L’an II est arrivé. Une très grande joie m’anime en commençant la rédaction de ce billet.
La vie d’un blog est tellement éphémère que lorsque l’on rempile pour une nouvelle année, la nécessité de faire un plein de calories s’impose. Pas de bilan cette année, j’en ai déjà réalisé un en début d’année. Par contre, des remerciements adressés à tous les lecteurs de ce site, tous les intervenants, et aux sites qui nous font découvrir des livres comme Babelio, Michel Lafon, Chez-les-filles. Ne vous méprenez pas, la majorité des ouvrages présentés sont payés de ma poche. Pour le reste rendons à César ce qui est à César. Un grand big up à toute la famille de blogueurs tant de lecture que celle touchant à l’Afrique qui passe par ici, m’intégrant ainsi dans la grande famille du Web.
Après, cette séance de dédicaces, j’ai à cœur d’apporter ma vision sur la lecture et de sa nécessité. Je réponds ainsi à l’interpellation de l’homme éméché de Champigny : Mon frère, pourquoi lis-tu ?
J’ai lu avec intérêt nombre de vos interventions sur la question. Je ne ferai pas de synthèse et comme promis j’éviterai toute forme de plagiat même si la tentation est grande vu les convergences d'opinion.
La première idée qui m’est venue était d’expliquer à mon frère de Champigny, le plaisir que me procure la lecture d’un bon roman. Pour moi qui passe mon temps à lire dans le RER, échapper à la longueur d’un trajet quotidien est une opportunité inestimable. 1 heure minimum. Je ne me pète pas les tympans à écouter un MP3, je m’évade quand mon train patine, prend des secondes, des minutes de retard et que les sautes d’humeur se font de plus en plus entendre dans la rame. Je vais au Congo, à Antigua, au Salvador et, le temps d’une légère dissipation, je retrouve les paysages franciliens. Je m'évade.
La seconde idée est celle de la rencontre. Avec le désir d’écouter ce que l’autre propose. Ce qu’il a expérimenté. Ce qu’il a observé. Le lecteur écoute, analyse parfois, comprend sans forcement accepter. Lire un livre, c’est s’immiscer dans l’univers d’autrui, dans le dédale de ses pensées, les errements de sa conception du monde. A ce sujet, j’aime le point de vue de Fatou Diome exprimé aux rencontres d’encre et d’exil de Beaubourg en décembre dernier : « l’écriture est le temps du huis clos entre moi et le lecteur, temps où je pourrais exprimer mon point de vue dans sa globalité ». Je paraphrase. Le marginal qu’est souvent l’écrivain, l’incompris peut ainsi pousser son cri, faire entendre sa différence, mettre en scène son indifférence, sans être interrompu. Il peut également saouler son lecteur. A lui de bien mener sa barque. Cette rencontre se réalise avec des contemporains, mais également avec des hommes et des femmes d'autres siècles. Quelle opportunité!
La difficulté que j’ai eue avec mon frère de Champigny, c’est le refus d’échanger, d’entendre mon point de vue. Seule sa vérité, son expérience comptait. Or il me semble que la lecture est un temps où on reconnaît que l’autre peut nous apporter quelque chose. Pourquoi ne pas se nourrir d’une autre expérience pour ne pas reproduire les mêmes erreurs ? Ce que notre humanité répète incessamment sous des formes différentes, mais sur le fond, si on lisait plus, il y aurait moins de guerre, moins d’inceste, moins de violences, moins de divorces et ça se saurait. Permettez-moi de rire.
La lecture n’est pas seulement un temps d’altruisme, un temps où le lecteur donne à l’auteur et à son texte l’occasion d’exister. Il y a une part égoïste qui se réjouit sur le style d’une lettre, le plaisir d’une belle formule, la recherche d’un indice, d’une clé pour comprendre un auteur, un échange de bons procédés qui échappe au non-lecteur. Les joies du lecteur sont multiples. Je pense vous avoir traduit les miennes. La liste n’est cependant pas exhaustive.
Cher ami de Champigny, peut-être lirez-vous un jour cet article. Vous m’avez filé du fil à retordre. Peut-être que ces quelques mots vous satisferont
Bien à vous !