Facebook est de loin, le plus gros hébergeur d’images, plus de 10 milliards de photos sont en ligne, engouement dû à la notoriété de ce réseau social, à la simplicité de l’interface de chargement des images et au système de tags qui permet d’identifier ses amis. A une époque où la communication devient rapide et brève, l’image joue un rôle crucial, elle se substitue au message lui-même. Avec quelques photos, un nombre incroyable d’informations sont communiquées : le gâteau d’anniversaire, les nombreux amis qui m’entourent, la joie qui se lit, la Seine en arrière-plan… Le message destiné à ma communauté est plus rapide que « une cinquantaine d’amis m’ont fait un anniversaire surprise hier. Nous étions sur un bateau de croisière sur la Seine, c’était très gai, nous nous sommes bien amusés… »
Se mettre en scène sur le Net, c’est aussi vouloir se rendre existant. Nous sommes loin des Cogito ergo sum, aujourd’hui j’existe si je suis dans un réseau social et si je me préoccupe de ma présentation en ligne. Match, Voici, Gala, Point de Vue, il y a peu de chance de faire la une des tabloïds ou d’être l’invité des plateaux télévisés, mais sur Facebook, je me venge, je fais mon autopromotion et pour revenir à Montaigne, « je suis moi-même le sujet de mon livre ». « Comme autrefois la photographie, Internet est le média des petits et des sans-grade, qui permet à ceux qui n'y ont pas droit d'accéder à une notoriété par définition usurpée. » remarque André Gunthert. Et, dans ce culte du Moi, cet exhibitionnisme frénétique, les Français excellent. Ce sont les plus grands pourvoyeurs de photos personnelles sur Facebook.