Ainsi, le gouvernement, à l'initiative du Président de la République va lancer début 2010 un emprunt national dont personne ne connaît le montant ni les modalités, ni d'ailleurs le taux de rémunération.
Mais François Fillon nous explique qu' : "Il permettra de "dessiner la France de l'après-crise" avec "de grands projets d'avenir", a-t-il affirmé, en soulignant qu'il ne s'agissait pas "d'un deuxième plan de relance"
Clairement : Le gouvernement nous présente un nouvel exercice rhétorique destiné à masquer "la misère" du même tonneau que la "croissance négative" de Chritine Lagarde ...
Philippe Seguin au nom de la Cour des Comptes, n'y va pas par 4 chemins. Il : " a averti qu'"à répéter que les caisses sont vides, il ne faudrait pas accréditer l'idée, paradoxale, qu'elles sont inépuisables"
En soit, emprunter n'est pas une mauvaise chose, sauf si l'emprunteur est déjà lourdement endetté et même surendetté ...
Définition du surendettement trouvée sur le site de la DCCCRF
La distinction entre endettement et surendettement est importante. Avant le surendettement, il y a presque toujours un endettement mal contrôlé. Des solutions existent pour enrayer la détérioration d’une situation financière, dès la survenue des difficultés de remboursement et avant même les premiers impayés.
Solutions que le Président semble ignorer puisqu'il va utiliser la vieille méthode des surendéttés : A savoir, trouver de l'argent frais pour continuer à garder le même train de vie.
Va t-on s'acheminer vers un refinancement de la dette au travers de l'emprunt comme l'on fait récemment deux grandes entreprises françaises ?
Lafarge et Saint Gobain, tous deux spécialisés dans les matériaux de construction, ont chacun annoncé un refinancement de leur dette lundi 15 juin. Le premier a lancé une nouvelle émission obligataire de 750 millions d'euros, venant compléter celle d'un milliard d'euros du 18 mai et l'augmentation de capital en février. La dette nette consolidée du groupe était évaluée à 17,68 milliards d'euros à la fin du premier trimestre 2009. Le groupe a aussi mis en place un programme de désinvestissements d'un milliard d'euros pour l'année 2009 et a ainsi déjà cédé 230 millions d'euros d'actifs.
Le second a trouvé une autre solution pour refinancer sa dette et table sur un crédit renouvelable (revolving) obtenu auprès de 24 banques pour un montant de 2,5 milliards d'euros. De quoi refinancer « l'intégralité de sa dette long terme venant à échéance d'ici à fin 2010 », estimée à 11,7 milliards d'euros à la fin de l'année 2008. Le groupe avait réalisé une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros et deux émissions obligataires de 1,75 milliard d'euros au total - Source Usine Nouvelle
En tous cas, au gouvernement on compte bien "ratisser" l'épargne des français au nom de la confiance que ceux-ci accorderaient à l'équipe qui dirige la France : "La France a la chance d'avoir une épargne privée très importante. Les Etats-Unis et l'Angleterre sont beaucoup plus endettés que la France mais en plus, les ménages sont également endettés" confie Patrick Devedjian
Problème : Cette épargne, réalisée par les français, ne peut être "réquisitionnée" comme l'aimerait Messieurs Devedjian et Fillon !
Afin de convaincre les français de la future "bonne utilisation" de leur épargne ainsi recyclée, François Fillon nous fait, sur le sujet, un discours de vendeur de voitures "d'occasions maquillées" : "Samedi le Premier ministre avait réaffirmé devant les cadres de l'UMP que jamais ils (le gouvernement) n'accepteraient que "l'on finance des dépenses courantes, des dépenses de fonctionnement avec un emprunt qui consiste au contraire à associer les Français à l'effort de relance de l'économie". Et à "ceux qui pensent que l'emprunt pourrait être une solution de facilité pour résoudre tous les problèmes", notamment dus aux "déficits qui pèsent sur les comptes", François Fillon leur avait indiqué qu'ils se trompaient"
Lorsqu'on connaît la parole des politiques concernant l'affectation de fonds vers des destinations non prévues ou la modification des durées initiales que la situation impose : Montant de la vignette automobile affectée aux personnes âgées, Abandon de l'abondement du fonds de réserve des retraites, la CRDS créée par Alain Juppé pour une durée de 13 ans et qui devait disparaitre le 31 janvier 2008 mais qui a été prolongé par Lionel Jospin jusqu'au 31 janvier 2014 puis abrogée et prolongée jusqu'à extinction de la dette par Philippe Douste Blazy, on devient ... méfiant ...
A tel point que, si les français ont constitué une épargne importante, ils n'ont que très peu confiance dans la capacité de nos dirigeants d'en faire bon usage, puisqu'ils sont, selon un sondage (Ifop pour le Journal du Dimanche et M6) : 82% à refuser de souscrire à l'emprunt, contre 17% qui y seraient plutôt ou tout à fait favorables
Interrogé sur le grand emprunt national annoncé par Nicolas Sarkozy, le ministre de la Relance Patrick Devedjian a estimé, dimanche 28 juin sur Radio-J, que : si 17% des Français souscrivent à cet emprunt d'Etat, alors son succès est "assuré". Ne voulant pas s'avancer sur un éventuel montant, il a toutefois estimé que 100 milliards d'euros, un chiffre évoqué dans la presse, serait un montant "trop important" pour cet emprunt. "C'est beaucoup", a-t-il dit.
Soit, mais si 17% suffisent à combler de bonheur nos éminences :
- Nul à ce jour ne sait, qui seront les établissements financiers qui vont accepter de souscrire aux 93% restants ?
- Ni quelles seront leur exigences ?
Pour l'instant, A l'Elysée, Matignon et aux finances : Silence radio !!!!
Néanmoins, concernant "les inquiétudes qui s'expriment dans la majorité sur la dérive des comptes publics", Patrick Devedjian tient à ajouter avec sa "candeur" habituelle : "... / ... que l'emprunt permettrait de "faire face aux dépenses exceptionnelles", de réaliser "des gains de productivité". "Nos emprunts, on les remboursera par un surcroît de croissance et pas par une économie de bout de chandelle", a-t-il affirmé. Le ministre de la Relance a espéré la sortie de crise pour le deuxième semestre 2010, évoquant "beaucoup de petits signespositifs"- Nouvel Obs
Positifs ? L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard semble moins catégorique que Patrick Devedjian sur la sortie de crise : Historiquement, les grandes crises financières entraînent à la fois une perte de production, qui n’est jamais totalement rattrapée, et un ralentissement de la croissance par rapport à la période précédant la crise. Ce qui est sûr, c’est que la sortie de crise devra s’accompagner d’ajustements structurels.
Compte tenu des très nombreuses fermetures d'entreprises et de la désindustrialisation du pays, on voit mal comment le gouvernement va, même avec un emprunt, remettre en route ce qui n'existe plus ... Par contre, on a une petite idée sur ceux qui seront les "ajustements structurels"
En gros, l'Etat va essayer d'emprunter leur épargne aux français pour se comporter comme un joueur de poker qui n'a, au mieux qu'une paire de 8 et s'apprête à "faire tapis"!!
Car lorsqu'on connaît "l'originalité" de la destination de cette épargne, on a de quoi sourire jaune.
Dans la perspective du séminaire gouvernemental réuni ce dimanche à Matignon pour fixer les priorités financées par l'emprunt, Patrick Devedjian a évoqué les investissements dans l'économie verte (isolation des bâtiments, voitures électriques), les biotechnologies, le câblage à très haut débit, le financement des lignes TGV, la filière bois ou encore ... le Grand Paris.
Ce qui signifie des créations d'emplois à long (voir très long) terme et surtout ciblées sur des secteurs où les Bouygues (Grand Paris et isolation) ou Bolloré (Bluecar) sont en pôle position. Un hasard certainement ...
Entre temps, l'Etat "modeste" va sabrer dans TOUTE sa fonction publique (sauf celle qui travaille à l'Elysée et Matigon) en essayer de stimuler la création d'emplois, soit temporaires, soit de haute technologie, mais peu demandeurs en main d'oeuvre.
Mais l'Etat le jure la main sur le coeur : Les "emplois verts" sont la panacée contre la crise de l'emploi !!!
A tel point qu'on se demande si l'expression, si jolie à l'oreille, est bien comprise par nos dirigeants de tous poils ?
Or, ces emplois verts, comme le fait remarquer Terra Eco : "... / ... désignent aussi bien le chef d’entreprise de tissu écologique que l’agriculteur bio, ou le refondeur d’aluminium des faubourgs du Caire. Des situations très diverses avec des revenus hétérogènes et des niveaux de dangerosité très différents ../ ... "
La réduction des gaz à effet de serre qui seraient selon certaines sources gouvernementales un "formidable gisement d'emplois" (comme les services à la personne qui devaient représenter 500.000 postes nouveaux d'ici à 2008-2009 alors que le nombre en 3 ans atteint 75 000 en "équivalent temps plein" ?)
L'effort pour parvenir à l'objectif européen de réduire de 30% les émissions des gaz à effet de serre en 2020, en cas d'accord international, devrait permettre de créer, en France : 316.000 emplois dans les énergies renouvelables, et : 564.000 autres dans les secteurs d'activités liés à l'efficacité énergétique comme les transports et le bâtiment. Selon le WWF
A comparer avec : "Fin mai 2009, en France métropolitaine, 3.625.600 personnes inscrites à Pôle emploi étaient tenues de faire des actes positifs de recherche d'emploi (3.843.100 y compris Dom), dont 2.543.100 étaient sans emploi (catégorie A) et 1.082.500 exerçaient une activité réduite courte ou longue (catégories B et C)" - Source Yahoo Finances
Définition des catégories par le Pôle Emploi (INSEE)
catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ;
catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois) ;
catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. de plus de 78 heures au cours du mois) ;
catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie…), sans emploi ;
catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés).
Très honnêtement, si un particulier surendetté allait voir des amis ou, un ou plusieurs banquiers pour leur emprunter de l'argent frais avec de tels projets, il ne fait nul doute que les réponses seraient dans l'ensemble négatives.
C'est probablement en en partant de ce principe, que Nadine Morano s'est personnellement occupé du surendettement ... des ménages, comme l'expliquait (entre autre) Le Figaro
NadineMorano veut tendre la main aux familles en difficulté. La secrétaire d'Etat à la Famille a reçu, les représentants des grandes banques, de la Fédération bancaire française ainsi que de l'Union nationale des associations familiales. L'objectif : signer une charte soulignant l'engagement de ces différents acteurs à travailler en faveur d'un meilleur accompagnement des familles dans la gestion de leur budget.
Concrètement, les partenaires de la charte se sont engagés à «promouvoir l'éducation à la gestion du budget familial pour aider les familles à mieux gérer leurs obligations financières au quotidien, à mieux préparer le financement de leurs projets et à prévenir et anticiper leurs difficultés financières et le surendettement».
De quelle façon compte t-on promouvoir cet engagement ?
Cet engagement passera essentiellement par la promotion du site internet Monbudget.famille.gouv.fr , lancé par les pouvoirs publics et destiné à «offrir gratuitement aux familles des outils pratiques et concrets pour y voir clair dans leur budget».
Rien que ça !!!
Ce site propose une série d'outils afin d'aider les familles à bien gérer leur budget, via plusieurs rubriques thématiques. La rubrique «Je gère mon budget» offre ainsi à l'internaute un simulateur permettant d'équilibrer les recettes et les dépenses du foyer. L'onglet «Je gère mon argent» fournit les clés pour entretenir de bonnes relations avec son établissement bancaire, ainsi que des solutions de crédits pour éviter le surendettement. Des informations sur les démarches à effectuer en cas de chômage ou encore de déménagement sont également disponibles avec la rubrique «Je gère mes changements de vie». Les deux autres rubriques se composent de conseils pratiques, avec «Trucs et astuces» et «J'apporte ma contribution», un blog destiné aux usagers du site pour donner leurs avis et conseils sur les sujets abordés.
Interrogée sur la portée de ce nouveau projet social, Mme Morano a tenu à rappeler qu’ « on estime à plus de cinq millions le nombre de foyers surendettés en France et qui dit difficultés financières peut aussi dire perturbations graves dans la vie des familles » et que, le site internet monbudget.famille.gouv.fr , répond aux demandes « de nombreuses familles » de disposer d' "outils pour mieux les aider à refaire surface" ... / ... Source Débat Actualité française
Espérons que ces familles ait profité de leur période d'endettement pour s'acheter un ordinateur et une connexion à l'Internet !!!!
On reste au choix : Dubitatif, amusé ou enervé par cette seule réponse proposée aux famille sen difficultés économiques ! Débat Actualité Française pose d'ailleurs la question à ses lecteurs : "Est-elle la juste réponse d’un fort besoin d'assistance relatives aux informations claires et complètes qui se serait fait ressentir dans les ménages français ?"
Le Président et le gouvernement qui n'ont pas besoin de se rendre sur le Net pour apprendre à gérer nos finances, ont trouvé dans le lancement de ce nouveau service, l'occasion de de se foutre , une fois de plus, de la gueule des français mais cette fois-ci, à : "Très haut débit" ...
Mais puisque 17% de souscripteurs suffiront, semble t-il, à faire péter les bouchons de champagne à l'Elysée, à Matignon, dans les ministères et chez les titulaires du bouclier fiscal, "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes" !!!
Crédit illustration
Monbudget.famille.gouv.fr