C’est un nouveau tabou qui vient de tomber et une nouvelle avancée qui vient d’être faite. En effet, le samedi 13 juin dernier au Buffet de la Gare de Lausanne six hommes et quatre femmes on reçu en présence d’une centaine de personnes proches des handicapés leur diplôme d’ « assistants sexuels » décerné après une formation d’une vingtaine d’heures s’étalant sur une année. Le travail de ces assistants sexuels consistera à fournir aux personnes handicapées différentes « prestations d’ordre corporelle et érotique » telles que massages et aide à la masturbation. Il n’est cependant pas prévu que ces assistants sexuels fournissent des rapports sexuels complets. Ces prestations seront facturées au prix de 150 fr. l’heure
Pour les initiateurs de ce projet que sont entre autres la SEHP (Sexualité et handicaps pluriels) et Pro Infirmis c’est un tabou qui est tombé et un premier pas vers la reconnaissance « de l’universalité des pulsions et besoins sexuels fondamentaux de l’être humain, handicapé ou non ».
Pour le Conseiller national écologiste Luc Recordon, l’ « assistance sexuelle est une activité d’intérêt public que le monde politique doit regarder avec bienveillance ». Pour ce dernier, « l’idéal serait bien sûr que les représentations liées au « mystère de l’attirance sexuelle » changent et n’excluent personne ». (Source : 24Heures du 16 juin 2009).
Pour en arriver là il a fallu vaincre quelques réticences, celles des donateurs de Pro Infirmis notamment, dont l’esprit pudibond imaginait mal que leur argent serve à étudier la meilleure manière de prodiguer une fellation à un hémiplégique.
Voilà. Mais voilà quoi ? De la prostitution me direz-vous. D’accord, mais pas n’importe laquelle. D’ailleurs, on peut même supposer que les initiateurs de cette nouvelle profession voient dans la prostitution une forme d’esclavage ou de « violence faite aux femmes » et qu’ils font partie de ceux que rêvent de mettre les michetons en cabane ou, à défaut, de les soigner. En fait, ces assistants sexuels et ceux qui les ont inventés inaugurent une nouvelle forme de prostitution, la prostitution citoyenne, à savoir une prostitution pour la bonne cause, qui lutte pour des droits et contre des discriminations et qui s’invente un tabou pour pouvoir le briser avec fierté en tortillant du fion en n’oubliant pas de revendiquer une reconnaissance pour pouvoir toucher des subventions. En fait rien que de très banal de nos jours.
Accessoirement, on distingue dans cette affaire une des principaux fantasmes modernes, celui d’une sexualité dépouillée de tout négatif qui serait une activité à la fois fun, ludique et thérapeutique, à l’égal du nordic-walking, et bien sûr égalitaire, ce que résume si bien le triste Luc Recordon lorsqu’il prétend vouloir changer les représentations liées « au mystère de l’attirance sexuelle » pour qu’elles n’excluent personne ». On pourrait rappeler à ce dernier qu’est désiré ce qui est déjà désiré, d’où toutes sortes de problèmes dont la littérature fait état depuis quelques siècles si ce n’est quelques millénaires, mais passons, cela nous entraînerait trop loin.
Mais dans le fond, et même si ses protagonistes n’en ont pas vraiment conscience, la création des ces assistants sexuels n’est qu’un exemple de plus de cette propagande permanente dont nous avons parlé dans un précédent article.
On y retrouve en effet l’habituelle structure « tabou brisé » - « avancée » et « nécessité d’aller plus loin ». En fait, les initiateurs de cette profession se fichent éperdument des besoins et des désirs des handicapés. Cette opération n’est que pure idéologie et n'a consisté pour ses initiateurs qu’à briser un tabou inexistant, revendiquer de nouveaux droits et montrer qu’ils sont dans le camp du Bien. A l’heure qu’il est ils doivent déjà être en train de plancher sur leur prochaine « avancée », on attend le résultat avec une certaine impatience.