Après la surprise de l'édition 2005 du tournoi des 6 Nations, le Pays de Galles était un peu retombé dans l'anonymat. Gavin Henson, héros et révélation du Grand Chelem, a connu blessures et déboires liés à son nouveau statut de star du pays. Shane Williams, autre arme fatale galloise, a trop souvent voulu sauver son équipe à lui tout seul. Et puis la charnière Peel-Jones a perdu en vivacité, en lucidité et efficacité. Un avenir plus terne se profilait alors pour cette génération extraordinaire qui se reposait sur son unique coup d'éclat.
Et quel coup d'éclat! Le jeu du Pays de Galles pendant le tournoi des 6 Nations 2005 est l'un des plus beaux rugby que l'on ait eu l'occasion de voir ces dix dernières années. Leur fougue, leur technique, leur vitesse avaient fait de cette équipe un véritable ouragan offensif. Henson et Jones régalaient les amateurs de jeu au pied pendant que Shane Williams, Peel et Shanklin se chargaient de déchirer les rideaux défensifs adverses.
On a retrouvé l'état d'esprit et les qualités techniques des "Dragons" la semaine dernière face à l'Angleterre. Mais entre 2005 et aujourd'hui, un homme est venu redonner espoir au rugby gallois: James Hook. Le joueur des Ospreys, âgé de 22 ans, a connu ses premières sélections en fin 2006 et s'est imposé l'année dernière comme un leader du XV du poireau. Outre son nom ("crochet" en français) qui semble le prédestiner au rugby, sa technique impeccable balle en main, son jeu au pied efficace et surtout ses feintes ravageuses font de lui un joueur aussi décisif qu'élégant. Capable de jouer au centre ou à l'ouverture, il a relégué Stephen Jones sur le banc.
L'éclosion de Philipps, demi de mêlée au physique de 3ème ligne, a aussi remis en cause une charnière Peel-Jones éprouvée. Avec ces deux innovations majeures et le retour de Gavin Henson en premier centre titulaire, Warren Gatland créé une concurrence qui manquait jusqu'alors. Il se dote aussi d'une ligne d'arrière, rapide et technique capable de toutes les folies. Le technicien utilise toutes les forces existantes pour reconstruire une grande équipe. Difficile de savoir si la série actuelle (victoire historique contre l'Angleterre à Wembley 26-16 et 30-15 contre l'Écosse) va durer mais au moins le Pays de Galles a retrouvé, son état d'esprit, ses ambitions et une partie de son jeu de 2005.
Au moment où Gatland dépoussière une équipe de Galles qui commence déjà à faire peur, le staff de l'équipe de France réinstaure lui aussi le jeu comme objectif principal. Avec Hook, Williams, Henson, Clerc, Rougerie, Heymans, Traille, il risque donc de passer des "TGV" pendant le Pays de Galles-France qui se déroulera au Millenium Sadium. Cette rencontre, programmée pour la dernière journée du tournoi, pourrait en être la finale si les deux équipes se retrouvaient alors invaincues...