Le Président de la République devant le congrès de Versailles, mais également au cours de son voyage éclair aux Antilles, plus localement les Présidents de conseils régionaux, de conseils généraux, les élus de base, commencent un débat sur la réforme de l’organisation des collectivités territoriales qui trouvera sa conclusion à l’automne. Hier en séance plénière, à Dijon, devant le Président et de nombreux élus du Land de Rhénanie-Palatinat , jumelé à la Bourgogne depuis de nombreuses années, il n’a pas manqué d’être initié.
Ce débat pourrait laisser indifférents nombres de nos concitoyens, surtout s’il s’engage sous une forme polémique avec des élus en place uniquement préoccupés de sauver leurs avantages ou de critiquer le gouvernement par réflexe pavlovien.
Il y a belle lurette en effet que beaucoup de citoyens pourtant soucieux du « collectif » ont abandonné l’espoir d’y comprendre quelque chose dans l’enchevêtrement des différentes « compétences » ; exercice d’autant plus difficile qu’outre celles déléguées par la Loi, chaque assemblée, départementale ou régionale, mais également les intercommunalités, les pays etc. sont en capacité de se saisir de presque tous les sujets et dossiers. Il en résulte souvent des compétitions de communicants, chacun s’empressant de démontrer qu’il fait plus et mieux. On en arrive ainsi souvent à la cacophonie et aux « croisements » financiers pas toujours efficaces. L’inflation administrative, outre son coup élevé, rend les circuits d’instruction des dossiers très compliqués . Ajoutez à ce pastis les luttes claniques et partisanes et vous pouvez même obtenir une espèce de paralysie ou de sur-place, chacun accusant l’autre. Les éternels « donneurs de leçons » s’en réjouissent et donnent dans le : C’est pas moi , c’est l’Etat … C’est le département qui ne suit pas … C’est Paris qui ne paye pas assez ! C’est Bruxelles ! etc.Tant il est vrai qu’il est toujours plus facile de désigner des boucs émissaires que d’assumer ses propres responsabilités. En face de nos amis Allemands en visite à Dijon, la France apparaît peu décentralisée. Les Etats européens voisins, Allemagne, Italie, Espagne donnent généralement de plus grandes libertés d’actions à leurs régions souvent plus vastes d’ailleurs, voire ont une structure clairement fédérale ou autonome. La « décentralisation » à la Française, véritablement engagée dans les années 80 avec la Loi Deferre, a souvent été l’objet de débats très polémiques.
Reconnaissons les avantages que nos régions et leurs habitants ont pu tirer de ces réformes du début du septennat de François Mitterrand : développement plus adapté des grandes métropoles urbaines, rénovation considérable des lycées et des collèges, plus récemment organisation des transports régionaux en partenariat avec la SNCF etc., les exemples pourraient être multipliés. Il n’est donc pas question à mon sens, de remettre en cause ces progrès, mais plutôt de reconnaître qu’il faut maintenant, aller plus loin en simplifiant, en rendant les responsabilités plus lisibles, plus compréhensibles par le plus grand nombre et plus efficaces à un moinde coût pour le contribuable. Au delà de l’efficacité et des économies, il y va aussi du bon exercice de la démocratie : il sera possible de mieux mobiliser les électeurs sur des enjeux dont ils comprendront mieux la géographie.
N’en doutons dans les débats de l’été et de l’automne qui vont agiter le petit monde des élus, les ambitions personnelles les sous-entendus partisans du moment à l’occasion de la proximité des élections régionales du printemps prochain ne manqueront pas de polluer une réflexion qui devrait être sereine. Mais au delà des enjeux personnels pour les élus, nous devons comprendre qu’une nouvelle étape de la décentralisation est à franchir, pour la rendre plus démocratique, plus performante, pour privilégier les complémentarités et gommer les « compétitions » de mauvais aloi. Les élus locaux concernés doivent l’être par l’ensemble des dossiers d’une région. Ils doivent être sans doute moins nombreux mais plus impliqués. Les strates administratives nécessairement consultées seront réduites et plus « économiques » ; l’euro investi doit être producteur de richesses supplémentaires et ne pas s’engloutir en partie dans un fonctionnement surdimensionné et se galvaudant dans des compétitions d’influence inutiles.Réussir cette nouvelle étape des modalités de gestion de nos régions et de nos collectivités territoriales n’est pas un mince enjeu d’avenir.