Il y a le MAMCO, le MOCA, le MACBA, le MACM, le MAMAC de Nice, le MAC de Marseille et celui de Lyon, le SFMOMA de San Francisco, et le MOT de Tokyo. En Italie, où l’on a décliné le nom de manière un peu plus imagée, c’est le MACRO à Rome. Et à Naples, qui possède un certain sens de l’autodérision, c’est le MADRE.
Cette introduction n’a qu’un lien réduit avec la suite, et visait seulement à évoquer une œuvre justement conservée au Madre. C'est La Barra d'aria (1969-1996) de Giuseppe Penone.
Il s'agit d'une colonne de cristal implantée horizontalement dans la vitre d'une fenêtre.
En soi, ce n'est pas spectaculaire.
Mais si l'on s'approche et que l'on tend l'oreille, alors tous les bruits extérieurs parviennent jusqu'à nous. Ils parviennent déformés: mêlés aux rumeurs internes de l'oreille, amplifiés et pulsant au gré des longueurs d'ondes dont on perçoit les vagues montantes et descendantes.
Or, les bruits de Naples, ce n'est pas rien. Ce sont des vrombissements de scooters, des klaxons, des ballons de foot qui rebondissent, des cris permanents et des cloches qui chantent l'Ave Maria. (Même la nuit, pendant le nocturne du Madre.) Transformés par la "Barra d'aria", ces bruits semblent venir d'au-delà des mers.
Cette oeuvre est l'une des premières par lesquelles Penone a fait de l'art l'instrument d'un lien poétique avec le monde extérieur (ce qui, d'ailleurs, est l'un des rôles de l'art en général), à la fois instrument de musique et outil scientifique.
Voilà. Cette oeuvre me semblait en harmonie avec le soleil et l'envie que l'on peut avoir, ces temps-ci, de se tourner vers les autres et vers le monde.