Magazine Amérique du nord

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde

Publié le 30 juin 2009 par Kylar

Jeudi 22 mai 2008, 10 heures
Un petit trajet en bus, via Franklin Street, nous entraîne au croisement entre Van Ness Avenue et California Street. Si vous voulez "voir" par vous même, et encore une fois je remercie les caméras de Google, suivez ce lien. Regardez bien, dans l'ombre, il y en a un qui est là, à l'arrêt ! Mais de quoi parle-t-il donc, me direz-vous ? Ne vous posez pas de question, et grimpez ! Et s'il n'y a pas de place à l'intérieur, ce n'est pas grave, au contraire, il y en a sur les marchepieds, c'est encore mieux pour ce qui va suivre, faites moi confiance.

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
Dans le Cable Car pendant la descente de California Street


Bien entendu, et vous vous en doutez, je veux vous parler aujourd'hui d'un incontournable pour les touristes de passage à San Francisco, une véritable attraction, c'est le fameux Cable Car. Vous l'aviez déjà aperçu dans un article précédent où je vous faisais découvrir les rues de San Francisco.
La descente de California Street vaut le détour. Consacrez-y un quart d'heure lors de votre passage. C'est vraiment un minimum, et vous ne le regretterez pas ! Ces tramways à câble sont de véritables pièces de musée. Et ce qui est frappant, une fois à l'intérieur, c'est l'archaïsme du système.

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
Intérieur de cette vénérable pièce de musée qu'est le Cable Car


Un autre détail étonnant, c'est l'odeur de bois brûlé qui se dégage, principalement aux arrêts. En fait, si vous voulez, je vous explique en quelques mots comment tout cela fonctionne.
D'abord l'idée. Nous sommes en 1869, Andrew Smith Hallidie assiste, médusé, à un accident de la circulation. Il a plu, les pavés des rues pentues sont très glissants. Un attelage vient de se renverser vers l'arrière. Les cinq chevaux qui le tractaient sont morts, écrasés sous la lourde charge. Le père d'Hallidie, un anglais, avait déposé un brevet pour la fabrication de câbles. Cela donne ainsi à son fils une idée qu'il va d'abord tester. Il s'est déjà servi lui-même de tels câbles pour la construction d'un pont suspendu sur le fleuve Sacramento. Et il en a également trouvé une autre utilisation en tractant les wagons de minerai dans une mine souterraine.

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
Descente de California Street : à gauche, Chinatown et, en face, un des piliers de Bay Bridge
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Le 2 août 1873, il lance son funiculaire/téléphérique, sur la colline de Nob Hill, à partir du carrefour entre Clay Street et Jones Street. Et c'est concluant, puisque dès début septembre, on commence à construire cette ligne pour ainsi remplacer la traction animale par des câbles enterrés sous la chaussée. Ensuite les lignes de Sutter (1877) et de California (1878) sont mises en exploitation. Et cela va permettre l'extension de la ville sur les collines et la construction d'autres lignes. Ainsi est né le tramway à traction par câble, autrement dit Cable car on rail, en anglais.

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
Un système archaïque, mais qui fonctionne toujours !


La technique ? Un câble sans fin enterré sous le niveau de la rue, une poulie à chaque extrémité, en haut et en bas, avec un moteur unique qui entraîne en permanence le câble à la vitesse constante d'environ 15 kilomètres/heure. Les véhicules, guidés par deux rails, s'agrippent au câble à l'aide d'un pince, pour monter les pentes ou sont en roue libre pour les descendre.
Le mécanicien, qu'on appelle fort justement gripman, relâche le câble aux arrêts. Il actionne bien sûr les freins qui sont en fait constitués de cales en bois, et qui s'usent très vite, bien entendu. Sur cette ligne, à l'arrivée au terminus, il descend de son poste de pilotage, et passe à l'autre extrémité de la voiture et de l'autre côté de la voie grâce à un simple aiguillage et c'est reparti ! Sur les deux seules autres lignes qui subsistent, les voitures n'ont qu'un poste de pilotage. Elles sont donc retournées, à la main, à l'aide de plaques tournantes ! Enfantin, somme toute, non ?

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
Oui, Hervé, nous sommes tous bien descendus. Pourtant on aurait bien aimé faire un deuxième tour...


Ce système a commencé à être remplacé en 1892, lors de la mise en place de tramways électriques, alimentés par des câbles aériens. Lors du tremblement de terre de 1906, la plupart des lignes de Cable Cars ont été détruites et ont été remplacées par ces tramways électriques. puis par des bus. En 1947, le maire de l'époque tente de faire supprimer définitivement ce type de transport.
Mais, sous l'égide de Friedel Klussmann, un comité se crée alors bien vite pour en demander la sauvegarde. Un vote largement majoritaire a lieu qui oblige la ville à entretenir et à continuer à exploiter la Powell Ligne. Cette femme a réussi, par sa persévérance, à faire préserver trois lignes, car elles faisaient déjà partie du patrimoine historique de la ville. L'ensemble a été restauré et révisé dans les années 1980. Et c'est pour notre plus grand plaisir !

Le Cable Car, le seul monument historique mobile au monde
101 California Street


Pour la petite histoire, chaque année est organisé un concours entre les gripmans (parmi lesquels une femme, sachant que le métier est vraiment très physique) pour savoir lequel fait le mieux tinter la cloche de son Cable car ! Folklore quand tu nous tiens !
Sachez aussi que le Cable car circule tous les jours entre 6h30 et 23h30 et que sa fréquence est d'environ 12 minutes. Il faut savoir qu'en pratique, seuls les touristes empruntent ce moyen de transport, qui n'est pas des plus rapides, ni des moins chers. C'est sans doute pour ces raisons que seules subsistent trois lignes. Outre celle-ci qui relie Van Ness Avenue à Market Street, il y a Powwell/Hyde et Powell/Mason (voir le détail des lignes).

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Transamerica Pyramid, vue depuis California Street


Avouez que nous avons bien fait de faire ce petit trajet tout de même impressionnant dans une des rues pentues de San Francisco. J'en ai même un peu oublié de vous dire ce que nous avons vu d'autre, sur le parcours... Grace Cathedral et Nob Hill, Fairmont Hôtel, Chinatown, et pour terminer tous les gratte-ciels du Financial District.
Il est dix heures trente, et nous retrouvons notre bus qui nous attendait quelques rues plus loin. On continue ?


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