Parce que cette Histoire a été réappropriée dans la construction du nationalisme serbe dans les années 1990. De l'Histoire à une histoire (sans majuscule). Réappropriée, transformée et mythifiée. Dans les faits, aux côtés du Prince Lazare se trouvait une majorité de Serbes, mais également des Bulgares, des Valaques... et des Albanais ! Du côté du sultan ottoman, bien évidemment les soldats turcs, mais également des mercenaires balkaniques : des Albanais, tout comme des Serbes ! Dans la version mythifiée : tous les Serbes ont résisté contre l'envahisseur ottoman (cela ne vous rappelle pas une bande dessinée - à fortes connotations critiques de la société française moderne - pour qui un village gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur romain, "surfant" sur une histoire de la Gaule simplifiée), alors que les Albanais se sont rangés aux côtés de l'Empire ottoman. Dans le mythe également, la conversion des Albanais (à l'origine catholique) à l'Islam fut rapide et s'est étendu à l'ensemble des territoires habités par cette populations, les discours nationalistes serbes reprochant ainsi l'arrivisme des Albanais. Dans les faits, l'islamisation fut très longue et partielle : dans les montagnes du Kosovo (on connaît l'importance des montagnes comme zone refuge !), les populations albanaises sont encore aujourd'hui catholiques (on en parle peu, présentant souvent - avec bien trop de rapidité analytique et un simplisme s'appuyant sur des thèses telles celle du "choc des civilisations").
L'identité est un facteur crisogène très important, et la manipulation de l'Histoire par des discours politisés est un moyen bien connu pour attiser des tensions intercommunautaires, sur des fonds de rivalités de pouvoir.