir dans une consultation collective, si la personne est coupable ou non. Cette délibération fait intervenir l’opinion de chacun. Il s’agit d’un procédé très démocratique, car les opinions des uns et des autres produisent un choix collectif.

Quelques panelisés ont été interviewés : selon eux, aucune procédure collective de groupe n’a été mise en place, aucune phase de mise en commun n’a été organisée, aucun échange d’emails n’a été permis. Quel est ce groupe qui n’existe pas ? Comment des individus qui donnent leurs avis individuellement peuvent donner une réponse collective ? Le fait de confier la tâche organisationnelle à un organisme de sondages n’est elle pas à mettre en cause ? L’IFOP a collecté des opinions comme il le ferait pour n’importe quel sondage, mais n’a pas permis l’émergence d’un choix démocratique.

Une petite googleisation des etats généraux permet de se rendre compte que tout le monde n’est pas dupe : du nouvel obs à rue 89 en passant par le monde2, etc., et même la croix, tout les commentateurs s’accordent à penser que ces états généraux sont des coups d’épée dans l’eau, voire un super coup de comm. D’ailleurs, ils ne remettent pas en cause la loi de 2004, preuve que la populace, le grand public valide les choix faits par le gouvernement : c’est beau, non ?

Il existe depuis plusieurs années des sites citoyens qui parlent de science, tentant de faire émerger des débats; je pense à Science et Démocratie (qui malheureusement s’essouffle), débats science société, forum science et démocratie. Revenez-y régulièrement, car c’est souvent intéressant. Mais ces états généraux de la bioethique (et les états généraux ondes, santé et société sont surement du même acabit!), c’est vraiment de la rigolade : et tant qu’on y est, allez également vous moquer de Hughes Dreyssé et son très fameux site Science citoyen : les mêmes maux produisent les mêmes effets, c’est à dire du vide avec de la merde autour !!

Et puis, je reviendrai probablement sur ces rapports sciennce et démocratie, qui se retrouvent finalement associés aux rapports de pouvoir qui existent depuis beaucoup plus longtemps entre les savants et les ignorants. Qui a le savoir et le langage, qui a sa bonne foi ignorante, mais qui doit faire respecter ses choix ? La question est surement là.


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