Finalement, qu’est-ce qu’une religion ? De quoi est-elle faite ?
- D’un corpus de croyances qui, renouant avec les récits mythiques des sociétés traditionnelles, comporte un certain nombre d’invraisemblances de tous ordres, du moins pour un esprit rationnel, devant être acceptées comme telles, et qui sont susceptibles de plusieurs niveaux de lecture dans des démarches ésotériques plus ou moins acceptées par les tenants du dogme. Dans une certaine mesure, les systèmes de croyances mythiques des sociétés premières, même si elles ne sont généralement pas reconnues comme “religion”, peuvent y être assimilées.
- Toutes prennent appui sur les angoisses inhérentes à la condition humaine et au premier chef la mort, la maladie, les catastrophes. Les morts des sociétés traditionnelles deviennent “esprits”, ceux des religions monothéistes auront doit à la vie éternelle ou aux houries du paradis d’Allah, à moins qu’une métempsychose permettent des réincarnations.
- Toutes sont contraignantes: aux interdits, tabous et rituels des sociétés traditionnelles correspondent les interdits alimentaires chrétiens, musulmans et juifs, les commandements évangéliques, les messes et prières obligatoires, les tenues vestimentaires, les comportements sexuels…, qui envahissent tous les domaines de la vie. Les transgressions de ces contraintes mènent à l’enfer et à la damnation, à la maladie, voire sont censées expliquer, si elles sont massives, les épidémies et autres catastrophes.
- Toutes les religions admettent des pouvoirs supérieurs capables de miracles ou d’ensorcèlements. Pouvoirs qu’il faut adorer, auxquels il faut se soumettre et s’abandonner. Le “Tout puissant” des chrétiens et des musulmans renvoie aux pouvoirs des esprits des ancêtres (grands ou petits) des sociétés premières.
- Dans une étymologie contreversée, une religion permet “de lire” les mêmes textes ou “relie” des fidèles entre eux, qui se reconnaissent alors par leurs pratiques des mêmes rituels, et dont les croyances se renforcent dès lors par leurs interactions.
- Une religion, du moins si elle réussit et dépasse le stade de secte, se fond généralement dans une société et une /des cultures dont elle “occupe” y compris les institutions, du moins à ses débuts, jusqu’à ce qu’un désir d’émancipation sépare les masses des censeurs. Durkheim disait qu’une religion, c’est une société qui se légitime et s’auto-adore.
- Il n’y a pas de “religion” sans “intermédiaires” terrestres. Au chaman des sociétés premières correspond l’appareil centralisé de l’Eglise catholique ou des ayatollah chiites ou ceux, plus décentralisés des protestants, juifs et autres musulmans. Ce sont ces “intermédiaires” auto-proclamés qui, de fait, confisquent et appliquent les pouvoirs du “tout puissant”.
- Une religion suppose, du moins pour une partie de ses adeptes, une expérience spirituelle souvent réelle: ressenti intérieur, extase, éveil, … qui donne sens à leur vie et qui n’est pas compatible avec une démarche intellectuelle rationnelle. Ce qui explique l’impossibilité du dialogue entre croyants et incroyants
Les questions qui se posent alors sont de trois ordres:
- Les religions sont-elles compatibles avec des sociétés développées qui privilégient toujours plus la rationalité et l’humanisme ?
- Comment expliquer alors le renouveau des intégrismes, des sectes, gourous, coach et autres charlatanismes ?
- Manquerait-il alors à la laïcité une dimension spirituelle qui serait indispensable pour combler les angoisses existentielles?
Pouvez-vous m’aider à y répondre?
- Le NPA redevient LCR. Le Monde.
- Sociologie et économie. Blog Monde en question.