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Impressions de Buenos Aires

Publié le 20 juin 2009 par Notretour

Nous avons donc passé presque un mois à Buenos aires, et bien sur c’est trop peu. Nous commençons tout juste à comprendre les codes argentins, ne pas avoir l’air surpris quand le médecin fait la bise avant la consultation. En fait, ici, tout le monde fait une bise, bien claquée sur la joue et l’on est attrapé à l’épaule par l’autre bras, hommes femmes enfants, c’est la même pour tous. C’est surtout Rémi qui a été le plus surpris par la bise qu’il reçoit des autres hommes, mais il s’y fait vite. Nous n’avons pas tardé à découvrir que les portenos, les buenos airiens, sont vraiment des gens chaleureux et accueillants. Tout est prétexte à faire un brin de conversation, ou tout simplement nous appellent ‘chicas’ et ‘chicos’ même pour acheter du pain. Et puis aussi ils sont un peu, même beaucoup, Italiens. En fait, ça nous a pas mal perturbé, et il  n’est pas facile d’apprendre l’espagnol dans ces conditions. Ils parlent avec les mains avec un fort accent Italien. Alors moi je mets des ‘tropo’ des ‘domani’ un peu partout. Mais surtout ils sont Latins jusqu’au bout des ongles. Il existe bien une galanterie Latine, même si chez nous c’est devenue un peu un mythe! Dans le bus de BA une dame et son Bébé ou enfant ne reste pas plus de 10 secondes debout, il est en de même pour des personnes un peu âgées. Et quand à moi, des hommes m’ont proposé leur place. Il est vrai aussi que les couples Latins sont très démonstratifs. Nous sommes loin de notre expérience Asiatique où ça ne se fait pas de se tenir la main dans la rue, se faire la bise est un geste inexistant, et s’embrasser sur la bouche, non, c’est inconcevable! Ici pas du tout. Nous sommes passés pour un couple saugrenu au début, et étonnés de voir des hommes renverser théâtralement leur partenaire pour un baiser langoureux au milieu de la rue.

C’est peut être aussi pour cela qu’un ami de fanny et Romain nous a demandé de participer à son petit court métrage. Le film s’appelle Love. Notre rôle fut assez simple, s’embrasser Rémi et moi dans la rue pendant 20 minutes….notre carrière à Hollywood est en progression. Le résultat est tout de même un très beau petit film. Tout ces ingrédients font de BA une ville qui pétille qui fait du bruit et s’agite. Une Joyeuse cacophonie où chacun y trouve sa place.

Pendant tout ce temps nous habitions donc chez Fanny et Romain dans leur maison du quartier de Palermo. BA est une grande ville constituée de plusieurs quartiers, une ville dans la ville. Ils sont assez différents les uns des autres, plus ou moins business, habitations, bar… Celui de Palermo est le plus agréable. Des petits immeubles de deux étages, rarement plus. Des façades de 1900 bien restaurées, beaucoup de couleurs. Surtout moins de circulation, des petites rue calmes. Des terrasses de cafés partout des galeries d’arts de jolies boutiques. Un vrai village. On l’a compris c’est un quartier bien à la mode depuis 2 ans, ça a des désavantage aussi. Les cafés et restaurants et boutiques à la mode se sont emparés des immeubles décrépis pour les redorer. C’est sûr, c’est bien plus joli comma ca, mais cela manque peut-être un peu d’authenticité, un peu de poussière… Pourtant au cœur du quartier il reste un irrésistible, un peu comme le village d’Asterix. Un vieux vieux bar de quartier tenu par deux grand-père. Ici pas de jolis rideaux ni de nappes ou de bougies. Un bon vieux néons des chaises dépareillées et des toiles cirées. On sert le café dans une grande tasse ébréchée, le pot à lait est en inox et le grand-père sert la lait avec la peau du lait… Pas de mousse. On peu aussi venir pour l’apéro, prendre un petite bouteille de rosé frais et le grand-père nous prépare des petits sandwichs avec les merveilleux jambons qui sèchent au plafond. Miam. Une vraie régalade! ce petit bar occupe un angle de rue, et c’est une place stratégique ici. En effet, la ville de BA et aussi le quartier de Palermo sont construits sur une base de quadra. Un quadra est un pâté de maisons, parfaitement carré. Etant donné qu’il peut y avoir des rues de 7 000 numéros ou plus encore, on comprend bien l’importance de se repérer par rapport à l’angle de rue. Car ici se tromper dans la hauteur de rue peut-être fatal au niveau de la ponctualité pour rejoindre ses amis. Ainsi les grand-pères reçoivent beaucoup de propositions de rachat à des prix défiant toute concurrence, mais non, il en est hors de questions, ils ne bougeront pas de là. Ils commencent d’ailleurs à être connus dans le coin et ont déjà quelques articles dans les journaux de la ville.

Les habitant de Palermo sont très Bobo mais il reste tout de même des ‘vrais’ plus ou moins sympathiques. Il y a les grand-pères sympas et aussi les voisins aux habitudes pas très citadines. C’est le cas de leur voisin de cour. Pour comprendre la petit histoire de cette cour il faut décrire les habitions de Palermo. Les habitations ont toutes la même largeur de façade de 8,2 mètres et derrière s’aligne les différentes demeures, comme un grelot de saucisson. On les appelle ‘maisons chorizo’. Il y a donc un couloir extérieur qui dessert les demeures, qui possèdent toutes une cour privée. Le voisin de cour de Fanny et Romain est resté un grand fan de Parilla, le barbecue local, et plus que ca, une institution! Il nous fait donc profiter de cela agréablement et enfume sans soucis la maison. Et oui ici c’est pas la pampa il y a moins d’espace. Fanny et Romain ont beau lui expliquer que ca n’est pas très sympathique, mais rien à faire à cela, le voisin rétorque qu’il est Argentin et que un Argentin ca fait des Parilla. Basta.

Buenos aires est une ville d’art. L’art est partout il y a des musées des galeries des concerts, chaque portenos semble doué pour un art quelconque. Un des lieux d’expo que nous avons particulièrement aimé est la fondation Proa, à l’autre bout de notre ville, le long des docs du quartier de la Boca. C’est un ancien entrepôt reconverti et consacré à l’art moderne. Il y a peu, s’y est tenue la plus gd expo de Duchamp. Nous avons vu une expo photo d’artistes allemands, Andreas Gursky, Candida Höfer, Axel Hütte, Thomas Ruff, Thomas Struth, sur le thème de l’urbanité.

La Boca c’est le Montmartre local. Ce fut le premier quartier ou les émigrants italiens arrivèrent. Très pauvres ils construirent des maisons de brics et de brocs avec des tôles et autres matériaux. Mais surtout ils ont peints ces petites maisons de toutes les couleurs, avec la peinture qui servait à peindre des cargos. C’est donc un quartier qui éclate de couleurs primaires. Le bleu le rouge le jaune le vert. Cela attire beaucoup de touristes aussi car il y a le stade, le stade de la boca, de Diego! Nous n’avons pas eu la chance de rencontrer Diego, mais des sosies, et au moins nous avons des aimants achetés au magasin de souvenirs en face. Jouxtant les rues touristiques il y a un favelas, avec ses rues de terre, et toute sa misère que tous s’efforcent de cacher. Il est déconseillé aux touristes de dépasser un certain point de la rue. Comme dans beaucoup de villes, il y a les disparités qui dérangent, que tout le monde voudrait oublier. Et ici les disparités sont bien grandes.

BA c’est aussi le tango, on en parle partout et ils sont partout. Dans le quartier de San Telmo il y a le dimanche un marché très populaire. C’est ici que les danseurs de tango et musiciens viennent faire leurs preuves. Il y a donc dans la rues des pianos, de vrais, des vieux en bois, des violons et de bandonéons. Piazzolla est la grande star et est repris très souvent. Devant ces groupes de musique il y a les danseurs. C’est très amusant de voir leurs visages et leurs expressions, d’amour de domination, de colère. Au début le tango se dansait entre hommes ce qui nous explique tout. C’est une dance très oscillante entre une rythmique de querelle et d’amour.

BA est donc aussi une ville de la musique, de la bossa au tango, la guitare est reine ici. Rémi ça, il l’a bien compris. C’est avec son complice Romain qu’ils ont parcourus la ville pendant une semaine, à la recherche DU luthier. Celui qui serait capable de faire une guitare classique et de les faire vibrer. Ils se sont perdus dans les rue bruyantes de Centro où s’alignent les maisons de luthiers. Ils ouvrent tous les étuis et les essayent toutes, mais en vain. La guitare de leur rêve n’est pas là. Ils utilisent la dernière possibilité. Yacopi, Luthier de père en fils. Les ateliers sont installés en banlieue, dans la maison familiale. Ici c’est la caverne d’Ali baba. Il y a des copeaux de bois par terre, des guitares éventrées, des morceaux de caisse, et à l’écart de ce champ de bataille, il y a un petit caisson où sont enfermées les guitares, dans un taux d’hygrométrie parfait. Alors vient le calme, les odeurs de bois montent à la tête. Elles sont alignées, rutilantes. Les marqueteries impeccables. La couleur des bois indique les différentes qualités et résonnance de la guitare. Les mains dessus, c’est un moment de bonheur, les notes s’envolent le bois vibre. L’art est la. Maintenant il faut choisir la guitare. Ca se complique. Un peu comme moi dans la meilleur pâtisserie de Paris… Rémi ne peut pas tout prendre. Il est bien tenté par la plus grosse, celle qui est toute claire. Mais la petite demie caisse à pan coupé et le dos sombre lui fait de l’œil. Après une longue concertation d’une nuit il se décide sur la petite. Le lendemain soir la voila, en train de vibrer dans le salon de Romain et Fanny. Et romain? Il n’a pas eu sa guitare lui! C’est donc Fernando Yacopi qui se déplacera à plusieurs reprises pour lui montrer les différents modèles. Il est aussi venu car la petite de Remi avait quelques problèmes. Après de longs essais il préfère en changer pour une autre. Il choisi une guitare antique, faite en 1980 (comme Rémi) par le père Yacopi. Ce n’est pas une demie caisse ni pan coupée, elle est très classique et a un son très voluptueux. Romain trouve aussi son bonheur et il a enfin sa chère guitare et prépare ses gammes de Bossas. Et pendant ce temps Fanny chante, et moi je tente d’agiter un œuf rempli de sable pour faire le rythme. En effet pendant notre séjour Fanny adorait accompagner Rémi et Romain à la guitare, et nous avons découvert une grande chanteuse et passé de longues soirées à travailler nos chansons d’un groupe naissant. Le tube a même été enregistré dans le studio d’un ami, Lucas

Nous repartons de BA, avec quelques notions d’espagnol, des notions de bossa, une chanson enregistrée, une participation à un court métrage, une guitare expédiée à paris avec des bottes de polo, des rêve d’achat de campo, des envies de vivre comme Florent Pagny, des discussions endiablées, et tellement encore. Nous repartons sur la route reposés, et en ayant pris du recul par rapport au voyage déjà passé. C’est un peu un deuxième départ. L’Argentine nous fait des fourmis dans les jambes et nous avons hâte d en découvrir encore plus.


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