Ironman Nice : quel pied !

Publié le 29 juin 2009 par Pascal Boutreau

Des week-ends comme celui-ci, j’en redemande encore et encore. Deux jours plus que sympas à Nice pour couvrir l’Ironman de France. Soleil, chaleur, cadre plus que plaisant, rencontres plus que plaisantes, et ambiance… plus que plaisante of course... D'un point de vue purement sportif, du grand classique avec la quatrième victoire d'affilée de l'Espagnol Zamora devant une fois de plus Hervé Faure. A noter la confirmation du nouveau talent Simon Billeau, 3e. Dommage pour Olivier Marceau, en tête après le vélo mais un peu à la peine sur le marathon (5e au final). Chez les filles, on a bien cru assiter à la victoire de Christel Robin, 21 ans seulement, auteur d'un récital en vélo avec seulement 11' de plus que Zamora sur les 180 bornes et seulement 20' de plus que Marceau (meilleur chrono vélo). Mais pour ses débuts sur la distance, la Niçoise a connu quelques déboires sur le marathon et a dû se contenter du second rang. Mais je le rappelle, la demoiselle n'a que 21 ans... et si sa carrière est gérée intelligemment (c'est-à-dire si on ne la grille pas), il y a clairement un gros gros gros potentiel !

Mais l'Ironman, ce n'est évidemment pas que le haut niveau. Plein de félicitations d’abord. Avec dans l’ordre d’apparition au générique, Monsieur Croco, remarquable 23e, 4e de sa catégorie M30 et donc qualifié pour Hawaii (Alexandre Fambonne, 9h32’). Braziou, chapeau à toi. Même si ça s’est un peu gâté visiblement par la suite (1er tour trop rapide ?), tu avais sacrément belle allure quand je t’ai vu sur le marathon (Alain Ribaut, 12h08’, en orange sur la photo ci-dessous). Neil, mon camarade du Meudon Triathlon, qui malgré la douleur dans le dernier tour à pied est allé au bout de l’effort. Respect pour cette preuve d’humilité. Neil, tes deux filles et Agnès devaient être sacrément fières de toi à l’arrivée. Quant à sa Majesté The Queen, elle m’a prié de te transmettre ses félicitations et de te dire que tu était son sujet de la couronne préféré (Neil Hammond, 13h21’). Enfin, bravo à toi Gaël, autre camarade du Meudon Triathlon, et collègue de souffrance au printemps dernier sur le Marathon des Sables (Gaël Couturier, 14h20’).

Cette journée a comme d’habitude été la source de grandes émotions. Celle du départ, moment magique où 2500 gus plongent dans les eaux bleues de la Méditerranée. Celle d’entendre tous ces " allez papa " prononcés par des gamins pour qui papa est définitivement un héros. Celle de voir ces compagnes pleurer de joie de voir leur mari (femme) ou ami(e) franchir cette magique ligne d’arrivée. Celle aussi de tous ces regards pointés vers l’horizon, pointés vers l’objectif. Celle encore de tous ces cris de joie, de tous ces bras levés vers les cieux au moment de gravir le petit podium d’arrivée. Souvenirs souvenirs...

Ce dimanche, plutôt que de prendre un taxi pour aller à l’aéroport prendre mon avion, j’ai préféré parcourir les 7 kilomètres à pied en remontant la Promenade des Anglais, là, juste à côté de ces combattants de l’asphalte déjà au-delà des douze heures d’effort. Il y a un an, j’étais là, à leur place, les jambes aussi douloureuses que la plupart d’entre eux. Je sais combien un petit mot, un petit " allez, accroche-toi " peut être précieux dans ces instants où l’on se retrouve face à soi-même, face à ses limites. Avec Fabienne, qui m’a accompagné dans cette petite marche, on a ainsi pu partager quelques mètres avec un Toulonnais, accablé par une sucession d'ennuis mécaniques sur le vélo mais qui quelques minutes plus tard allait tout de même pouvoir boucler son dernier tour et premier Ironman. On a discuté avec Gaël, avec Neil, on leur a dit toute notre admiration. Quelques instants de partage. Pour eux, sans doute quelques moments à penser à autre chose qu'à la douleur.

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A part ça, j’ai aussi eu la satisfaction de caser plus d’un quart de page à la der du journal de dimanche (la dernière page a une exposition majeure). L’idée du papier était d’apporter des réponses aux idées reçues sur l’Ironman. En voici, la version complète avec également le papier complément sur Olivier Marceau. Avec en plus le plaisir d'un petit clin d'oeil dans le titre du gros papier à l'aventure meudonnaise 2008... (voir photo)... Et bonne surprise aussi avec un espace plus que décent pour le traitement de la course en elle-même dans L'Equipe de ce lundi... Pour un tueur de club de triathlon, pas mécontent...

Si rude, so Nice !

Le Triathlon de Nice est une des courses les plus prisées mais aussi l’une des plus redoutées. Immersion entre mystère, fascination et fantasmes.

NICE – de notre envoyé spécial,

Un peu plus de huit heures pour les premiers, près du double pour les derniers. Ce matin, ils seront près de 2500 à plonger dans la Méditerranée pour 3,8km de natation. Tous enfourcheront ensuite leur vélo pour 180km sur les routes pentues de l’arrière pays niçois. Ne leur restera plus ensuite qu’un marathon, 42,195km, huit interminables lignes droites de 5,2km sur la Promenade des Anglais avant de pouvoir enfin admirer cette médaille de finisher, symbole d’admission dans la famille des " hommes de fer ". Apparu en 1978 à Hawaii, la distance Ironman est l’effort ultime du triathlon. Un effort qui depuis toujours véhicule de nombreuses idées reçues et alimentent quelques fantasmes.

Des surhommes et des dingues ! FAUX.

L’énoncé des distances auprès du grand public provoque généralement une mine dubitative. Même si certains n’hésite pas à se faire mousser la médaille autour du cou, pas besoin pourtant d’être un surhomme pour devenir Ironman. Un bon entraînement (entre 12 et 25 heures par semaine) et beaucoup de mental suffisent. " Pouvoir boucler un Ironman n’a vraiment rien de surhumain, confirme Patrick Vernay, meilleur spécialiste français de la distance. On est bien loin des images chocs du temps de la célèbre arrivée d’une concurrente féminine qui avait passé la ligne d’arrivée de Hawaï en rampant. Les techniques d’entraînement ont évolué. " Ni surhomme donc mais pas de cinglés non plus. " Il n’y a pas besoin d’être fou pour s’engager de façon aussi intense, explique Gilbert Avanzini, spécialiste de la préparation mentale à l’INSEP. Il y a juste derrière ça une volonté de se prouver et de prouver. Mais c’est le cas pour tout le haut niveau quelle que soit la discipline. Du ping pong au triathlon, le haut niveau engendre des douleurs très fortes et nécessite une volonté de résister à des efforts qui peuvent paraître extrêmes. "

Tous dopés ! FAUX

Boucler un Ironman à haut niveau de performance ne nécessite évidemment pas d’avoir recours au dopage. Même si très peu d’athlètes ont été contrôlés positifs ces dernières années, pas question toutefois d’être naïf. Car la première explication à cette quasi " virginité " réside d’abord dans l’absence d’une réelle politique antidopage. Aujourd’hui, à l’arrivée, les vainqueurs ne seront pas forcément contrôlés. La seule obligation de l’organisateur est de prévoir de quoi effectuer le contrôle mais sa décision et sa réalisation dépend de la Direction Jeunesse et Sport. Meilleur Français sur ce type d’effort, Patrick Vernay, soumis en tant qu’athlète de haut niveau à l’obligation de fournir les éléments pour être toujours localisable (il n’a jamais été contrôlé à l’entraînement), témoigne : " J’ai gagné quatre fois en Australie pour trois contrôles antidopage, urinaires seulement. J’ai également été contrôlé en Corée lors de mes victoires mais à Hawaï, jamais. L’organisation affirme pourtant contrôler les 10 premiers hommes et femmes. J’ai terminé deux fois 10e et une fois 6e et même pas un petit pipi. Je m’efforce donc d’être naïf. Pas vu, pas pris mais je suis néanmoins presque sûr que ma sixième place vaut sans doute un podium. " En Allemagne, après plusieurs cas positifs, les pros sont désormais soumis des contrôles très réguliers. Depuis, les Allemands se sont fait beaucoup plus discrets dans les palmarès…

Mauvais pour la santé VRAI ET FAUX

" Un Ironman couru comme une aventure et un défi personnel n’est pas forcément mauvais, explique Philippe Le Van, médecin du sport au service médical de l’INSEP. Pratiqué de façon extrême, le sport peut toutefois être mauvais. Il faut donc savoir être raisonnable dans une pratique qui peut paraître déraisonnable. Il y a des étapes à franchir avant de se lancer sur de telles distances. Mieux vaut avoir un passé. Car l’épuisement quand il est extrême peut engendrer un " burn out " dont on met alors plusieurs mois à s’en remettre. "

Nice le plus beau VRAI.

Près de 2500 concurrents (dont 8% de femmes et 58% d’étrangers venus de 60 pays) âgés de 19 à 70 ans (38 ans en moyenne), des inscriptions closes depuis le 11 février malgré le tarif élevé (350 euros), autant de signes évidents de l’attrait de l’Ironman France devenu l’un des plus gros événements triathlon au monde. Labellisée Ironman en 2005 (*) après une longue période sous l’égide de la Fédération française, " Nice " a gardé tout son pouvoir d’attraction sur le format extrême. La difficulté de son parcours vélo avec notamment les vingt kilomètres d’ascension du col de l’Ecre et surtout la beauté de l’arrière pays niçois ont perpétué le mythe.

(*) : Même s’il est entré dans le langage populaire, Ironman est une marque. Vingt épreuves dans le monde portent ce label et permettent de décrocher une qualification pour l’Ironman d’Hawaii, finale mondiale du circuit en octobre. D’autres courses non labellisées, peuvent néanmoins se disputer sur le même format.

Marceau voit plus grand

Si l’Espagnol Marcel Zamora, triple vainqueur sur la promenade des Anglais (2006, 2007, 2008), Hervé Faure, lauréat en 2005, ou encore l’Argentin Oscar Galindez s’affichent comme les principaux favoris, le public aura une attention particulière pour Olivier Marceau (36 ans). Seul champion du monde français sur la distance olympique (1500m de natation, 40km de vélo, 10km à pied), en 2000, à Perth (Australie), le sociétaire de Saint-Raphaël qui court depuis 2003 sous les couleurs suisses (il a la double nationalité) aura son mot à dire. " Nice, c’est un mythe, confie-t-il. C’est le Hawaii français. " Huitième en 8h59’ après une grosse défaillance sur le marathon, lors de sa première expérience sur la distance, en avril dernier en Afrique du Sud, Marceau a considérablement augmenté ses volumes d’entraînement. " C’est presque deux sports différents, explique-t-il pour comparer à la distance olympique. Ce n’est ni le même entraînement, ni la même philosophie ni la même approche psychologique. Il y a un monde d’écart. J’ai fait entre 25 et 30 heures par semaine pour environ 400km de vélo, 90km à pied et un peu moins de 10km de natation. "

Lassé des épreuves de Coupe du monde souvent monotones, Marceau qui reviendra néanmoins sur le format court après Nice (" même si ça sera dur, j’aimerais être à Londres en 2012 pour mes quatrièmes Jeux ") a retrouvé le plaisir. " J’aime ce côté individuel où tu te retrouves face à toi-même avec une grosse gestion de l’effort. Tout est toujours possible. Contrairement aux Coupes du monde, tu ne peux pas perdre une course parce que tu as eu du mal à mettre ta chaussure à la transition. Il y a finalement moins de stress. Beaucoup plus d’émotion en revanche quand tu te retrouves au départ avec près de 3000 personnes autour de toi et que le soleil se lève. C’est juste… magique. "

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Quel plaisir également de vous annoncer le titre européen d'Amélie Cazé en pentathlon moderne. Double championne du monde, Amélie, qui n'a que 24 ans, ne parvenait pas à briller lors du rendez-vous continental. C'est désormais chose faite pour cette prof de sport avec une véritable démonstration. Bravo Amélie ! (pour rappel, au cas où... le pentathlon moderne c'est l'enchaînement dans la journée d'épreuves d'escrime, natation, équitation et d'un combiné tir course à pied sur le modèle biathlon en ski)